En Tanzanie, Îles de Paix collabore avec plus de 1500 agriculteurs.  Rencontre avec deux exemples de réussite.

Le jour pointe à peine le bout de son nez dans la petite cour devant la maison de Florian Edito, mais la mécanique est visiblement bien rodée. Chaque membre de la famille connaît son rôle sur le bout des doigts. Après les différentes tâches ménagères et l’important brossage des dents, le petit dernier s’affaire à sortir les vaches et autres chèvres à quelques mètres de la maison, là où ont été déposées les grandes feuilles de maïs séchées de la dernière récolte. « Ici, rien ne se perd », sourit le père de la famille en montrant l’énorme stock de feuilles dont le prix de revente a été multiplié par cinq ces dernières années.

Plus loin, certains s’occupent de traire une vache, d’autres d’aller nourrir les cochons, alors qu’on allume déjà le feu qui servira à la préparation des différents repas.

Pas le temps de traîner, le maître des lieux nous amène déjà à l’arrière de la maison pour nous faire découvrir la petite pépinière dont ils s’occupent en famille. Encore tout petits, les centaines d’avocatiers, de citronniers, ou autres goyaviers sont copieusement arrosés grâce au réservoir d’eau. La chaleur du soleil commence doucement à se faire sentir. Ses arbres, Florian les mettra en vente dans quelques semaines sur les différents marchés de la région.

Après avoir été sélectionné sur base de ses motivations, le père de famille a rejoint le programme de formation des Îles de Paix en 2020. « Cela m’a surtout permis de développer mes activités, de ne plus miser sur un seul produit », explique Florian Edito. De quoi s’assurer de meilleurs revenus, mais surtout une sécurité en cas de pépin ou de coup dur dans l’une ou l’autre récolte.

Des projets, le père de famille et son épouse, qui tient un commerce de couture dans le village, en ont encore plein la tête. Désormais, les équipes des Îles de Paix espèrent voir Florian devenir un exemple pour ses voisins et partager son expérience. « Si le voisin  dit que ça marche, ça c’est le meilleur moyen de les convaincre, explique Ayesiga Bulewa, gestionnaire de programme pour les Îles de Paix en Tanzanie. On n’arrive pas avec des idées toutes faites, mais on leur fait des propositions. C’est à eux de choisir ce qui leur convient le mieux et de le mettre en place. »

Adili et ses cochons

Le petit élevage est un des autres axes de développement mis en avant par les Îles de Paix. Avant d’intégrer le programme, Adili Msangi et sa famille louaient une petite maison en ville. Désormais, ils possèdent leur propre maison, quelques hectares de plantations, un impressionnant réservoir d’eau de pluie et, surtout, plusieurs cochons. Le premier d’entre eux est arrivé dans la ferme grâce aux Îles de Paix. « Nous mettons ensuite en place une chaîne de solidarité, reprend Ayesiga Bulewa. C’est-à-dire que les premiers bébés devront être offerts à d’autres personnes du village. Désormais, nous continuons de suivre Adili et Florian, mais ils n’ont plus vraiment besoin de nous. »

Adil et Florian, des exemples de réussites

Désormais, le producteur n’est plus la seule cible

« Si tu donnes un poisson à un homme, il se nourrira une fois. Si tu lui apprends à pêcher, il se nourrira toute sa vie. » L’ONG Îles de Paix a longtemps fait de cette citation son leitmotiv. Si elle est évidemment toujours d’actualité en 2023, l’ONG belge a élargi son champ d’action, ne se contentant plus de travailler uniquement aux côtés des producteurs. « Nous avons désormais vraiment une approche holistique du système alimentaire, confirme Ludovic Joly. Cette idée nous donne l’opportunité de travailler avec d’autres acteurs. Il y a aussi ceux que nous appelons les consommateurs citoyens, des acteurs importants du système alimentaire, mais également avec les autorités locales et nationales. »

Îles de Paix collabore désormais également avec des restaurateurs et même des journalistes locaux. « On appuie en effet de petits restaurants pour qu’ils soient à même de promouvoir l’alimentation saine et responsable, confirme le directeur. Pour les seconds, l’idée est de les équiper en termes de connaissances sur les questions d’agro-écologie pour qu’ils soient capables de favoriser une opinion vis-à-vis des systèmes alimentaires durables. Tous ces acteurs ont un rôle important dans le système alimentaire. Pour nous, ce sont différentes portes d’entrée et différents alliés qui nous permettent d’engager cette transformation. »

Adil et Florian, des exemples de réussites
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