Chapitre 2 : La jeunesse en étendard

 « Jeunesse. L’âge du possible. »
(Ambrose Bierce, Le Dictionnaire du Diable)

Tandis que de nombreux parents commencent à affluer aux abords du terrain sis derrière l’école communale, les premiers enfants affublés de leur tunique couleur sang montent sur la pelouse, balle aux pieds.

Malgré quelques nuages qui se dessinent sur l’horizon, le soleil est de la partie et inonde de ses chauds et lumineux rayons les clinquantes infrastructures remises à neuf : l’herbe du terrain pourtant asséchée par la récente vague de chaleur demeure fraîche, tout comme les sodas et la bière récemment mis au frigo, tandis que crépitent un peu plus loin les braises d’un grand barbecue.

Pain-saucisse pour certains, orangeade pour d’autres, le tout couvert par les rires et hourras de plus en plus intenses de ces enfants qui tapent la balle au milieu du terrain. Ces enfants, ce sont les U6 et U7 du nouveau FC Bomal, ceux appelés à devenir les pionniers, si ce n’est les racines, d’un club cher déjà à ses fondateurs.

« On va vraiment se concentrer sur les U6 et U7 », détaille Patrick Bultot, ancien joueur intronisé coordinateur des équipes de jeunes. « On a aussi des U5. Ce sera juste un entraînement pour les petits qui aiment le foot, afin de commencer un peu de psychomotricité. Il y aura aussi des matches amicaux qui se feront. Dès cette année, le club va vivre avec les jeunes, ça c’est sûr. Les gens du village verront des jeunes à Bomal, ça oui ! »

Patrick Bultot, ici avec son fils, reprend du service, cette fois dans le costume de coordinateur des jeunes.

« Les fondations »

Il faut dire que la triste fin du précédent club a laissé des traces parmi les amoureux bomalois de football (lire chapitre 1). Suffisamment pour que ces derniers mettent l’accent sur ce qu’ils estiment, à juste titre, comme les fondements d’un club.

« Ah, ben, les jeunes, ce sont les fondations d’un club », assène Olivier Houard, lequel occupera le poste de président dans l’organigramme du nouveau club. « Cette année, on va avoir la base, avec des U6 et des U7 (NDLR : suite à l’officialisation tardive de sa licence, club n’a pu trouver suffisamment de joueurs pour inscrire une équipe U8 en championnat). Le but, c’est privilégier la jeunesse du village. Et puis, ensuite, nous voulons pouvoir progresser.

Le club a relancé dès cette année des équipes de U5, U6 et U7, en partenariat avec OHM..

Dans un milieu qui se globalise toujours davantage, à l’image du foot professionnel et de la planète entière, les mouvements entre clubs et transferts de joueurs sont devenus la norme au sein des équipes premières dans le foot provincial. Quel village peut s’enorgueillir aujourd’hui de présenter onze de ses gamins sur le terrain d’un match de l’équipe première locale un dimanche après-midi ?

Du côté de Bomal, on veut devenir, à terme, l’un de ceux-là !

« On espère bien sûr avoir des équipes d’âge dans chaque catégorie. Ça, ce serait le rêve de tout le monde », sourit Patrick Bultot. « Mais on se rend bien compte que ce n’est pas possible. D’ailleurs, maintenant, si on regarde tous les clubs autour de nous, plus personne ne sait faire ça tout seul. Or, on a la chance d’avoir ici tout près une école de foot, OHM (NDLR : pour Oppagne / Hotton-Melreux / Mormont). On tient vraiment à démarrer avec eux, parce que ce sera sérieux et qu’on pourra apporter à chaque enfant sa catégorie, son niveau. Il y en aura pour tout le monde : il y en a qui joueront en interprovinciaux, d’autres qui joueront en régionaux, il y a des enfants qui adorent s’entraîner, d’autres moins… Ici, tout le monde y trouvera son compte. Ça nous tient vraiment à cœur, parce qu’on a vraiment envie de montrer que Bomal veut vivre avec les jeunes. La jeunesse, on la veut vraiment ici sur nos terrains, car on ne l’a plus vue depuis très longtemps. »

Les jeunes, fondations du club sur la pelouse. Et aussi au bar ?

Réveiller le village

Au-delà de donner ainsi une couleur profondément locale à leur nouveau club, les enfants bomalois – et ceux des entités voisines affiliés au club – auront pour vocation de faire revivre le village. Au-delà du club, donc.

« On veut que le samedi matin, le club vive ! Qu’on voit qu’il y a de la vie avec les tous petits », s’enflamme Patrick Bultot. « On espère aussi voir – comme quand c’était nous sur le terrain – des plus anciens : des anciens joueurs et des anciens dirigeants qui vont venir voir ces gamins-là et qui prendront du bonheur à venir au football. »

Lors de la présentation officielle des équipes de jeunes, de nombreux parents et sympathisants avaient fait le déplacement.

Il faut dire que, d’ordinaire, la vie s’écoule paisiblement dans le petit village de Bomal, au rythme de l’Ourthe qui le traverse et des rares trains qui s’y arrêtent. Quelques commerces, deux axes principaux se croisant sous les fenêtres du petit castel local, une terrasse de café rarement inoccupée mais rarement bondée aussi : le quotidien semble parfois revêtir les aspects peu sexy d’un mortel ennui, à peine rompu par le bruit de véhicules traversant le village en direction tantôt de Barvaux, tantôt de Tohogne, de Juzaine ou de Logne.

Seuls les deux mois de vacances scolaires viennent perturber ce faux-rythme, à grand renfort de mobil-homes immatriculés aux Pays-Bas ou de touristes flamands venus « gravir » les « cols » ardennais, lunettes de soleil sur les yeux et bâtons de marche à la main.

La relève

Stationné sur le parking derrière l’un des deux buts du terrain principal, un couple d’Ostendais venus chercher le dépaysement dans la vallée de l’Ourthe s’affiche devant son mobil-home, assis sur des chaises pliantes, autour d’une petite table dressée pour l’apéro. Mâchouillant nonchalamment ce qui ressemble à un saucisson sec, l’homme suit d’un regard attentif, presque rêveur, ces gamins occupés à se dribbler les uns les autres, à se pousser et à shooter dans tous les sens.

« Hé ! Il y a peut-être le futur Eden Hazard parmi eux », sourit-il de son fort accent ouest-flamand au moment où nous croisons son regard.

Le futur Eden Hazard ? Peut-être… Qui sait ? En revanche, ce que l’on peut avec davantage de raison présager en voyant ces jeunes s’arracher sur le gazon pour le plaisir simple de « jouer au foot », c’est qu’il y a certainement parmi eux les futurs Olivier Houard ou Patrick Bultot : ceux qui, d’ici quelques années, reprendront à leur tour le flambeau allumé cet été par ces deux Bomalois et leurs amis.

Le club recherche encore des joueurs pour ses catégories de jeunes.

Contact et infos : 0477/66.21.42 (Patrick Bultot)