Foot et Kermesse pour Fernand à Strée

Elles étaient belles, les années d’enfance de Fernand Mossoux et des jeunes de Strée. Une jeunesse dorée dont il a la nostalgie…

 

« On jouait dans la nature. On grimpait dans les arbres, on faisait des cabanes. Il y avait un érable majestueux avec des branches assez basses… On se lançait des défis avec les copains pour celui qui allait le plus haut ». C’est un guilleret sourire qui se dessine sur le visage de cet homme désormais âgé de 80 ans. Aujourd’hui, Fernand Mossoux a listé toutes ces petits bonheurs de l’époque et dans les yeux de cet ancien instituteur brille une douce nostalgie. « Evidemment, on jouait aussi au foot dans la prairie aux Trixhes. On avait des vieilles chaussures pour ne pas que nos nouvelles s’abîment contre le ballon en cuir épais. J’ai atterri très vite dans le club de Strée où j’ai joué aussi bien en tant que défenseur ou attaquant jusqu’il y a encore quelques années. »
L’incontournable fête du village
C’était en octobre, il faisait déjà froid, mais rien ne gâchait le plaisir des Stratois qui attendaient avec impatience la kermesse du village rue du Centre – désormais appelée Bois Rosine. « On réunissait toute la famille pour qui on faisait de la tarte au riz ou au corin de prunes. Puis on allait à la fête tous ensemble. » La fête durait plusieurs jours et le comité était très attentifs à ce que toutes les tranches de la population s’y retrouve. « Le samedi, on passait chez les pensionnés avec des gâteaux. Les enfants du village recevait des tickets gratuits pour aller sur les carrousels. Le soir, il y avait un bal qui se terminait aux petites heures… Mais je n’y allais jamais, j’avais foot le dimanche ! Le lundi était réservé aux mariés de l’année et à la famille. Nous avions congé à l’école pour participer aux jeux populaires. Le mardi c’était le bal des vieux », rit-il. Parfois les Stratois passaient à la fête des Gottes un mois plus tôt. « Il y avait une grande course cycliste qui rassemblait beaucoup de gens de la région. Moi, j’allais supporter les copains. »
Fernand se souvient aussi des cinémas ambulants de l’époque. « On allait à la salle Bois Rosine pour regarder Laurel et Hardy. Là-bas, il y jouait aussi souvent des pièces de théâtre en wallon et des opérettes. Mon père était souffleur, mon oncle comédien. La salle était systématiquement comble. »

Papoter chez le bourrelier
Tous les jours après l’école, Fernand passait chez son ami Sylvain le bourrelier. « Son métier consistait à concevoir les licous pour les chevaux de trait. Chez lui, ça sentait bon le cuir… » Plusieurs chômeurs se donnaient rendez-vous là-bas pour papoter autour du poêle à bois. Fernand avait à peine 10 ans, mais ces souvenirs-là restent gravés dans sa mémoire, à coté des soirées d’été qu’ils passaient avec ses voisins à jouer aux bouchons jusqu’au coucher du soleil dans le jardin. Des petites joies quotidiennes au cœur de la rue des Trixhes.
Bien avant de réserver ses vacances sur internet, Strée profitait de l’engouement des comités de son village.

Légende photo : entre son métier d’instituteur et son sport favori, Fernand Mossoux ne s’est jamais lassé de son petit village.

La fanfare à toutes les occasions

Une des grandes fiertés de Strée, c’était sa fanfare. Une trentaine de musiciens qui étaient là pour animer chaque occasion.

«Le samedi, c’était le jour de la répétition de la fanfare. Mon père, mon oncle, mon cousin, tous allaient y jouer. Elle s’appelait la Lyre condrusienne, le chef d’orchestre, c’était notre professeur de musique. J’allais souvent les écouter. Même si, à force, ça devenait un peu lassant», rit Fernand.

Une sortie immanquable de la fanfare, c’était la fête de la moisson. «Tout le monde venait aider le fermier qui était le dernier à récolter ses champs. On décorait la dernière charrée de gerbes de la saison et les chevaux qui la tiraient. Le comité des fêtes avait également prévu d’autres chars qui représentaient différents métiers que l’on mettait ainsi à l’honneur. Il y avait des joueurs d’accordéon sur les chars, la fanfare suivait et les gens sortaient de chez eux pour suivre le cortège. On se retrouvait sur la place du village ou dans la cour d’une ferme et on buvait du péket», sourit-il.

La fanfare, elle était là aussi lors de fêtes catholiques, entre autres, la Procession. « Les maisons étaient décorées de draps blancs, les jeunes filles lançaient des pétales de fleur sur le passage du cortège dans le village. »

Pas étonnant que cette fameuse fanfare stratoise ait fait plusieurs concours à l’époque…

Légende de la photo : plusieurs personnes de la famille Mossoux participaient à cette fameuse fanfare qui avait bonne réputation dans la région

Les carriers chez Adèle et Alphonse

Les parents de Jean-Marie Danthinne tenaient l’épicerie et la boulangerie de Vierset. Ils étaient au cœur du village et au cœur des potins.

« Les carriers remontaient après leur journée de travail se réchauffer devant les fours de mon père et en profitaient pour lui raconter toutes leurs histoires », se rappelle Jean-Marie Danthinne. Il aidait alors son papa à l’atelier. « Un d’entre eux nous expliquait qu’il remplissait son thermos de péket afin d’y tremper sa tartine. D’autres nous avouaient avoir déjà utilisé tout leur salaire de la quinzaine aux cafés le long de la route dans la vallée du Hoyoux… Des cafés où de jolies jeunes filles les accueillaient souvent également pour les délasser de leur dure journée de travail dans les carrières… »

Adèle, la maman de Jean-Marie, était très sensible aux malheurs de ces hommes à qui elle faisait souvent crédit. « C’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré mon épouse, rit Jean-Marie. Sa famille, une famille d’immigrés italiens, était très pauvre lorsqu’elle est arrivée sur Vierset-Barse. Son nom était inscrit dans le fameux cahier de maman. Elle habitait quelques maisons en bas de chez moi… Elle est venue me voir au football des années plus tard. C’est ainsi que nous avons commencé à courtiser. »

L’impressionnant château de Vierset

La procession, peu importe que l’on soit croyant ou pas, personne ne la manquait à Vierset. « C’était l’occasion de rentrer dans la cour du château », sourit Jean-Marie. La fanfare y jouait et se promenait dans le village. « Tous les 500 mètres, on les accueillait avec un petit verre de péket. Quand ils revenaient sur la place, ce qu’on entendait au début et à la fin n’était plus la même chose. c’était faux de chez faux ! », rit-il. Plus tard, le château a été repris par une association flamande qui organisait des camps de vacances pour ses jeunes. « Cela faisait de l’animation dans le village. Les garçons lorgnaient à travers les grilles pour apercevoir de jolies Flamandes. » La boulangerie Danthinne était également mise à contribution. « Il n’y avait pas au château un four suffisamment grand qui permettait de cuire leur pain et leurs gâteaux. Alors on les aidait… »

L’incontournable manège de la kermesse

Le deuxième dimanche du mois d’octobre, c’était la fête au village. « Tout le monde voulait aller sur le fameux manège qui s’y trouvait chaque année. Un beau manège avec des chevaux en bois. Par contre, le forain ne venait que si la fête durait deux week-ends, car ça lui prenait trop longtemps de tout monter… Alors notre kermesse s’est organisée sur deux semaines. »

Bien avant d’aller faire ses courses au Proxy Delhaize, Vierset dégustait la tarte au riz des Danthinne en y racontant ses aventures.

Légende de la photo : Alphonse, le père de Jean-Marie, aidé par son épouse et ses enfants ont tenu leur boulangerie jusqu’en 2005.