Hamoir, paradis musical et station balnéaire
Hamoir il y a près de 50 ans, c’était beaucoup de musique, des salles, des cinés et des cafés. Le paradis sur terre pour les jeunes d’antan.
«Je suis né dans le petit village de Xhoris, raconte Michel Flamaxhe (70 ans). Mon père était fermier là-bas, nous y sommes restés jusqu’à mes 13 ans. Ensuite, nous avons repris la ferme rue Es Thier à Hamoir. J’ai, depuis lors, toujours vécu à Hamoir.»
C’est là que quelques années plus tard, lors d’une répétition de la chorale Sainte-Cécile, Michel a jeté son dévolu sur sa future épouse, Juliette. «Aller à la messe, c’était une façon de se rencontrer entre jeunes », sourit Michel Flamaxhe. Plus généralement, le Cercle paroissial, appelé «Le Foyer», quelques années plus tard, situé juste en face de l’école communale, c’était la maison des jeunes de l’époque. «On s’y retrouvait deux fois semaines, surtout le week-end, pour jouer au ping-pong ou au billard. Mais il y avait aussi la salle communale ‘’La Royale’’, en face du tennis, où on jouait au foot et au basket.»
Et quand il s‘agissait de flirter plus effrontément, rien de mieux qu’une séance au Kursall, rue de la gare, l’incontournable cinéma de Hamoir. Car avant d’épouser sa bien-aimée à 25 ans, Michel était très au fait des sorties pour les jeunes gens de son âge dans la région. «Ce n’est pas des dancings ni des bars qu’il manquait à l’époque. Il y avait bien 12 ou 13 bistrots en 1965. Quant au dancing, entre le Néblon à Ouffet, la Lanterne à Marche, le Ranch à Somme-Leuze ou l’Eurotube à Fairon, on ne savait où donner de la tête ». Lui et ses amis y allaient en vélomoteur, c’était le bon temps…
L’immanquable festival de jazz
Entre 1959 et 1966, the place to be pour la jeunesse de l’époque, c’était sans conteste le festival de jazz de Comblain-la-Tour où toute la jeunesse se déplaçait. l’événement attirait 15 000 personnes par an. «Il y avait toujours une vedette, Petula Clark, Adamo, Hugues Aufray,…. Je me souviens d’avoir vu Roger Moore alias Simon Templar déguisé en gendarme pour sortir des coulisses, c’était la folie.»
L’oreille musicale de Michel vibre encore aux sonorités du «Boléro nostalgique» d’Edgard Philippin, «c’était une vraie star de la région à l’époque». Bien avant de jouer à Pokemon Go, Hamoir chantait et dansait à tout heure.
L’Ourthe, les campings et le train
Dès les années 30, grâce à son charme et à l’existence de sa gare, Hamoir est devenue une destination très prisée pour les habitants du Nord comme du Sud de la Belgique pour le week-end.
« Entre 1965 et 1966, nous avons accueilli 6 317 nuitées dans les trois campings de l’époque, lit Michel dans les archives du Syndicat qu’il a récupérées lorsqu’il a fondé l’office du tourisme en 1999. Ça, sans compter les nuits dans les auberges!»
Le syndicat d’initiative gérait les campings et le site des bains situé près du complexe sportif. «Il y avait un plongeoir et beaucoup de nageurs à l’époque.C’était aussi un endroit où les jeunes se retrouvaient le week-end. Maintenant, c’est devenu le débarcadère des kayaks.» Car le cadre enchanteur de Hamoir n’enthousiasmait pas que les touristes. «À cette époque, les Hamoiriens ont créé «Les amis de l’Ourthe», une société de pêche qui fonctionnait très bien à l’époque, tout comme aujourd’hui. On allait pêcher sur le bord de l’Ourthe avec ses parents et grands-parents. En 1966, un rallye touristique a également été organisé par l’écurie Ourthe Néblon dans la région. Ils ont eu plus de 115 nouveaux membres en un mois! On y participait avec des copains, c’était la mode à l’époque. Je me souviens qu’on se réunissait au café des sports et que l’entrée était un volant d’une Alpha Roméo!»
L’enthousiasme de la télévision
«Je me souviendrai toujours de la première émission que j’ai regardée quand nous avons eu la télévision… C’était du catch. Dès que je rentrais de l’école, je ne manquais jamais aucun combat.»
En 1967, la folie télévisée s’abat sur les Hamoiriens: l’un des leurs a remporté l’émission «Visa pour le monde», et on ne parle que de ça dans les rues du centre. « C’était le dimanche après-midi sur la RTB, c’était la seule chaîne que nous avions. Plusieurs candidats devaient répondre à des questions de culture générale. Et en fonction de leur bonne réponse, ils gagnaient un billet d’avion pour le pays à propos duquel ils avaient bien répondu. Et c’est un Hamoirien qui a gagné cette année-là. Puis un deuxième en 1970. »
Quelques années plus tôt, Hamoir avait été désignée pour recevoir le tirage de la loterie coloniale. «C’était une vraie fierté pour nous, tous les notables étaient présents ».