A Celles-en-Hainaut, la crise du Coronavirus a exacerbé les tensions entre les partenaires de la majorité. Précipitant une nouvelle alliance et propulsant Michaël Busine, de président de CPAS à bourgmestre.

“La crise sanitaire que nous traversons est, comme dans les couples, révélatrice des mésententes qu’il peut exister entre les membres d’un même ménage, d’une même majorité”, écrivait notre collègue Stéphane Diricq en introduction d’un compte-rendu du conseil communal de Celles. En cette fin mai, la Belgique déconfine mais dans l’entité de Wallonie picarde, la distanciation physique est plus que jamais la norme. La première vague est à peine passée que dans les coulisses de la politique locale celloise, c’est une situation de crise: les jours d’Yves Willlaert (PS) à la tête de la commune sont comptés. Michaël Busine (MR), le président de CPAS est à la manœuvre et une nouvelle majorité va se dessiner au début des vacances estivales.

”Ce ne fut pas un choix facile mais nous avions besoin d’une majorité communale beaucoup plus forte”

En ce mois de février 2021, Michaël Busine confirme l’analyse de notre collègue:  “Il y avait une divergence de vue sur la gestion de la pandémie en mars. Mais, surtout, le Covid a accéléré la rupture. Ce ne fut pas un choix facile mais nous avions besoin d’une majorité communale beaucoup plus forte. ”

Renverser un bourgmestre en pleine crise Covid, la situation n’est pas la plus “vendeuse” auprès de la population. “Je peux entendre les critiques. Mais clairement, il y avait une gestion quotidienne de la Commune qui n’existait plus, on n’avait plus de majorité.” Le Covid n’aurait finalement fait que précipiter un renversement qui semblait inéluctable.

“Nous, on ne peut pas s’endetter”

La nouvelle équipe a rapidement mis en place une commission post-Covid de 13 personnes regroupant des élus locaux, des représentants de l’Horeca, des commerces…  “Tout le monde était d’accord pour dire que les chèques covid n’auraient pas atteint l’objectif d’aider ceux qui ont perdu de l’argent pendant cette crise Covid.  Les chèques auraient été utilisés dans les commerces locaux” mais le premier confinement a justement eu un impact positif sur eux: les gens sont revenus vers les commerces de proximité.” L’enjeu de la commission locale est d’éviter de faire un choix “one-shot” et de lancer une nouvelle dynamique avec le tourisme pour moteur. “On a très peur de perdre les cafés et restaurants qui sont le tissu social.” Les objectifs sont à moyens et longs termes.

“Nous voulons avoir une aide financière la plus juste possible.” Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête: “Nous, on ne peut pas s’endetter. Ca part dans des milliards d’euros tant à la Région, qu’au Fédéral. Nous, si on s’endette, on risque d’être mis sous tutelle par la Région wallonne.” Avec une répercussion sur les services offerts par la Commune et une marge de manœuvre nulle.

Devoir parfois faire marche-arrière

 L’application des mesures décidées par le Fédéral et la Région sur le terrain n’est pas toujours évidente. Michaël Busine met en avant un trio : politique-administratif-police. L’application se porte ainsi sur l’ensemble de la zone de police, ce qui permet d’avoir une même ligne de conduite.

Face à l’interprétation des mesures, le bourgmestre de Celle estime que la “foire aux questions” (FAQ) mise en place par la Province du Hainaut est un outil précieux pour les bourgmestres. “Mais cette  FAQ arrive après l’arrêté ministériel. Il y a parfois dix jours durant lesquels on prend des dispositions en répondant aux personnes et finalement, quelques jours plus tard, on se rend compte qu’il y a une autre interprétation qui est faite. On doit alors faire marche-arrière. Il arrive aussi qu’on soit mis en porte-à-faux. ”

Michaël Busine se sent en équilibre sur un fil. “On doit appliquer des mesures sur des choix qu’on ne maîtrise pas, des choix qui ne correspondent pas nécessairement à la réalité du terrain.”

A quelques jours du début annoncé de la vaccination du grand public, le bourgmestre de Celles a d’ailleurs l’impression que l’histoire bégaie: “on nous annonce pour le mois de mars la vaccination pour les plus de 65 ans. Mais dans l’état des choses, aujourd’hui (22 février), je ne peux pas encore répondre aux gens qui me demandent quand ils pourront se faire vacciner. Et je ne peux pas dire comment cela va se passer, comment les habitants de Celles vont être transportés vers le centre de vaccination de Tournai. Nous allons essayer de mettre des choses en place avec des bénévoles et le taxi social. Mais, de nouveau, est-ce notre rôle ? On sent encore une fois une impréparation”.

Découvrez l’interview tac-au-tac de Michaël Busine: