À Hannut, Paul et Mady, scouts pour toujours

Paul et Mady se sont rencontrés grâceaux mouvements de jeunesse. Une activité très en vogue pour les jeunes à Hannut.

«Mon totem, c’était Sanglier sensible. Je suis scout dans l’âme. j’ai même failli rater mes études avec les mouvements de jeunesse», sourit Paul, désormais âgé de 84 ans. Des mouvements de jeunesse, il y en avait pour tous les goûts sur Hannut, plutôt catholique, plutôt rouge, peu importe, et c’était ce qui faisait bouger les jeunes à l’époque dans la ville. « Quand les scouts défilaient avec des trompettes, les autres défilaient avec des tambours», raconte-t-il, amusé. Les uns étaient sur la rue Albert Ier, les autres sur la rue Zénobe Gramme. Pendant ses études d’instituteur, Paul était à l’internat à Jodoigne. « À la place d’étudier, je préparais le camp et les week-ends. On avait des réunions chaque semaine », se souvient-il.

C’est d’ailleurs grâce à des camps qu’ils animaient tous les deux que Mady et Paul se sont rencontrés. «On s’était déjà vus lors d’un mariage il y avait 10 ans, puis quand on s’est retrouvé ça a fait tilt. » Et ce n’est pas parce qu’il s’est marié que Paul a abandonné son passe-temps d’adolescent. «J’ai participé à beaucoup d’activités comme un camp d’aide aux enfants des prisonniers ou d’autres camps d’anciens.»

Dans son album photo, Paul a très consciencieusement noté ses souvenirs en dessous des photos dentelées. Sous une photo de retrouvailles d’anciens scouts, on peut donc lire… «Patrouille des corbeaux dont le cri était «corps toujours… BEAU! ».

L’église comme garde-fou

À part la fameuse foire aux cochons du lundi, ce qui rythmait principalement l’année à Hannut, c’était la messe, les fêtes des saints et les processions. «Après la messe, les jeunes allaient au patronage ou au scout. Le dimanche, les hommes allaient jouer au couillon, les femmes allaient chercher des petits pâtés chez Kinet. Je me souviens encore de leurs éclairs au chocolat et leur cornet glacé… »

Les mouvements de jeunesse, c’était aussi l’occasion pour le curé d’empêcher les jeunes d’aller au cinéma qu’il considérait nocif pour ces têtes blondes. « Il y avait pourtant trois cinémas sur Hannut. Cela ne nous empêchait pas d’enchaîner les séances dans un puis l’autre cinéma toute l’après-midi… Des fois, nous allions même jusque Huy pour la dernière séance à 22 h!»

Saint-Christophe et les bals

La fête de Saint-Jacques et encore plus la fête de Saint-Christophe était des retrouvailles immanquables pour les Hannutois. « Je me souviens très bien du gymkhana, c’était un jeu automobile que nous avions fait en tant que jeunes mariés. Nous devions faire des épreuves en voiture, comme des manœuvres sans toucher des bassines pleines d’eau, ou encore rester sur une bascule à l’équilibre pendant 10 secondes

Beaucoup de bals étaient organisés en ce temps-là, même si Paul doit bien avouer ne pas aimer danser. «C’était l’occasion de se retrouver en famille avant d’y aller. On buvait l’apéro puis on descendait les dames avec leur longue robe jusqu’à la salle avant d’aller garer la voiture dans une grange en sécurité. Puis il fallait revenir à pied… Moi, j’accompagnais mes frère et sœur puis je me contentais de regarder par la lucarne… » Parfois, les festivités ne se terminaient que pour la messe de 5 h où les joyeux lurons allaient sans rechigner, comme pour essuyer leurs péchés nocturnes.

Après s’être marié, le couple a vécu 18 ans à Hannut. Avant de retourner dans le village natal de Mady à Abolens…

Bien avant de regarder ses séries en streaming, Hannut brossait les scouts pour aller au cinéma.

Légende photo : la vie de Paul, alias Sanglier sensible, a toujours été rythmée par les activités scoutes.

À Abolens, les plaisirs de la ferme

Mady vient d’Abolens. Dans son petit village non loin de Hannut, les enfants, souvent fils de fermier, s’amusaient de rien.

«De tous les coins de la terre, c’est Abolens que je préfère!» Dans la salle Honneur et Patrie, la seule du petit village, résonne encore ce refrain composé par les villageois eux-mêmes, célébrant leur bonheur simple, vivant en quasi autarcie, fort de leurs vaches, leurs poules et leurs céréales qu’ils élevaient et cultivaient tous. Deux petites épiceries fournissaient les quelques centaines d’habitants – et quelques cafés abreuvaient ces maris harassés par leur journée de travail. «Honneur et Patrie», c’était le cœur même d’Abolens où se jouaient pièces de théâtre en wallon, sketchs et orchestre. «Quand la pièce était finie, on bougeait les chaises et on dansait », sourit Mady. Mady vient d’une famille de cinq enfants. Ses temps libres, ils étaient souvent rythmés par la famille et les promenades dans les champs entre enfants voisins. «Il n’y avait qu’une école et un seul maître pour 40 enfants. Forcément, on connaissait tout le monde»

Cela n’empêchait pas Abolens d’être connu au-delà de ses frontières. « Il y avait beaucoup de colombophiles à Abolens. Ils allaient jusqu’à la gare de Hannut apporter leurs pigeons», raconte-t-elle. Puis il y avait la fameuse Farnibol, une danse folklorique qui était portée de village en village par des danseurs vêtus d’un boléro rouge et d’un chemisier blanc. Créée par le prêtre Grégoire, c’était une façon d’amener la fête dans les villages où rien ne se passait. Ce qu’ils étaient bien, à Abolens.

Légende de la photo : toutes les activités d’Abolens tournaient autour de la salle «Honneur et Patrie» où on jouait, dansait et chantait.