Nous sommes dans le courant du mois de juillet. Le déconfinement est en marche partout en Belgique. Les transmigrants qui, pour la grande majorité, avaient pu être confinés chez les solidaires hébergeurs, ont repris leur périple pour tenter de rallier l’Angleterre, leur terre promise. Mais pas sans accrocs… C’est que, dans le même temps, à Waremme, l’aire d’autoroute à Bettincourt, le long de la E40, recommençait à grouiller de vie et redevenait, par là même, le théâtre de heurts entre migrants, transporteurs et autres bandes, comme c’est le cas depuis trois ans.

Entre le téton et le cœur

C’est dans la nuit du 16 juillet que tout a dégénéré, dans des circonstances qui demeurent encore troubles (comme souvent quand il s’agit des migrants). Un jeune transmigrant qui tentait sa chance a été poignardé hypothétiquement par un camionneur. Le malheureux est en vie mais a tout de même été touché à la poitrine, entre le téton et le cœur. Il avait été pris en charge par le CHU de Liège où il a été interrogé par les services de police. Son poumon a été perforé.

Une bagarre entre migrants ?

Selon le parquet de Liège, « cela lui a provoqué un pneumothorax. C’est une situation très complexe, on ne sait pas très bien ce qui s’est passé, informe Catherine Collignon, magistrate de presse. Tout peut faire penser que c’est le conducteur qui est responsable, mais rien n’est moins sûr quand on lit le procès-verbal ».

Y faisant référence, la magistrate évoque une bagarre entre migrants qui aurait dégénéré. « Rien, en tout cas, ne dit que c’est le conducteur qui a porté le coup de couteau au migrant. C’est sûr, quelque chose s’est passé mais les circonstances exactes sont encore troubles. » L’événement, en tout cas, est passé (quasi) inaperçu…

Le   chauffeur se serait défendu

Selon une source invoquant l’anonymat, le camionneur, immatriculé en Turquie, aurait entendu la présence de migrants dans son camion. C’est en cherchant à les évacuer que tout aurait dégénéré. « Il a été pris à partie par les migrants qui lui ont donné plusieurs coups. Le camionneur a alors répliqué pour se défendre. »

Selon cette même personne, « ça fait plus de trois ans que ça dure. Quasi chaque nuit, il se passe quelque chose à Waremme, Crisnée et Barchon ; des migrants tentent de monter dans des camions. Les autorités ne cherchent aucune solution. Je ne blâme pas les réfugiés, ce sont de pauvres gens, je ne voudrais pas leur vie. Je ne voudrais pas non plus être camionneur aujourd’hui. On s’étonne qu’il y ait de plus en plus d’accidents de camions, mais si les camionneurs n’arrivent plus à se reposer… »

La plateforme veille sur la victime

Humanitairement très impliquée dans cette crise migratoire, et tout particulièrement en Hesbaye, la plateforme citoyenne « Hesbaye, terre d’accueil » (profitant notamment d’un réseau de solidaires hébergeurs), s’est exprimée choquée par ce qu’il s’est passé sur l’aire de Bettincourt dans la nuit du 16 juillet.

Après son détour par l’hôpital, c’est l’association qui a pris en charge le jeune homme blessé. « Nous lui avons trouvé un avocat et nos médecins surveillent son dossier médical de près, informe le Lincentois Diego Dumont, fondateur de la plateforme. C’est un événement qui aurait pu finir de manière dramatique. On croise les doigts pour que ça ne se reproduise plus », même s’il n’y croit pas trop. « Tant que cette problématique n’est pas gérée par les instances fédérales ainsi que par la Région wallonne, cela arrivera encore. La situation ne va pas se régler d’elle-même si on ne gère pas le problème. Croire que demain sera mieux, c’est une fameuse erreur. Car tout cela va même s’amplifier.