Sauveurs, les pompiers ont aussi été victimes. Piégés dans leurs casernes, sauvés in extremis, toujours sans maison, en attente de nouveaux matériels, ils nous racontent.

En traversant la caserne des pompiers de Theux, l’espace de quelques secondes on s’arrête devant la porte qui mène au vestiaire. Oui, il faut bien passer à travers l’encadrement là où jusqu’à ce matin du mercredi 14 juillet 2021, une grande fenêtre séparait les deux espaces.

Près d’un an après les inondations qui ont frappé Theux, la caserne des pompiers, située le long de la Hoëgne en porte toujours les stigmates. Le pignon frappé par la rivière en furie reste balafré: porte vitrée éclatée, panneaux en bois pour calfeutrer, arête métallique pendante… Autant de traces qui laissent imaginer la force du courant et surtout sa rapidité.

Une vitesse qui a surpris tout le monde, y compris les pompiers.

Secouru par une chaîne humaine dans la caserne

Ce mercredi 14 juillet, il est 10h30 lorsque Philippe Lemaire, chef de poste venu voir s’il pouvait donner un coup de main, se rend dans un local situé à l’arrière de la caserne, le long de la Hoëgne. “J’allais chercher des bottes car il y avait une coulée d’eau devant la caserne. À ce moment-là, j’ai entendu un gros “boum” puis toute l’eau s’est engouffrée dans la caserne.” Une vague qui piège le sergent dans ce local, sans autre issue. Au même moment, des pompiers présents dans la caserne n’ont que le temps de monter sur le toit de véhicules pour se mettre à l’abri. La force du courant est telle qu’il déplace des camions et soulève même un véhicule dont le feu bitonal se met à fonctionner.

“Heureusement que j’avais mon téléphone, j’ai pu prévenir les mécaniciens qui étaient au premier étage.Ils sont venus me délivrer en faisant une chaîne humaine.”

Bloqués pendant 12 heures

Au total, 7 hommes se retrouvent piégés dans la caserne alors que la Hoëgne se déverse dans le centre de Theux. Ils devront y rester près de 12 heures. “Nous n’étions plus en danger mais frustrés de ne pas pouvoir aider les gens.”

Secouru par une chaîne humaine dans la caserne

Ce mercredi 14 juillet, il est 10h30 lorsque Philippe Lemaire, chef de poste venu voir s’il pouvait donner un coup de main, se rend dans un local situé à l’arrière de la caserne, le long de la Hoëgne. “J’allais chercher des bottes car il y avait une coulée d’eau devant la caserne. À ce moment-là, j’ai entendu un gros “boum” puis toute l’eau s’est engouffrée dans la caserne.” Une vague qui piège le sergent dans ce local, sans autre issue. Au même moment, des pompiers présents dans la caserne n’ont que le temps de monter sur le toit de véhicules pour se mettre à l’abri. La force du courant est telle qu’il déplace des camions et soulève même un véhicule dont le feu bitonal se met à fonctionner.

“Heureusement que j’avais mon téléphone, j’ai pu prévenir les mécaniciens qui étaient au premier étage.Ils sont venus me délivrer en faisant une chaîne humaine.”

Bloqués pendant 12 heures

Au total, 7 hommes se retrouvent piégés dans la caserne alors que la Hoëgne se déverse dans le centre de Theux. Ils devront y rester près de 12 heures. “Nous n’étions plus en danger mais frustrés de ne pas pouvoir aider les gens.”

C’est une tuile de plus pour les responsables de la zone de secours Vesdre-Hoëgne & Plateau. “Pour vous donner une idée de l’ampleur de nos interventions durant ces inondations: nous couvrons 19 communes et nous avons dû intervenir dans chacune d’entre elles. Au total, durant ces journées, nous avons comptabilisé 3900 appels et sur une année nous sommes en moyenne sur 5000 interventions”, nous raconte le major Frédéric Vaassen. Recevant, en pleine crise, des appels classiques telle cette personne demandant d’intervenir pour un nid de guêpes. Et d’autres bien plus angoissants comme cette personne à qui il ne restait plus que 45 minutes d’oxygène: “je vais mourir”.

30 pompiers de la zone en danger de mort

Au total, 185 pompiers sont intervenus sur les inondations. Et 30 d’entre eux se sont retrouvés à un moment donné “en danger de mort”. Un chiffre qui montre à lui seul l’ampleur de la catastrophe.

Catastrophe qui a aussi touché les pompiers eux-mêmes. “Un an plus tard, certains n’ont pas encore retrouvé leur maison”, souligne le major. Un traumatisme aussi psychologique pour ces hommes qui ont été appelés à intervenir en première ligne. Un suivi a d’ailleurs été mis en place: “Une réunion de débriefing à chaud a été organisée ainsi qu’un suivi. Certains ont encore du mal à passer le cap, c’est normal.”

En attente de matériel

Les inondations ont aussi laissé des traces au niveau du matériel: 11 véhicules de la zone ont été sinistrés. Un an plus tard, les pompiers ne disposent toujours pas de tout leur matériel. “On devrait avoir 8 nouveaux véhicules qui arriveront en septembre.” En attendant, les pompiers bénéficient de prêts d’autres zones (Wapi, Bruxelles, Luxembourg, Liège…).

Une autre façon de travailler

Inondations, feu de forêt… Les pompiers sont bien conscients que leur métier continue d’évoluer. “Ce n’est pas nouveau, on doit toujours s’adapter, comme par exemple avec la généralisation des panneaux solaires ou les maisons passives.” Mais les événements de juillet 2021 ont durablement marqué les esprits par leur ampleur. “Il y a une autre approche du risque.” Un groupe de travail a été mis en place pour repenser aussi bien les procédures que le matériel nécessaire (disposer de bateaux…)

Une caserne toujours pas protégée

Derrière la caserne, la Hoëgne s’écoule lentement derrière un remblais de pierre. C’est l’unique obstacle censé protéger le bâtiment à l’heure actuelle. Insuffisant, estiment les hommes sur place. “En décembre, lorsque les flots de la rivière ont été gonflés par de fortes pluies, la Hoëgne s’est à nouveau montrée menaçante, passant à travers la butte. “On a eu chaud”.

Et la zone de bricoler avec les moyens du bord: la caméra qui surveillait le parking (toujours inaccessible) est aujourd’hui braquée sur la rivière. En cas d’inondation, une procédure d’évacuation a ainsi été mise en place pour mettre les hommes et le matériel à l’abri. Une mince et fragile consolation à l’heure  actuelle.

Touchés par la solidarité

Au-delà du drame, un souvenir qui a marqué les pompiers est l’immense solidarité. “La caserne a été remise en état 5 jours après les inondations. Au plus fort, il y a eu jusqu’à 40 personnes, dont 10 pompiers, qui ont travaillé à tout remettre en état.Cette solidarité, des gens comme des autres zones de secours nous a touchés.”