Angèle, ses danseurs et ses musiciens n’entendent pas du tout la même chose que le public. Rencontre avec Alex, ingé son.

Son : Oreillettes, micro caché et technologie de pointe avec Alex, ingénieur du son d'Angèle, et Chris, qui lance les morceaux

Il a du mal à trouver un moment. L’après-midi, et jusqu’à l’ouverture de la salle au public, Alex ne quitte pas sa console pour les répétitions et les balances (quand on règle l’équilibre des sons de chacun sur scène). Mais enfin, le public arrive… Alex doit s’arrêter. Il vient vers nous avant d’aller manger.

« Moi, je travaille le son ‘retour’ : ce qu’entendent les musiciens, les danseurs et Angèle sur scène. J’envoie à chacun, dans ses oreillettes, le mixage musical personnalisé selon ses envies et ses besoins. On calibre ces mixages chaque soir en fonction de la salle et de son acoustique (la manière dont le son circule et résonne dans la salle). »

L’acoustique d’une pièce dépend de sa taille, de sa forme, des matériaux… C’est donc chaque fois différent.

Les retours ne sont diffusés que dans les oreillettes ? « Ça dépend des tournées mais, pour nous, c’est uniquement dans les oreillettes, oui. On a juste deux subwoofers qui envoient le gros grave pour avoir la sensation du son, les vibrations. »

Le son « façade »

Dans la salle, ce que j’entends ne vient pas d’Alex… « Le public entend le son géré par l’ingénieur du son ‘façade’. Moi, je travaille sur le côté de la scène, lui dans la salle. L’ingé son ‘façade’ doit aussi s’adapter chaque jour. Son assistant installe les haut-parleurs en fonction de la salle : leur position, leur nombre et la hauteur varient. Parfois, il faut en ajouter sur le côté ou ailleurs… »

Le micro caché 👁️

Si Angèle a un problème sur scène, comment peut-elle le faire savoir ? Alex : « Je la connais très bien donc juste un geste, une mimique, un regard et je comprends, en général. Sinon, un micro SOS est posé, ouvert en permanence, près d’un musicien. Elle peut y parler et nous expliquer le problème. Le public pense qu’elle parle avec son musicien mais nous, on entend ce qu’elle nous dit dans nos oreillettes. »

Chacun son oreillette perso

Les oreillettes sont en silicone. Elles sont moulées dans les oreilles de leur propriétaire. Chacun a donc ses oreillettes personnelles. En langage pro, on dit des « inears customisés ». En coulisse, Éléonore nous montre les boîtes d’inears avec les noms de chacun, et nous laisse photographier celles d’Angèle. Et si une oreillette se casse ou est en panne ? « Le musicien ou le danseur utilisera des oreillettes simples en attendant d’avoir les bonnes réparées ou refaites. »

Pas de Larsen

Un sifflement assourdissant ! C’est ce qu’on appelle l’effet Larsen. Comment l’éviter ? Alex : « Le choix du micro doit correspondre à la voix de la chanteuse. Il faut veiller au volume, aussi. Plus on va fort et plus on risque l’effet Larsen. Si le son amplifié (qui sort dans les baffles) est plus grand par rapport au son direct qui arrive dans le micro, le micro recapte le son amplifié et ça crée une boucle. Il faut donc éviter cela. »

Avec son Ableton, Chris lance tout

Mais comment peuvent-ils commencer un morceau tous en même temps ? Et où Angèle trouve-t-elle le ton d’une chanson alors qu’aucun musicien n’a joué la moindre note ? « Demande à Chris ! », nous répond Éléonore.

On l’observe. Chris est très concentré. Sur scène, en pleine répétition, Boom et Angèle demandent à reprendre Démon au deuxième couplet. Chris réagit au quart de tour. Sur son ordi, il recule un curseur et ça repart au bon endroit : lumières, vidéos…

Chris est responsable de l’Ableton.  C’est le programme central de tout le concert. Il envoie le signal de départ de chaque morceau, les clics et les messages dans les oreillettes, les effets sur les instruments, les démarrages des vidéos, des lumières et de la machinerie…

Et en cas de panne ? « J’ai deux machines associées qui tournent en même temps, répond Chris. Si une s’arrête, l’autre prend le relais instantanément. »