Faire le boulot sérieusement sans se prendre au sérieux, c’est une des marques de fabrique de la rédaction locale namuroise de L’Avenir. L’humour est une soupape de décompression permanente face au flux tendu quotidien d’actualité et d’activité et la pression de « sortir un journal » tous les jours. Récit heure par heure d’une journée type de la « locale », dans son jargon truffé d’autodérision…

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7 h Le réveil du libero

Il est l’homme libre de toute contrainte d’agenda et prêt à plonger sur toutes les balles. C’est le « libero », surnom inspiré du foot et qui baptise le journaliste désigné à tour de rôle chaque jour pour assurer l’imprévu, réagir à une actualité qui tombe. Dès 7 h, il assure la tournée des faits divers et la veille judiciaire, garde un œil et une oreille sur la concurrence. Bien souvent, il alimente déjà le site internet avec l’actu matinale et démarre sur un reportage « à chaud ».

La réunion de rédaction se tient autour d’une table pompeusement qualifiée de « rectangle de convergence ».  Les journalistes s’y retrouvent à 9 h 30 autour du chef de service chargé d’organiser le plan du journal du jour. On débriefe celui paru le matin, puis chacun propose son ou ses sujets du jour. Les reportages prévus à l’agenda sont distribués. On discute des angles, de la manière dont on va traiter telle ou telle info, dans l’édition papier du lendemain ou déjà le jour même sur le web. On débat et on décide de ce qui fera la une, de ce qui sera développé en « pano » (double page panoramique).

9 h 30 La convergence

9 h 30 La convergence

La réunion de rédaction se tient autour d’une table pompeusement qualifiée de « rectangle de convergence ».  Les journalistes s’y retrouvent à 9 h 30 autour du chef de service chargé d’organiser le plan du journal du jour. On débriefe celui paru le matin, puis chacun propose son ou ses sujets du jour. Les reportages prévus à l’agenda sont distribués. On discute des angles, de la manière dont on va traiter telle ou telle info, dans l’édition papier du lendemain ou déjà le jour même sur le web. On débat et on décide de ce qui fera la une, de ce qui sera développé en « pano » (double page panoramique).


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10 h Le journal est lancé

Les journalistes sont sur le terrain, pendus au téléphone ou entament déjà la rédaction de leurs articles. Au bureau, les « deskistes » s’attellent à la relecture des papiers de correspondants et au travail de mise en page. Le chef de service désigné « lanceur » du journal du jour prend contact avec les bureaux extérieurs. Car la rédaction locale namuroise gère en tout trois éditions : Namur, Basse-Sambre et Entre-Sambre-et-Meuse. Le gros de l’équipe est basé à Bouge, mais elle travaille aussi en synergie avec deux bureaux décentralisés, à Charleroi et Philippeville, qui alimentent plus spécifiquement les éditions « BS » et « SM ». Le découpage territorial de celles-ci ne correspond pas uniquement aux frontières provinciales du Hainaut et de Namur. Elles sont en quelque sorte « à cheval » sur les deux. Le lanceur décide donc des sujets à reprendre d’une édition à l’autre en fonction de la proximité géographique et de l’intérêt.  Il répartit la matière dans le « chemin de fer », c’est-à-dire le déroulé des pages.

Ce chemin de fer évolue en cours de journée. Un gros faits divers qui survient, une grosse info politique tombe dans une commune… et il est chamboulé. Quand l’équipe des deux soiristes arrive, on fait le point.  Le « pilote » va assurer l’atterrissage du journal, relire et délivrer progressivement les bons à tirer des pages.

15 h Les soiristes en piste

15 h Les soiristes en piste

Ce chemin de fer évolue en cours de journée. Un gros faits divers qui survient, une grosse info politique tombe dans une commune… et il est chamboulé. Quand l’équipe des deux soiristes arrive, on fait le point.  Le « pilote » va assurer l’atterrissage du journal, relire et délivrer progressivement les bons à tirer des pages.

18 h Exports vers le web

Le pilote soir est aidé du « web-deskiste » qui se charge aussi d’exporter déjà sur internet certains articles du jour pour faire vivre notre site en continu. Qu’est-ce qu’on donne déjà comme info le soir-même aux lecteurs ? Qu’est-ce qu’on garde comme scoop pour la gazette du lendemain ? On publie en accès gratuit à tous les lecteurs digitaux ou on réserve à nos abonnés ? Tout ça est décidé au cas par cas, « en convergence » à nouveau, de même que les titres pour la une.

Les derniers articles se terminent doucement. Parfois, un journaliste n’a pas eu toutes les infos qu’il lui fallait pour publier. Penaud, il prévient qu’il doit reporter son article d’un jour. Il est alors qualifié de « salopard de désannonceur » dans un sourire parfois crispé des soiristes. Mais il faut bien trouver de quoi « boucher » la page.  Et là, le pilote ne peut pas être en mode automatique : sinon, dans un chemin de fer de souvent plus de 20 pages (fois trois puisqu’il boucle les trois éditions en même temps), il file vers le crash du « doublon » : un article qui passe deux fois, ça fait tache.

20 h Gare aux doublons

20 h Gare aux doublons

Les derniers articles se terminent doucement. Parfois, un journaliste n’a pas eu toutes les infos qu’il lui fallait pour publier. Penaud, il prévient qu’il doit reporter son article d’un jour. Il est alors qualifié de « salopard de désannonceur » dans un sourire parfois crispé des soiristes. Mais il faut bien trouver de quoi « boucher » la page.  Et là, le pilote ne peut pas être en mode automatique : sinon, dans un chemin de fer de souvent plus de 20 pages (fois trois puisqu’il boucle les trois éditions en même temps), il file vers le crash du « doublon » : un article qui passe deux fois, ça fait tache.

23 h Nécros et bouclage

Les pages de fin de cahier régional restent ouvertes en dernier. On y insère les avis nécrologiques et les faits divers qui peuvent rentrer jusqu’assez tard. Dernier délai : 23 h 15, « à l’arrache » pour rentrer le dernier carat. Et demain, ça recommence…

23 h Nécros et bouclage

Les pages de fin de cahier régional restent ouvertes en dernier. On y insère les avis nécrologiques et les faits divers qui peuvent rentrer jusqu’assez tard. Dernier délai : 23 h 15, « à l’arrache » pour rentrer le dernier carat. Et demain, ça recommence…

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