«La solitude, c’est la merde»

«La solitude, c’est la merde»

Dans le cadre de notre reportage dans le milieu des sans-abri à Charleroi, on a notamment rencontré le sympathique et atypique Eric Fontaine, un quinquagénaire à la bonne humeur communicative.

«À mon divorce j’ai tout laissé tomber, précise-t-il. Mon univers s’est écroulé et je me suis laissé aller comme un c… Je ne m’en suis pas encore sorti, mais ce qui me sauve c’est ma bonne humeur.»

À 54 ans, il vit dans un camp, non loin de la gare carolo. On n’ira pas jusqu’à écrire que c’est un choix pour lui de vivre en tente, mais il préfère cela à un studio où il serait seul, sur le plan psychologique surtout et sur le plan matériel accessoirement. «J’ai eu un appart, j’étais tout seul… La solitude, c’est la merde! La précarité d’esprit est beaucoup plus difficile à vivre que la précarité du portefeuille.»

«La valeur d’un être humain ne se mesure pas à la valeur de son portefeuille»

«Il faut le vivre pour le comprendre,» confie Eric, avant de lâcher: «On voit la paille dans l’œil de son voisin, on ne voit pas la poutre qu’on a dans le sien. La valeur d’un être humain ne se mesure pas à la valeur de son portefeuille».

«Tu as un chat qui gratte à la porte, tu lui offres un bol de lait. Tu as un sans-abri qui gratte à la porte, il reçoit un coup de pied au cul, » regrette celui qui doit vivre avec «750 euros par mois».

La vie en tente? «C’est vivable. Qu’il fasse froid, c’est une chose, mais quand il pleut c’est le pire de tout. Il y a des gens qui nous aident, des ASBL qui passent nous apporter à manger. Franchement, on n’est pas malheureux. »

«J’ai un ami, il a un studio, mais il n’a rien… Alors oui, il a un toit, mais dans quelles conditions! »

Eric aimerait quitter la vie en tente, mais pas seul, on l’a bien compris. Il veut le faire avec une personne à qui il tient, qui vit dans le même «camp» que lui. «Je veux la sortir de là…»

« Ça pend au nez de tout le monde »

Marcel Scohy (64 ans) a également vécu la vie en «camp», ainsi que dans les abris de nuit. Aujourd’hui, il ne vit plus en tente, mais il est contraint à vivre dans un squat, où il n’a ni électricité ni eau. Quant au chauffage, n’en parlons même pas. Il se contente de la présence de vitres pour faire barrage au froid, dans ce bâtiment du centre de la ville qu’il occupe avec quatre autres personnes…

Sans-abri « depuis deux ans », il ne cache pas sa détresse lorsqu’il se plonge dans son passé, quand il avait un vrai toit… La rue, «ça pend au nez de tout le monde».

Vous avez aimé ou détesté ce reportage ?