Changer… un peu

Malgré son respect des traditions, le Japon d’aujourd’hui ne ressemble plus totalement à celui d’hier : « Sur l’île, les choses changent petit à petit. »

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yo ladies and gentleman… Yeah ! » Tous les jours, la même rengaine. Le salut à peine terminé, les judokas de l’université de Yamanashi s’échauffent au rythme des tubes locaux. Dans les oreilles, la sono crache un vieux morceau pop du groupe sud-coréen BTS. Sur le tapis, les Belges suivent le rythme d’une danse pour le moins inattendue.

« Ayo ladies and gentleman… Yeah ! » Tous les jours, la même rengaine. Le salut à peine terminé, les judokas de l’université de Yamanashi s’échauffent au rythme des tubes locaux. Dans les oreilles, la sono crache un vieux morceau pop du groupe sud-coréen BTS. Sur le tapis, les Belges suivent le rythme d’une danse pour le moins inattendue.

« Ça fait quelques années seulement qu’on voit les Japonais s’échauffer en musique sur le tatami. À l’époque où j’étais professionnel, dans les années 90-2000, c’était juste impensable ! » Désormais directeur de la cellule sportive de la Fédération francophone de judo, Cédric Taymans, vice-champion du monde en 2001, s’étonne toujours de voir à quel point les mentalités ont évolué sur l’archipel. « C’est la preuve qu’ils ne restent pas autocentrés et qu’ils s’ouvrent aussi peu à peu au monde. Ils évoluent constamment, comme en compétition finalement. Maintenant que la concurrence se fait de plus en plus forte, ils ont compris qu’ils devaient aussi regarder ce qui se fait autour d’eux pour s’en inspirer parfois, s’améliorer et continuer à dominer la discipline, mais toujours en conservant leur propre style. »

À l’instar de ses judokas qui ont donc adopté la musculation – « Il y a encore 20 ans, ce ne faisait pas du tout partie de leur priorité » – dans leur préparation, ou qui voyagent plus souvent à travers le monde afin de se perfectionner, la société nippone se réinvente tout en veillant à ne pas piétiner ses traditions.

De même qu’ils défient la nature en construisant des buildings toujours plus imposants, les Japonais ont ainsi trouvé dans l’innovation une bouffée d’oxygène aux contraintes (naturelles, historiques, sociales,…) qui leur sont imposées. Résultat des courses ? Leur high-tech a fait le tour du monde et leur créativité est souvent prise en exemple.

« Ça fait quelques années seulement qu’on voit les Japonais s’échauffer en musique sur le tatami. À l’époque où j’étais professionnel, dans les années 90-2000, c’était juste impensable ! » Désormais directeur de la cellule sportive de la Fédération francophone de judo, Cédric Taymans, vice-champion du monde en 2001, s’étonne toujours de voir à quel point les mentalités ont évolué sur l’archipel. « C’est la preuve qu’ils ne restent pas autocentrés et qu’ils s’ouvrent aussi peu à peu au monde. Ils évoluent constamment, comme en compétition finalement. Maintenant que la concurrence se fait de plus en plus forte, ils ont compris qu’ils devaient aussi regarder ce qui se fait autour d’eux pour s’en inspirer parfois, s’améliorer et continuer à dominer la discipline, mais toujours en conservant leur propre style. »

À l’instar de ses judokas qui ont donc adopté la musculation – « Il y a encore 20 ans, ce ne faisait pas du tout partie de leur priorité » – dans leur préparation, ou qui voyagent plus souvent à travers le monde afin de se perfectionner, la société nippone se réinvente tout en veillant à ne pas piétiner ses traditions.

De même qu’ils défient la nature en construisant des buildings toujours plus imposants, les Japonais ont ainsi trouvé dans l’innovation une bouffée d’oxygène aux contraintes (naturelles, historiques, sociales,…) qui leur sont imposées. Résultat des courses ? Leur high-tech a fait le tour du monde et leur créativité est souvent prise en exemple.

« En l’espace de 25 ans, j’ai vu cette société se transformer peu à peu tout en restant fidèles à ses valeurs, raconte encore Cédric Taymans. Bien sûr, d’autres pays ont aussi beaucoup évolué. Parfois plus encore… Mais ce qui est fort avec les Japonais, c’est qu’ils avancent toujours main dans la main. Quand il s’agit de s’adapter, ils le font efficacement, et tous ensemble, en essayant de ne laisser personne sur le bord de la route. Et ça, ce n’est pas le cas partout. »

Par volonté ou par nécessité, le Japon d’aujourd’hui n’est donc plus celui d’hier. Au point que certains en perdent leurs repères. Parmi eux, Gabriella Willems.

« Je sais que le Japon est très traditionnel mais j’ai l’impression que c’est un pays où tout peut aussi changer très vite. » Près de quatre ans après son premier stage nippon, la judoka liégeoise observe une nouvelle dynamique. Autour des coutumes séculaires, immuables, gravitent des tendances, parfois surprenantes. « Au niveau des voitures, par exemple, j’ai vues quelques grosses américaines dans les rues alors que je n’en avais presque pas vue il y a encore trois ans. J’ai aussi l’impression que les gens sont un peu plus expressifs qu’auparavant. À certains endroits de Tokyo, on sent qu’il y a quelque chose qui se passe, comme si quelque chose avait ou allait changer. »

Au cœur d’une société dont les paradoxes intriguent souvent, et perturbent parfois, Nicolas Wauters, le guide belge de la capitale, s’amuse de ses « petits bouleversements » du quotidien. C’est qu’au Japon, « même le changement est plus ou moins codifié ». « En clair, la grande majorité de ce qui peut paraître « anormal » ou « nouveau » pour les voyageurs n’est que le résultat d’un certain compromis. » Autrement dit, c’est parce que l’ensemble de la société l’accepte que des ados habillées en Sailor Moon peuvent déambuler dans Takeshita dori ou que des fans d’Elvis peuvent se donner en spectacle devant le Yoyogi Stadium.

Aussi conservateur qu’avant-gardiste, le Japon tente donc finalement de trouver la balance entre une identité singulière, où le groupe prime sur l’individu, et une volonté de se libérer de carcans parfois trop stricts. Un véritable dilemme.

Des codes
et
des valeurs

En quête
de
perfection

Stupeur
et
tremblements

Nature
et
paradoxes

Changer
un
peu