Inondée en juillet l’été dernier, la famille Dillien n’a toujours pas retrouvé son toit. Pour Jessie, Sébastien et leurs quatre enfants, trop de questions restent sans réponse quant à leur avenir. Seront-ils contraints de retourner dans leur ancienne maison ?

 

Le 15 juillet, au cœur de Rochefort, toute la petite famille Dillien est profondément endormie quand, vers 4 h du matin, Jessie, la maman, est réveillée par le bruit de l’eau. « Je pensais que c’était le toit qui avait cédé, raconte-t-elle. En mettant les pieds par terre, je me suis rendu compte qu’on avait 20 cm d’eau tout autour de notre lit. »

Pour Jessie, Sébastien et les enfants, c’est le début d’une galère qui n’est, aujourd’hui, toujours pas terminée et qui va les voir déménager six fois dans la même année. « À la lampe du téléphone, nous avons réveillé les enfants pour aller les mettre en sécurité chez ma maman qui habite en face, mais n’a pas été inondée, raconte Jessie. Le temps de revenir pour tenter de sauver quelques affaires et il y avait un mètre 30 d’eau partout. Tout s’est passé en trente minutes. »

Quelques heures plus tôt pourtant, aucune alerte n’avait été émise. « Pas pour notre quartier en tout cas, précise Sébastien. On n’avait, de toute façon, jamais été inondé. Il n’y avait donc aucune raison de s’inquiéter. »

Juste les enfants et le chien

Dans la maison que les Dillien louent, tout ou presque a été détruit par l’eau. « On a juste su prendre les enfants et le chien », répète la maman.

Leur première nuit loin de chez eux, les six Dillien vont la passer à l’hôtel. « Parce qu’on ne savait pas où aller d’autre. On ne nous a rien proposé, ajoute encore Jessie. On n’a jamais vu personne dans notre rue. On s’est débrouillé. On peut comprendre qu’ils avaient d’autres priorités. »

Toujours sans nouvelle des autorités, les Dillien retournent dans leur maison dès le lendemain. « Sans pouvoir vraiment nettoyer puisqu’on devait de toute façon attendre le passage des experts », précise la maman. « On a fait de la place dans la chambre de notre fille à l’étage, la seule pièce qui n’a pas été touchée, ajoute de son côté Sébastien. On décide rester là tous les six, avec le reste de la maison plein de boue et avec les odeurs, les hydrocarbures, etc. Mais au bout de deux jours, on a tous commencé à être malade. Ce n’était pas sein. »

Une facture de 1100 euros

Un logement d’urgence est finalement trouvé pour toute la famille à quelques encablures de là. « On y reste 15 jours pour lesquels on a eu la mauvaise surprise de recevoir une facture de 1100 euros, s’étonne Sébastien. Alors qu’on ne nous a jamais rien dit, ni rien fait signer. »

« Cela reste notre solution de secours si on nous met dehors ici, mais après un tel traumatisme, les enfants ne veulent évidemment plus y retourner. »

C’est en plus un nouveau déménagement pour toute la petite famille. Direction une grande maison mise à disposition par une personne qui est à l’étranger. « Une grande maison, mais on n’est pas chez nous, pas dans nos affaires, glisse Jessie. Puis après trois mois, la cohabitation devient délicate avec les gens qui utilisent le lieu. On nous fait comprendre qu’il faut partir. »

C’est un nouveau retour à la case départ pour les Dillien, obligés de retourner dans la maison sinistrée, après avoir arraché les murs les plus humides de la bâtisse. Après une semaine, ils louent finalement un gîte puis arrive enfin la bonne nouvelle. Ils pourront disposer pendant quatre fois six mois d’une maison louée par Ardenne & Lesse sur les hauteurs de Wavreille.

Si la famille Dillien a enfin trouvé un toit provisoire, elle est loin d’avoir retrouvé la sérénité. « Parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, interroge le père. Que va-t-il se passer quand nous arriverons au bout des deux années ? Personne ne sait nous répondre. »

Et si dans l’autre maison les travaux ont enfin commencé, Sébastien et Jessie espèrent ne jamais devoir retourner là-bas. « Cela reste notre solution de secours si on nous met dehors ici, mais après un tel traumatisme, les enfants ne veulent évidemment plus y retourner. Mais nous n’aurons peut-être pas le choix. Dans la région, avec nos petits revenus, c’est impossible de louer un bien qui répond à nos besoins. Ça fait des années qu’on cherche autre chose », affirme Sébastien.

Chauffeur poids lourds, le père de famille est pour l’instant à l’arrêt. « Après un mois de chômage temporaire, j’ai repris le boulot, détaille le papa. Mais au mois de novembre, j’ai craqué. J’allais finir par faire une bêtise. »

Malgré tout, Sébastien Dillien tente de garder le sourire. « Les enfants râlaient parce qu’on n’avait pas de piscine, ils en ont eu une, sourit-il en traversant le jardin. Si on n’arrive pas à prendre ça avec un peu d’humour. Alors on n’avance pas. Je ne savais d’ailleurs pas qu’on pouvait pleurer autant. Il ne nous reste plus que ça. Désormais, on aspire qu’à une chose. Retrouver notre routine. Souvent les gens disent qu’ils en ont marre du métro, boulot, dodo. Nous, on ne demande que ça. »