En une année, il y a plein de tâches nécessaires pour conduire la vigne jusqu’aux vendanges.  C’est le secret d’une bonne récolte, du moins si l’année est bonne.

En juin, les vignes étaient en fleur.  Elles ont pris du retard à cause de la météo peu favorable à leur croissance annuelle.  À Ocquier, Marc Monfort, du vignoble d’Occarius, n’a pas vraiment eu l’occasion de rester  bras croisés. Malgré la pluie, ses vignes il devait les palisser.

« Le palissage est une tâche importante dans le cycle de la vigne.  Il faut remonter tous les rameaux Ce remontage permet d’aérer la vigne et de constituer un mur qui permettra à la photosynthèse de se réaliser le mieux possible. Lors du palissage, nous relevons les rameaux qui sont tombés au sol, pour les replacer entre les 2 fils porteurs. On en profite également pour enlever les gourmands. Ce sont souvent des gros gourmands. En les supprimant, cela permet d’aérer un peu plus la zone fructifère.  le palissage, c’est un  travail de fourmi. C’est un travail qui, comme la taille d’hiver, est très chronophage.  C’est bien pour cela qu’en cette période de l’année, nous sommes contents d’avoir quelques stagiaires, ce qui n’est pas toujours facile à trouver.  Quoi qu’il en soit, si cela prend du temps pour palisser un rang de vignes, il convient que ce travail soit bien fait, insiste Marc Monfort.  C’est même essentiel pour la suite de la saison car cela facilite ensuite le passage des engins motorisés entre nos rangs.  En outre le palissage permet vraiment une bonne aération de la vigne qui au final permet d’éviter au maximum les maladies. »

Mais en cette année 2021, même si la vigne a été bien mise en place avec un bon palissage, elle a tardé à prendre un rythme de croissance normale.

« Cette année, le temps n’a vraiment pas été avec nous. Nous avons eu un peu en retard par rapport à une saison de viticulture traditionnelle.   Nous étions sur la fleur entre fin juin et début juillet, en fonction des variétés.  À partir de ce moment précis, il faut une centaine de jours, c’est à peu près la moyenne, avant les vendanges. On aurait pu espérer un bel été indien ou du moins que le temps se maintienne et soit bon en fin de saison pour aller chercher les maturités, et surtout pas des températures excessives car elles ont tendance à ralentir l’évolution des raisins vers la maturité alcoolique et phénolique. Mais on n’a jamais rattrapé pas les 15 jours de retard pris en juin.  »

Juillet et août ayant été trop pluvieux, les vignes ont continué d’accumuler du retard.   En plus, des foyers de mildiou se sont installés dans le vignoble.

Il a fallu multiplier les traitements à la bouillie bordelaise pour tenter d’éradiquer la poussée de ce champignon.

« Le travail à la vigne, ça ne s’arrête jamais, sourit Marc Monfort.  Les pluies de l’été ont fortement permis l’émergeance des maladies. Comme les terres étaient très humides, le tracteur ne pouvait pas rentrer dans les rangs de vigne pour les traiter.  »

Des campagnes viticoles comme celle de cette année, Marc Monfort s’en passerait bien. Tout le travail engagé ne lui a pas été rendu par la nature. Il y a des années comme ça…

Un vignoble mûrement réfléchi

Le vignoble d’Occarius se trouve à Ocquier, dans le Condroz liégeois, en bordure des provinces de Namur et du Luxembourg.  Marc et Didier Monfort, deux frères, ocquierois d’origine, sont à la base de la création du vignoble. Karin, l’épouse de Marc, a adhéré d’emblée au projet. Pour le mener à bien, ils se sont entourés d’amis vignerons français et belges.

« Ce projet a mis du temps à se mettre en place, raconte Marc Monfort.  Tout a vraiment commencé par ma rencontre, début des années 2000, avec Philippe Grafé, du domaine du Chenoy à La Bruyère.  C’est lui qui m’a fait découvrir l’univers viticole belge, encore balbutiant à l’époque. Il m’a donné l’envie de planter des vignes dans mon jardin à Erpent, ce que j’ai fait en avril 2004. Je me suis donc investi dans la viticulture, d’abord par plaisir personnel, avec l’envie de produire un vin le plus agréable possible. » C’est sur le tas que Marc a appris le métier de vigneron, avec les pieds de régent plantés dans son jardin. Et puis, à force d’essais et de rencontres avec des vignerons, il a pris de la bouteille et de l’assurance.  « Mais j’avais envie d’aller plus loin dans ma démarche viticole. »

Le déclic

En 2015, en plein été, après avoir dégusté des vins belges avec son ami Christophe Geneste, vigneron à Bergerac, Marc voit que son projet viticole peut être nettement plus abouti. « Lors de cette dégustation, je lui avais demandé si lui, vigneron français, investirait dans la viticulture belge. Sa réponse a été positive. Ce fut le déclic.  À partir de ce moment, je n’ai plus eu qu’une seule idée, trouver rapidement des terres susceptibles de recevoir de la vigne. »

Les terrains ont été trouvés à Ocquier.  Les vignes commandées chez les pépiniéristes.   Il ne fallait plus que rassembler des fonds pour créer une SPRL.  Outre son frère, son père et son épouse Karin, Fabienne, Léon et Marie-Pierre, trois amis de Marc, ont rejoint l’aventure et, en avril 2017, le projet du vignoble d’Occarius était officiellement sur les rails.

La quête du fruit

Pour une bonne fructification, qui permettra d’atteindre un rendement acceptable, des petits travaux dans les vignes sont parfois nécessaires ou pas. 

Après le palissage, il faut couper les têtes des vignes et rogner les rangs, pour limiter la croissance de la vigne. «  Il ne faut pas qu’elle grandisse de trop. Cela ne sert à rien, précise Marc Monfort. Il faut qu’elle concentre son énergie sur le fruit. »

Rogner les sarments, cela  favorise la fructification et améliore le futur rendement.

« Le rognage permet de maintenir le mur de vigne sur un rang. Ensuite, il y a un autre moment important dans le cycle de la vigne, c’est la véraison.  C’est le moment où le grain de raisin gonfle et change de couleur.  Le grain passe du vert au rouge pour les raisins noirs, au jaune translucide pour les raisins blancs.  Pour faciliter cela, on fait éventuellement des effeuillages. Ils se font au niveau de la zone fructifère, en fonction de l’orientation de la vigne. On peut donc le faire d’un côté ou de l’autre ou des 2 côtés. »

Marc veille aussi à limiter la charge de raisins sur ses vignes.

« Uniquement si l’année est généreuse, précise le vigneron. Mais ce ne sera pas le cas de 202. Aussi non, pour limiter la charge, on peut faire une vendange en vert et sélectionner les meilleures grappes et taper les plus petites à terre. Cette vendange avant la vraie vendange, je ne préfère pas la faire. »

Tout ce travail conséquent et chronophage est la seule  voie possible vers la qualité.  Au vignoble d’Occarius, c’est le fondement qui permet de produire d’excellents vins tranquilles.  Et si l’idée de faire des bulles suit aussi  son chemin, ce ne sera pas  pour tout de suite.

« Pour l’instant, on ne fait que des vins tranquilles, confirme Marc Monfort. J’attends d’avoir un peu plus d’expérience pour me lancer dans les vins mousseux et comme,  je tiens à faire cela moi-même, de A à Z, ce ne sera pas pour cette année.  Mais nous avons planté récemment des variétés qui permettent justement de faire vins mousseux mais les vignes sont encore trop jeunes.  On verra cela plus tard. »

Marc Monfort préfère se concentrer sur ce qu’il sait faire et maitrise sur le bout des ongles. À raison.

Soleil en bouteille

Une fois la fleur fécondée et la grappe nouée, le grain de raisin doit se gorger en sucre.  Et pour cela, seule la photosynthèse permet de transformer le dioxyde de carbone (CO2), grâce à l’énergie lumineuse du soleil, en glucose et en oxygène.    La transformation du CO2 en oxygène est une très bonne chose pour notre environnement et c’est justement cette photosynthèse qui permet à la production viticole d’afficher un bilan carbone proche de la neutralité, même si les fermentations produisent du CO2.   Finalement mettre le soleil en bouteille, c’est bon pour la planète.

Le tâcheron

Le métier de vigneron ou de poussebot regroupe  bien des métiers différents.  Certains métiers, comme celui de coupeur ou coupeuse, pour  ceux ou celles qui coupaient les grappes durant les vendanges,  ou encore effeuilleur ou effeuilleuse, pour  les personnes qui arrachent ou coupent les feuilles des vignes, sont des métiers qui n’existent plus.  Le terme tâcheron est toujours utilisé mais on parle plutôt d’ouvrier tâcheron pour celui qui effectuent, dans les exploitations viticoles, des travaux payés à la tâche ou au forfait. En Belgique, les premiers  ouvriers tâcherons viennent d’être diplômés par l’IFAPME