Sac jaune en bandoulière, écharpe autour du cou, Julie Chantry nous montre les projets envisagés par la Ville pour l’aménagement de la place du Centre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Une place qui, pour le moment, fait office de parking. Soudain, une dame s’arrête et vient trouver la bourgmestre: “Félicitations, je n’avais pas encore eu l’occasion de vous le dire.” Et cette habitante de repartir comme elle est venue. Un an après les élections, ce genre de félicitations n’est pas si rare, nous confie Julie Chantry: “On me le dit encore régulièrement, le fait que je sois une femme y contribue.”  (Vous pouvez cliquer ici pour vous rendre directement sur la vidéo questions-réponses)

La porte-fenêtre de son bureau à l’hôtel de ville s’ouvre sur un balcon qui domine le Douaire, espace où les voitures et les grandes surfaces sont reines. Voir “sa” ville de haut, ce n’est pas trop son truc, à la bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Julie Chantry veut privilégier avant tout le contact, le lien avec la population. “Nous insistons d’ailleurs sur le fait d’impliquer les gens, nous voulons développer l’axe participatif.” Mais la nouvelle bourgmestre d’Ottignies sait qu’elle n’a pas pris le chemin le plus facile: “Tout simplement parce que le fonctionnement des Communes n’a pas été pensé pour cela.” Pas de quoi décourager Julie Chantry car elle estime qu’elle répond à une demande: “À Ottignies-Louvain-la-neuve, nous avons une population qui est demandeuse de ces interactions.”

Pas de permanence

Pour le contact avec la population, la bourgmestre ne mise cependant pas sur les permanences. “ Tenir une permanence, cela induit que toutes les problématiques peuvent être exprimées au niveau de la bourgmestre. J’estime important de ne pas être une porte d’entrée sur toutes les thématiques du collège communal, ça pourrait être compliqué au niveau de la dynamique de l’équipe. Dans un premier temps, nous orientons vers les échevins, ils sont plus pointus dans leurs thématiques. Je ne vous cache pas que cette absence de permanence est pour moi un questionnement parce que je ne voudrais pas que les gens aient l’impression que je ne souhaite pas les recevoir. ”

À travers cette décision, Julie Chantry veut aussi casser l’image du bourgmestre omniscient.

Ottignies a beau être à plus de 80 km de Liège, la secousse Nethys a été ressentie jusqu’à la cité universitaire. “Je me suis déjà fait interpeller comme si j’étais corrompue. C’est un peu dur à titre personnel, un peu décourageant. Cela contribue à une espèce de désamour entre les citoyens et le monde politique. On part perdant mais à nous de démontrer qu’on est au service de la population. ”

La difficulté pointée par la bourgmestre est la lenteur administrative. “Quand on débarque, on a envie que les choses changent. La difficulté, c’est de pouvoir faire bouger les choses.

Et c’est compliqué d’amener de l’innovation, une autre façon de gérer une Commune, dans une cadre normé.”

Quand Julie Chantry a besoin de se créer une petite bulle, de s’isoler, elle retourne volontiers piocher dans sa collection de romans de Fred Vargas: “Lire Fred Vargas est ma petite cerise sur le gâteau quand je veux retrouver du plaisir. Je ne lis pas que ça mais j’ai besoin de lire, tous les soirs, quelques pages pour me sortir de ma journée et empêcher mon esprit de tourner trop.”

Marcher et surtout, passer du temps en famille

“La marche est un bon moment pour discuter, c’est très précieux. On le fait régulièrement avec mon compagnon, ça permet de faire le point. Mais je le fais aussi avec des amis, on se planifie parfois des petits-week-ends rien que pour ça.

Au quotidien, je fais beaucoup à pied ou à vélo. J’ai la chance d’habiter dans le centre d’Ottignies. J’estime que je dois être cohérente avec mes valeurs, j’essaie d’utiliser le moins possible notre véhicule personnel qui reste d’ailleurs la plupart du temps devant chez nous.”

“J’ai la chance d’avoir un compagnon qui a un peu levé le pied au niveau de ses activités pour pouvoir être plus présent au sein de la famille.”

En rencontrant une mère de famille qui vient de vivre sa première année comme bourgmestre, nous ne pouvions pas ne pas aborder le sujet de l’impact sur la vie familiale, comme nous l’a d’ailleurs confié  Alice Leeuwerck, bourgmestre de Comines-Warneton.

“J’ai la chance d’avoir un compagnon qui a un peu levé le pied au niveau de ses activités pour pouvoir être plus présent au sein de la famille. Je ne voulais pas que les enfants se retrouvent seuls à la maison après l’école, à se gérer jusqu’à l’heure du souper. Ce n’est pas un idéal pour moi. Ce sont des moments importants. Avant, en tant qu’échevine, j’avais déjà pas mal de réunions en soirée, mais j’essayais de dégager du temps aux alentours de 17h, jusqu’à début de ma réunion, pour avoir ces instants privilégiés avec mes enfants. C’est moins possible aujourd’hui mais mon compagnon est là. Les enfants en ont pris leur parti, mais ils ne me disent pas “on ne te voit plus jamais”. Je suis là le matin aussi, on tient au petit-déjeuner familial. Je crois qu’on a trouvé un équilibre. Il y a des moments plus chargés que d’autres, on est en plein dedans. Heureusement, les périodes de vacances scolaires sont beaucoup plus calmes. C’est presque du tout au tout. Ça permet vraiment de lever le pied et de passer du temps en famille. C’est nécessaire. ”

Découvrez l’interview tac au tac de Julie Chantry