Chapitre 4 : Les copains d’abord

« Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue,
ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun,
c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé
et de vouloir en faire encore dans l’avenir. » (Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation ?)

Un nouveau matricule et un nouveau nom (lire le chapitre 1), de nouvelles couleurs et un nouveau blason (lire le chapitre 3) : il ne manquait qu’une dernière chose pour rendre vie au FC Bomal à l’orée de la saison nouvelle. Car si le projet repose avant tout sur la jeunesse du village et les gamins de Bomal (lire chapitre 2), il a fallu en catastrophe monter, en catastrophe, une équipe première digne de ce nom.

« C’est quand nous avons appris que le club de Durbuy allait sans doute disparaître (NDLR : soit fin mars 2020) qu’est venue l’idée de recréer un club, ici, à Bomal », explique Olivier Houard. « Mais on a voulu attendre de recevoir tous les papiers et la confirmation de notre inscription auprès de la fédération avant de pouvoir affilier et transférer des joueurs ».

Or, dans un milieu où ceux-ci optent de plus en plus tôt dans la saison pour leur destination suivante – et compte tenu de la crise sanitaire exceptionnelle qui a marqué ces derniers mois –, trouver des joueurs seniors libres pour rejoindre le projet n’a pas été sans mal.

Grâce à ces connexions un peu partout dans la région, Olivier Houard a réussi à monter une équipe en un temps record.

De bric et de broc

« Beaucoup de joueurs, qu’il s’agisse d’anciens du club, de Bomalois de souche ou autres, ont montré de l’intérêt pour le projet. Ils voulaient venir. Hélas, ils s’étaient déjà engagés ailleurs. Mais tous ont déjà annoncé vouloir revenir ici la saison prochaine ! Cela fait évidemment plaisir et c’est très encourageant pour nous », souffle le nouveau président.

En attendant, il a nécessairement fallu mettre sur pied une équipe pour cette saison, condition sine qua non à l’inscription du club auprès de l’Union belge.

« Ça a été très, très difficile », reconnaît-il. « Heureusement, j’ai quand même joué pendant plusieurs années. J’ai arrêté quand j’avais 38 ou 39 ans. J’ai quand même fait une dizaine de clubs. Je connais donc pas mal de gens et de joueurs qui sont de mon âge, qui ont envie de venir refouler le gazon et qui ont peut-être aussi la même envie : c’est que Bomal ne meurt pas. Ils ont envie de venir me donner un coup de main avec d’autres personnes, dont des jeunes issus de clubs voisins et qui ne reçoivent peut-être pas leurs chances dans leur club, dans leur village. »

Au final, le noyau se composera pour cette première saison d’un savant mélange de joueurs aguerris, revenus prêter main forte au projet d’Olivier Houard, et de jeunes loups aux dents longues, désireux de saisir pleinement leur chance.

Un coach « de national »

Quant au coach de l’équipe première, c’est grâce – et bien involontairement – à Paul Tintin (lire le chapitre 1) qu’Olivier Houard a pu trouver son bonheur.

« Lorsqu’Olivier Houard m’a contacté et m’a expliqué son projet, j’avoue quand même que je suis venu surtout pour lui, parce que je connais fort bien Oli, je m’entends bien avec lui, raconte ainsi Pascal Jacquemin. Je venais au départ sans trop d’ambition de me relancer dans le foot et puis voilà : Oli m’a convaincu avec le projet, les installations, la proximité aussi… Je suis à moins de 10 minutes du terrain, donc c’est quand même bien. »

Après avoir coaché durant plusieurs saisons en séries nationales, Pascal Jacquemin, dégoûté après son éviction surprise de Sprimont, a retrouvé l’envie de venir au foot grâce au projet d’Olivier Houard.

Quelques semaines plus tôt, celui qui avait pourtant été confirmé par la direction de… Sprimont (D3 Amateurs) au poste de T1 pour la saison 2020-21 apprenait son éviction par messages. « Je suis vraiment dégoûté de la manière. Mais d’un autre côté, je suis content de ne pas participer à ce qui se met en place à Sprimont (NDLR : avec l’arrivée de Paul Tintin) », avait d’ailleurs réagi l’ancien gardien bourlingueur, passé entre autres par Aywaille ou encore Xhoris dans la région. « Nous n’avons visiblement pas les mêmes valeurs, les miennes étant humaines et non financières. »

+ LIRE | Jacquemin évincé et « dégoûté » de Sprimont, où arrive Houlmont

Un esprit « bomalois »

Quatre mois plus tard, la pilule, même si elle a eu du mal à passer, semble digérée : « Pour moi, l’aspect familial a toujours été très important. Le foot doit rester un amusement, un passe-temps. C’est sûr qu’il y en a peut-être qui gagnent de l’argent avec le foot, ça c’est certain. Mais, si vous venez au foot avec un sac en plomb, ça ne sert à rien… Or, ça n’a jamais été le cas pour moi. Ni comme joueur, Ni comme entraîneur. Et ce n’est pas maintenant que ça va commencer… Donc, voilà : ici, c’est un tout nouveau projet qui se crée, une toute nouvelle équipe, et ça me plaisait vraiment de lancer ça. »

« D’autant qu’il y est pour beaucoup », embraye Olivier Houard. « C’est un coach de haut niveau, qui coachait en D3 Amateurs. Alors quand j’ai appris qu’il n’était plus réengagé à Sprimont, j’ai sauté sur l’occasion. Je l’ai contacté et on a vite trouvé un terrain d’entente. Et il a aussi amené son carnet d’adresses pour pouvoir refaire une équipe fanion, ici à Bomal. »

Les uns pour Olivier Houard, les autres pour Pascal Jacquemin : tous les joueurs approchés qui étaient encore libres de s’engager ont ainsi adhéré au projet.

Composé d’éléments d’expérience mais aussi de jeunes aux dents longues, l’effectif recruté pour cette toute première saison a de quoi intriguer et… surprendre. Inscrite dans la série E du championnat de troisième provinciale luxembourgeoise, l’équipe ne cache d’ailleurs pas ses ambitions.

« Le but, c’est de recréer un esprit Bomal, un esprit vraiment d’équipe, de camaraderie », tempère cependant le coach. « Et puis de jouer au foot, ça j’y tiens vraiment, ne pas faire n’importe quoi. Et voilà : on espère jouer un peu les trouble-fête cette année, il faut voir comment la mayonnaise va prendre. C’est donc une toute nouvelle équipe, tous les joueurs se connaissent en dehors du terrain, mais n’ont jamais joué ensemble. Mon but, ça va être de créer une osmose et de faire des bons résultats. Et de jouer le plus haut possible. »

Des jeunes, mais aussi des joueurs d’expérience, voici les acteurs qui porteront cette saison les couleurs du FC Bomal.

Quoiqu’il en soit, le FC Bomal nouveau semble bien décidé à tirer les leçons de son tumultueux passé récent.

« On ne mettra pas la charrue avant les bœufs », assure Olivier Houard. « On va commencer cette année et on espère que cela va donner envie à d’autres de nous rejoindre par la suite. »

« Je tenais vraiment à faire partie de ce projet-là, avec une équipe qu’on a reconstruite de A à Z », répète Pascal Jacquemin. « Et je pense que, pour l’instant, la mayonnaise ne prend pas mal du tout aux entraînements. Au niveau de l’ambiance en tous les cas… »