Villers-le-Temple, le village le plus festif de tous

Depuis toujours, Villers-le-Temple a la réputation d’être un village de joyeux guindailleurs. On reste d’ailleurs Villersois de génération en génération.

Jojo Halleux fait partie de ces belles et grandes familles bien ancrées dans la vie de Villers-le-Temple, petit village à Nandrin, non loin de ses voisins scrytois et stratois.

« Nous étions une grande famille de fermier, nous étions 10 enfants, raconte Joseph Halleux, âgé désormais de 81 ans. On habitait à Clémodeau, dans une grande ferme. On s’y plaisait très bien, on était entouré d’amis. On allait danser au bal de l’AJAP, Association de la jeunesse agricole qui s’organisait dans les différentes salles du village. Puis on est redescendu au château de Yernée.»

La vie associative des Halleux et des grandes familles fermières de l’époque, elle tournait beaucoup autour de la vie agricole, puis de la messe. «On organisait souvent des fêtes à la ferme, quatre à cinq fois l’année. C’était des surprises party, comme on appelait ça à l’époque. Des soirées dansantes avec les parents qui surveillaient du coin de l’œil. À côté de ça, il y avait l’incontournable fête de la moisson où l’on invitait les employés saisonniers à célébrer les dernières charrées de paille.»

Villers en autarcie

La route du Condroz, depuis toujours, constituait une vraie barrière entre Nandrin et Villers-le-Temple.

À l’époque, la rue de la Tourette, celle qui descend de la place de Villers vers Outrelouxhe, était l’artère principale où s’enchaînaient, petits commerces et cafés. «Il y avait un centre de bien-être, une librairie, un barbier, un coiffeur, un marchand de chaussures, des épiceries et même un restaurant», énumère Jojo. La maison communale était située non loin de là, à la place de l’école communale actuelle.

Villers, c’était donc comme un petit village de Schtroumpfs dont les habitants sont très vite devenus une grande famille au sens propre et figuré. « De mémoire, les Villersois ont toujours été très festifs», rit Jojo Halleux.

Aller boire un verre après le travail dans les champs ou à l’usine, c’était le loisir de tous, et ce ne sont pas les cafés qui manquaient. «Il y avait l’actuel café des sports, qui a été tenu par près de six personnes depuis sa création. »

Encore actuellement, d’ailleurs, Sandrine, la gérante, et son café est le lieu de retrouvailles de bon nombre de Villersois qui n’ont plus envie d’attendre la fête du village.

«Après la messe, il y avait la fricassée», se souvient-il encore. Plus généralement, il doit bien avouer que les fêtes chrétiennes étaient l’occasion d’aller boire un verre après, ne fût-ce que pour digérer l’hostie.

Tous les Villersois se souviennent également des jeux de quilles et des représentations théâtrales à «E mon Davin», en face de la Commanderie.

Les comités des fêtes, les animations et les activités étaient nombreux pour sortir les gens de chez eux. «Tous les enfants et petits-enfants qui ont vécu à Villers et ont dû quitter le village espèrent un jour y revenir.»

Bien avant d’aller danser au Monastère, le Villersois n’aurait quitté pour rien au monde son petit village.

Légende photo: Le centre de Villers, c’était la place et la rue de la Tourette où étaient situés tous les commerces du village.

« On vidait sa goutte partout »

Même s’il y avait beaucoup plus de cafés à l’époque, toutes les occasions et les endroits étaient bons pour boire un petit coup.

«Ma maman tenait une épicerie rue Clémodeau », se souvient Louis Delrée, un autre vétéran du village très au fait de la vie festive de l’époque. Le soir, quelle que soit l’occasion, on venait danser chez moi et vider sa goutte. C’était café partout, même si on n’avait pas les autorisations pour, l’occasion de se rencontrer, puis ça faisait rentrer de l’argent», sourit-il.

Le quartier de Clémodeau avait lui aussi son petit centre d’activités et les bals et les guinguettes de la fête de quartier restent, pour Louis et ses voisins, des joyeux souvenirs. «On se connaissait de génération en génération. Les hommes se retrouvaient pour jouer aux couillons ou à la belote au bistro t.» À Villers, on faisait aussi souvent des jeux d’argent. C’était le début de la «bizawe», l’ancêtre du flipper, un jeu qui a souvent vidé les portefeuilles des uns et des autres. « J’en connais qui venait à la fête avec leurs tartines pour grignoter un bout à 4 h du mat après tous ces jeux», rit-il encore.

Outre la fête du village et les quelques pièces de théâtre et fanfare, les Villersois avaient l’occasion de se voir au football, le RSC Templiers, un club qui a beaucoup bougé sur la commune à l’époque. «Ça drainait pas mal de monde, même les femmes venaient voir les matches, qu’elles aient ou pas un mari ou un enfant qui jouait. C’était l’occasion de se rencontrer. » Vers 1974 a été créé le tennis qui a également rassemblé beaucoup de Villersois, ne fût-ce qu’autour d’un verre à la buvette.