Comme un sportif de haut niveau doit régulièrement faire travailler ses muscles, renforcer son cœur et sa respiration, Angèle doit travailler son endurance, son souffle et sa voix. Pour l’aider, elle a une coach vocale : Angie Berthias Cazaux. Nous avons pu l’interviewer.

Angie, c’est la coach vocale d’Angèle

À quel moment as-tu commencé à faire du coaching vocal avec Angèle pour sa tournée ?

On a fait un grand travail en amont. Pendant le confinement, déjà, j’étais en contact à distance pour qu’elle puisse travailler sa voix. On a fait des exercices de musculation, d’étirement du corps… mais aussi de la voix.

Et puis, il y a le travail sur la voix en tant que telle. Naturellement, Angèle a un souffle dans la voix, très joli, velouté, enveloppant. Selon l’énergie du morceau ou la livraison qu’elle veut donner, on « timbre » ou pas. Sur un morceau rock, par exemple, on passe en « pleine voix ». C’est le cas sur le duo avec Dua Lipa, Fever. Certaines techniques font qu’on peut chanter fort comme dans le parlé ou moins fort, comme dans le chuchoté.

Enfin, il y a le travail d’interprétation, la manière de chanter, comme quand on raconte une histoire. Si un adulte raconte un histoire vite fait, l’enfant aura du mal à écouter et appréciera moins que s’il la raconte lentement, en mettant des expressions, en variant le ton dans la voix…

Tu étais présente pendant tout le travail de création et de répétition du show ?

J’ai assisté aux répétitions, pour rectifier si besoin les mouvements proposés, pour ne pas que les chorégraphies et les déplacements ne mettent en danger le résultat vocal.

On a veillé à varier les énergies d’un morceau à l’autre. C’est important pour le public autant que pour l’artiste. Au bout de trois chansons uptempo (au rythme rapide), le public comme l’artiste ont besoin de souffler, de se reposer.

Et pendant la tournée, qu’est-ce qu’Angèle doit faire ?

Comme un sportif, il faut qu’elle s’entraîne et fasse attention. Elle doit faire des étirements corporels et une préparation physique. Par exemple, de la corde à sauter pour l’endurance, et pour gérer la respiration.

Elle doit aussi faire un échauffement vocal et de la musculation de la voix tous les jours de concert. Si elle monte sur scène sans s’être échauffée, elle va finir par se blesser les cordes vocales. Et puis, elle échaufferait sa voix sur les premiers morceaux, ce serait inconfortable et c’est source de stress.

Il s’agit aussi de se concentrer pour que sa voix soit intacte. Pendant le maquillage et la coiffure, elle peut se laisser aller, se laisser prendre en charge et libérer sa tête ou bien se concentrer, avant de monter sur scène. Angèle a une grosse capactité de concentration, donc ça se passe bien.

Elle doit aussi faire attention à son régime alimentaire… et à son sommeil, pour récupérer.

Et puis, il y a le stress. L’artiste est hypercontent de retrouver le public, mais il y a toujours cette angoisse : « Si je n’y arrive pas, si je me trompe ». Cela a des effets sur la voix et sur la respiration. S’il y a du stress et que le rythme cardiaque s’accélère, le souffle se bloque. Ça aussi, ça se travaille.

C’est pour cela qu’on commence bien en amont. Les répétitions donnent de l’assurance : tout peut arriver sur scène en répétition, et on voit comment éviter les problèmes : que faire pour ne pas s’emmêler les pieds en marchant, se rendre compte que la chorégraphie d’un morceau est fatigante et qu’il vaut mieux ralentir le tempo du morceau suivant…

Et entre les concerts ?

Angèle doit continuer à travailler sa voix. Idéalement, il faut une journée et demi vraiment « off », où elle repose le corps et la voix. Sinon, elle doit faire des échauffements, au jour le jour, et les adapter en fonction de sa fatigue. Quoi qu’il arrive, elle doit faire un peu de cardio, par exemple la corde à sauter, tous les jours. Même épuisée, fatiguée, il faut toujours faire un peu d’échauffement quand même. Comme un sportif, en fait.

C’est un métier exigeant !

Oui ! Le public a l’impression que c’est simple et que ça roule tout seul, mais non. Tous les détails sont importants, et on rectifie au fur et à mesure. C’est beaucoup de travail, vraiment. Et ce qui fait que ça fonctionne, c’est qu’on a tous conscience de l’exigence du travail et on est tous à fond, avec, comme locomotive, l’artiste. Angèle est assidue au travail et c’est aussi pour ça que ça tient la route. Elle est prévoyante, elle ne lâche pas l’affaire.