Dix dates
Le Réseau Express Régional ne sera pas terminé avant 2030. Comment est-ce possible alors que la fin des travaux était initialement prévue pour 2012 ? Car, on est loin du compte: des pans entiers de l’élargissement de la plateforme ferroviaire doivent encore être construits sur la ligne 124 Nivelles – Bruxelles.
Retour en dix dates sur une saga qui dure depuis les années 60.
1968
En 1968, l’avant-projet de plan de secteur de 1976 prévoit une ébauche de RER en complément du métro. Le projet n’est toutefois pas mûr. Il faudra attendre plus de dix ans pour que le projet prenne forme.
Ce n’était, cela dit, pas la première fois qu’un réseau express de chemin de fer autour de Bruxelles est évoqué : dans les années 1920 et 1930, il était déjà question d’un projet de « métropolitain ».
1979, la première contrôleuse dans un train SNCB, est encore bien loin d’imaginer le RER.
1989
Le plan Star 21, présenté en 1989, doit « faire entrer la SNCB dans le 21e siècle ». La SNCB y annonce la densification d’un réseau suburbain assurant une desserte fréquente de Bruxelles.Les premiers problèmes se posent déjà : la SNCB recule quasi immédiatement en évoquant des problèmes techniques et financiers. Mais, Le RER s’invite dans la campagne électorale et «l’asphyxie de Bruxelles » en devient l’une des thématiques les plus importantes.
1985, la SNCB fête ses 150 ans. Quatre ans plus
tard, elle envisagera son passage au 21e siècle.
1992
En juin 1992, la première table ronde sur le RER est organisée. Elle s’intitule – non sans une certaine ironie de l’histoire, comme le fait remarquer la chercheuse Ludivine Damay – « Le RER à toute vitesse ».
1992, les Bruxellois se sentent un peu seuls pour défendre le RER : reportage de la RTBF, le 17 novembre 2012.
1996
Une deuxième table ronde consacrée au RER est organisée le 12 mars 1996. La coopération entre les régions semble meilleure que par le passé. Mais le plan décennal 1996-2005 de la SNCB, approuvé en juillet 1996, ne reprend pas la réalisation du RER comme une priorité.
1999
1999, nouveau look pour les accompagnateurs de train et nouveau départ pour le RER
La Conférence Interministérielle des Communications et de l’Infrastructure se prononce, en mars 1999, en faveur de la réalisation du RER et de la création d’un groupe de travail, dénommé « groupe RER de haut niveau » mandaté pour étudier les conditions de réalisation du RER et pour mettre au point un projet d’accord de coopération entre le Fédéral et les trois Régions.
2001
Le conseil d’administration de la SNCB attend mars 2001 pour exprimer un avis favorable concernant le projet RER, inscrit budgétairement dans le plan décennal d’investissement 2001- 2012.
Mais la SNCB avance à reculons, affirmant qu’elle n’a pas les moyens d’investir dans ce projet, ce qui provoque un bras de fer avec le monde politique, qui dénonce le gel du projet.
2003
Un accord de coopération est signé par le Fédéral et les régions, le 4 avril 2003. La mise à quatre voies de plusieurs lignes est actée, tout comme l’aménagement et la création de nouvelles haltes. L’accord de coopération prévoit aussi des mesures d’accompagnement, à savoir « toute action qui a pour objectif de favoriser l’utilisation des transports en commun dans la zone RER » (la politique de stationnement et la construction de parking, la hiérarchisation des voiries en ville, l’amélioration des conditions d’intermodalité, etc.).
Le patron de la SNCB Karel Vinck est à Genval, le 25 février 2003. Aucun rapport avec le RER : il y était pour faire face aux grévistes.
2004
Le projet RER se matérialise à partir de 2004 avec les premiers travaux d’infrastructure, après avoir obtenu, parfois difficilement, les permis d’urbanisme nécessaires. Le matériel roulant a lui aussi fait l’objet d’un contrat en avril 2008, avec Siemens, pour l’obtention de 305 rames Desiro ML dont 95 devraient servir au RER.
Premiers coups de marteau hydraulique, à Ottignies, le 23 août 2006.
2016
Initialement, le RER aurait dû être terminé en 2012. Aujourd’hui, on est encore loin du compte. Le ministre Jacqueline Galant estime que la mise en service d’une offre S est une avancée significative dans le dossier. Mais ce point positif ne lui permet pas de sauver les meubles après la valse hésitation sur l’arrêt des travaux de mise à quatre voies des lignes wallonnes du RER.
2030
Si Infrabel fixe toujours la fin du chantier RER en 2025 sur son site internet, les observateurs ont plutôt tendance à évoquer 2030 comme date réaliste de fin pour les travaux du RER. Des pronostics sans conviction, étant donné les nombreuses errances du RER depuis 1989.
Mercredi 16 mars, les députés Marcel Cheron (Ecolo), Karin Lalieux (PS) et Stéphane Crusnière (PS) ont profité de la commission Infrastructures de la Chambre pour demander à la ministre Galant si elle avait formulé des demandes de financement du RER dans le cadre du conclave budgétaire. « Les réponses de la ministre Galant jettent à nouveau un sérieux doute sur la finalisation dans des délais raisonnables des travaux RER en Brabant wallon puisqu’elle ne fera aucune demande lors du conclave budgétaire. Pire, elle nous déclare donc encore être en train de faire un inventaire des travaux à réaliser ! Pourtant tout cela est connu depuis longtemps ! », s’agace le député socialiste Stéphane Crusnière. « Ce roadshow que votre cabinet a fait la semaine dernière pour voir s’il y avait encore des travaux à réaliser et établir des fiches m’inquiète, poursuivait le député à l’attention de la ministre. Car si on n’en est que là, je ne sais pas si mes arrière-petits-enfants verront un jour le RER! Á nouveau, on est en train de louper l’échéance de l’ajustement budgétaire. Si on ne peut demander de moyens supplémentaires, je ne vois pas de calendrier clair en la matière. »