Au bout d’un chemin qui longe la Lesse, le chemin de la Reine, le promeneur découvre une curieuse construction circulaire, surmontée d’une tour.
C’est la gare royale de Houyet.
Le roi Léopold Ier avait découvert, dans ses parcours de chasse, ce site exceptionnel de Houyet. Sur la colline qui surplombe la vallée, le regard se perd à des dizaines de km à la ronde. Un site qui avait séduit le souverain. Il y construisit un pavillon de chasse sous la forme d’une tour.
En 1874, Léopold II y fit construire un immense château, à la hauteur de ses ambitions européennes. C’est l’architecte Balat qui œuvra à sa réalisation. Le roi y reçut l’aristocratie et les familles princières de toute l’Europe. Le château était entouré d’un parc à l’anglaise, d’un golf et de dépendances.
Étienne Marot est échevin du Patrimoine, à Houyet. Il nous raconte l’évolution de ce lieu exceptionnel, jusqu’à sa disparition.
« Léopold II se déplaçait partout en Europe dans un train royal. Il avait donc fait construire ici une gare privative. Que l’on appelle toujours « la gare royale » ou « la halte royale ». C’est le principal vestige de ce domaine. »
Lorsque l’on découvre cette curieuse construction, qui borde encore la ligne Athus-Meuse, on est frappé par son faste : créneaux, moellons de calcaire et une forme circulaire qui étonne.
« Il faut se replonger à l’époque, la fin du XIXe siècle. Il n’y avait pas encore d’automobile, les transports se faisaient en train ou en calèche tirée par des chevaux. Les passagers amorçaient la remontée de la falaise en prenant ce parcours circulaire pour rejoindre un chemin en lacets qui gravissait les 150 m de dénivellation pour atteindre le château. »
Cette petite gare est toujours entretenue a minima par la Donation royale, propriétaire des lieux. « Ce bâtiment présente un certain attrait, on pourrait imaginer y organiser des événements culturels et en faire un atout touristique pour notre commune. La qualité du lieu et son acoustique pourraient permettre d’y organiser des concerts », nous explique, enthousiaste, Étienne Marot.
Malheureusement, actuellement, elle est plutôt le lieu de rave partys clandestines et un spot reconnu des urbexeurs.
Un château exceptionnel
Tout en haut de la colline, on peut encore retrouver quelques vestiges du château de Lépold II, appelé « le château d’Ardenne ».
À la disparition du roi bâtisseur, le château a connu diverses affectations. La plus étonnante fut un sanatorium, à la fin de la Première Guerre mondiale, qui accueillait des soldats du Commonwealth atteints de la grippe espagnole. Dans les années 20, il fut transformé en hôtel très haut de gamme, exploité par la Compagnie des Wagons-lits. L’un des plus prestigieux hôtels d’Europe.
Mais après la crise des années 30, le modèle économique n’était plus tenable. L’hôtel fut fermé en 1950 et le château fut peu à peu délaissé. Il était toujours entretenu par la Donation royale, qui était bien en peine de lui trouver une nouvelle affectation.
Fin des années 60, des travaux ont été entrepris sur les toitures. Un incendie s’est déclaré. L’isolement et le manque d’eau, ainsi qu’un service incendie réduit, n’ont pas permis de lutter contre les flammes. Il a brûlé pendant 4 jours.
Les ruines ont été rasées. Il subsiste quelques vestiges : une chapelle, des dépendances, un belvédère. Et une tour qui accueille le club de golf.
Avec Noisy, Houyet a perdu deux superbes châteaux, tous deux détruits. Il lui reste l’attrait de cette superbe région pour ravir les promeneurs et touristes qui s’y aventurent.