Le bâtiment est impressionnant. Avec son look futuriste, il sort de la végétation de plus en plus envahissante. Abandonné depuis des lustres, il pourrait revivre un jour ou l’autre. Mais plusieurs projets de réhabilitation ont échoué.

Le préventorium de Dolhain finira-t-il pas sortir de l’oubli ?

 

C’est un des spots urbex les plus connus de Belgique. Il faut dire qu’avec ses toitures arrondies, ses terrasses multiples et son antique camion de pompier Magirus-Deutz déglingué, il a de quoi attirer les passionnés.

Le camion a disparu depuis quelques années déjà et le bâtiment a commencé une cure de jouvence, retardée, puis interrompue, par le Covid et les inondations. Posé le long de la Vesdre, le préventorium a dû en subir la furie lors de cet été 2021 de funeste mémoire.

Début de l’histoire dans l’après-guerre

Juste après la guerre 40-45, les services de la Province de Liège décident la construction d’un préventorium. Le but est de permettre aux enfants présentant des symptômes de la tuberculose de profiter de soins adaptés dans un cadre bucolique.

La construction de cet immense immeuble de 9 800 m² a débuté en 1948 et s’est achevée en 1956. Huit longues années de travaux pour offrir 150 lits aux enfants malades. Des cuisines, un réfectoire, des salles de jeu, des classes et de grandes terrasses pouvant accueillir les chaises longues et permettre aux malades de respirer à pleins poumons le bon air des Fagnes. Le style architectural est spectaculaire et assez unique.

Dès l’entrée principale du bâtiment, un réfectoire, des salles de classes et des salles de jeu. La durée des séjours des patients est importante (jusqu’à trois mois), il n’était pas question de les laisser aller à l’oisiveté.

Préventoriuml archives (1)
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Une chapelle était également aménagée. Il y avait quatre dortoirs par étage, de 21 lits chacun. Ces étages et dortoirs étaient bordés de longues terrasses pour permettre aux patients de profiter du grand air et du soleil, propices à leur guérison.

Au sous-sol : une pharmacie, une salle de rayons X, des locaux médicaux et une salle de soins.

Le préventorium est construit sur un terrain appartenant à une riche famille liégeoise qui en avait fait don à la Province de Liège. La villa juste à côté était occupée par le médecin en chef, le docteur Lecoq.

Le traitement apporté aux malades était quelque peu différent de celui d’un sanatorium, comme celui tout proche de Borgoumont, que nous vous avons déjà présenté dans cette série . Ici, les enfants étaient soignés dès l’apparition des premiers symptômes.

WEBDOC Patrimoine oublié de Wallonie - Le préventorium de Dolhain (Limbourg) © Jacques Duchateau
WEBDOC Patrimoine oublié de Wallonie - Le préventorium de Dolhain (Limbourg) © Jacques Duchateau

Fermeture définitive

Alors qu’elle est encore la principale maladie mortelle dans de nombreux pays (en particulier en Asie), la tuberculose a fini par disparaître de nos contrées. Le préventorium n’avait donc plus de raison d’être. Fermé en 1979, puis abandonné, il a été l’objet de nombreuses visites d’explorateurs urbains. Plusieurs projets de réhabilitation, autant qu’il y eut de propriétaires du site, ont été envisagés : centre d’hébergement pour personnes handicapées, projet immobilier … Ils ont tous été rejetés ou avortés.

Mais l’un d’eux permet de garder un infime espoir de revoir un jour les lieux revivre.

WEBDOC Patrimoine oublié de Wallonie - Le préventorium de Dolhain (Limbourg) © Jacques Duchateau
WEBDOC Patrimoine oublié de Wallonie - Le préventorium de Dolhain (Limbourg) © Jacques Duchateau
WEBDOC Patrimoine oublié de Wallonie - Le préventorium de Dolhain (Limbourg) © Jacques Duchateau

58 appartements à venir

Ce projet de réhabilitation du préventorium de Dolhain par la société Gehlen Immo ne date pas d’hier. Un panneau posé contre une barrière Heras, à proximité du site, annonce la fin des travaux pour 2020. Nous voilà déjà en 2023. La structure du bâtiment a été mise à nu. Le béton et les briques dévoilent les entrailles du monstre. Mais il faudra encore de longs mois de travaux pour lui redonner vie.

Projet immo préventorium (2)
Projet immo préventorium (3)

Laurent Goblet est le CEO de Gehlen Immo. « Avec les inondations, nous avons perdu un peu de temps et nous avons dû revoir notre projet. Même si l’eau n’a pas atteint le bâtiment. » Il faut dire aussi, que le projet initial prévoyait des appartements de 200 m². « C’était dû à la structure même du bâtiment. Nous avons travaillé avec l’administration, le cabinet Collignon, pour adapter le projet. Nous avons réduit la surface des appartements, rentré à l’intérieur escaliers et ascenseurs. Et nous avons abandonné l’idée de piscine et centre wellness. Il y aura finalement 58 appartements, des locaux pour des professions libérales (cabinets médicaux, par exemple) et une salle polyvalente et conviviale. »

Une nouvelle demande de permis est en cours. Le promoteur attend le feu vert pour relancer le chantier.

« Les travaux devraient durer environ 18 mois. On espère avoir fini pour fin de l’année 2024. »

Cinquante-huit familles pourraient donc bien s’installer d’ici moins de deux ans dans ce bout de campagne, un peu perdu entre Verviers et Liège. Mais pas isolé pour autant. Un Ravel, la Vesdrienne, devrait voir le jour le long de la Vesdre, pour relier Liège à Eupen. Verviers et le centre de Dohlain ne sont pas si loin.

Avec un peu de temps, ce coin des Fagnes va retrouver vie. Contrairement à d’autres sites, celui-ci ne sera pas promis à la disparition.

Un document réalisé par 

Textes et photos : Jacques Duchateau, sauf archives, capture d’écran Google et plans 3D Gehlen Immo.

Développeur : Cédric Dussart