Valley Ranch”,
enclave texane
en terre namuroise

A Florée, près d'Assesse, Ysabel Voos et sa famille vivent pleinement leur rêve américain depuis qu'ils ont aménagé leur propre ranch. Ambiance western assurée.

Bienvenue au Saloon

Avec ses nids-de-poule, ses pompes à essence et ses restos par grappes, la N4 reliant Bruxelles à Luxembourg revêt parfois des airs de Route 66 pour les automobilistes à l'imagination fertile. Un petit avant-goût des Etats-Unis qui prend toutefois réellement corps à hauteur de Florée où quelques grandes prairies du Condroz ont été envahies par des quarter Horses et des paint Horses.

La crinière au vent, la petite dizaine de chevaux trottine gentiment dans l'herbe. Comme pour évacuer le trop-plein d'énergie qu'ils pourraient avoir en cette matinée ensoleillée du mois de mai. Face à eux, de l'autre côté de la chaussée, Ysabel Voos, santiags aux pieds et Stetson sur la tête, veille au grain. Ici, c'est son domaine. Son saloon.

"Les gens qui ne connaissent pas le coin sont parfois étonnés de découvrir l'écriteau "saloon" sur la façade. Mais ce n'est pas une erreur. On gère bien un ranch ici." Le "Valley Ranch" pour être plus précis, une sorte de petite hacienda wallonne constituée de quelques boxes pour chevaux, un rond de longe, une piste couverte et une buvette à l'américaine.

Tout pour les chevaux

A la tête de cette enclave texane en terre namuroise, Ysabel Voos raconte: "Tout a commencé à Andoy où je partageais une pâture pour chevaux avec d'autres membres d'un club de danse country dont je faisais partie. Malheureusement, après trois ans d'occupation, nous avons dû quitter ce terrain. Et c'est là que mon mari et moi avons trouvé cette fermette." En l'espace de six mois seulement, la famille Clerfayt-Voos déménage et s'installe à Florée, fin 2011. Histoire de réaliser son "petit" rêve américain.

"Cela fait cinq ans maintenant que je vis pleinement ma passion pour les chevaux, sourit la Namuroise d'origine. Ici, en plus de nos pensions équestres, on organise également des cours et des stages pour les enfants. En fait, on a réussi à joindre l'utile à l'agréable."

Plutôt bien accueilli par les villageois et les autorités communales, le "Valley Ranch" dénote à peine dans le paysage d'Assesse. "L'avantage, c'est que notre domaine se trouve en retrait par rapport au reste de la localité, explique Ysabel Voos. On n'a donc pas à s'inquiéter des voisins et du bruit que l'on peut faire lorsque nous organisons un gros événement par exemple." Comme c'est parfois le cas avec les concours d'équitation western.

La "zen attitude" des cow-boys

C'est que la passion d'Ysabel Voos ne se limite pas seulement à se balader dans les campagnes namuroises avec ses chevaux. "Je pratique l'équitation western depuis dix ans désormais, explique-t-elle avec enthousiasme. Pour faire simple, c'est une discipline dans laquelle les cavaliers doivent reproduire ce que les cow-boys font dans leur vie de tous les jours : passer des obstacles naturels, ouvrir une barrière pour aller d'un champ à l'autre, tirer un tronc d'arbre qui est tombé au sol et qui bloque le passage, rapatrier des vaches et les réunir dans un coral, manier correctement le lasso,..." Autant d'épreuves (70 au total, NDLR) découvertes... via YouTube et qui ont rapidement fasciné l'Assessoise d'adoption. A tel point qu'elle a co-fondé, en 2012, la Belgian Extreme Cow-boy Race (Bexca), la succursale noire-jaune-rouge de la fédération américaine.

"Ce que j'apprécie tout particulièrement dans ce sport, c'est la sensation de liberté qu'il procure. Par exemple, en équitation classique, on a tendance à tenir fermement les sangles de son cheval alors qu'on est plus lâche en équitation western. La plupart des cavaliers américains, dont Bill Cameron, un champion du monde qu'on reçoit de temps en temps en Belgique, travaillent plus calmement avec les chevaux. Ils ont une vision beaucoup plus cool de la discipline. Et je trouve que ça se ressent avec les bêtes qui, elles aussi, sont plus calmes. C'est sans doute pour ce genre de détails que j'aime tellement les Etats-Unis..."

Les grands espaces, la proximité avec la nature, les grandes tablées autour des barbecues ou encore la sérénité des cow-boys, voilà l'Amérique qui a séduit la propriétaire du "Valley Ranch". Une Amérique plus "profonde", loin du bruit des grandes villes. "Et je ne suis pas la seule dans la famille à être atteinte du virus ! Ma fille et mon mari sont également impliqués dans l'équitation western tandis que mon aîné a longtemps pratiqué le football américain à Andenne. D'ailleurs, c'est bien simple, si j'avais la place pour aménager un terrain de foot américain, je le ferais !" Partir vivre aux Etats-Unis, par contre, c'est une autre histoire...

"Je n'ai encore jamais eu l'occasion de voyager aux Etats-Unis, déclare Ysabel Voos. C'est une expérience que j'aimerais bien vivre au moins une fois. Mais de là à y déménager pour le reste de mes jours, je suis plus sceptique." Aimer les paysages d'un pays, c'est une chose. Mais épouser tous les pans de sa culture, c'en est une autre.

"Que Trump ne bousille pas tout !"

Ses racines namuroises chevillées au corps, la cow-girl de Florée a du mal à s'imaginer vivre aux Etats-Unis. "Nous, Européens, bénéficions d'avantages que les Américains n'ont pas, comme la couverture santé. C'est ce genre de privilèges qui me fait penser que les Américains n'ont pas une meilleure vie que nous. Si seulement ils essayaient de se donner les moyens de réduire les grandes disparités au sein de leur société comme on essaye de le faire en Europe. Mais je ne suis pas sûre que ce sera le cas avec Donald Trump..."

"Quand Trump est passé, je me suis dit que ce n'était pas une bonne chose pour les relations avec l'Europe notamment, poursuit Ysabel Voos. Tout ce que j'espère, c'est qu'il ne va pas trop bousiller tout ce qui est en place, même si c'est assez mal parti puisqu'il a déjà démonté l'Obamacare. Mais après tout, c'est le choix des Américains. Qui sommes-nous pour les juger ? Est-ce qu'un Bart De Wever vaut beaucoup mieux ? Je n'en suis pas certaine."

"Alors, sachant tout ça, où est-ce que je partirais m'installer si j'en avais la possibilité ? Je ne sais pas... Peut-être bien le Canada. C'est un bon mix après tout : on y trouve une qualité de vie à l'européenne avec des grands espaces et une proximité avec les Etats-Unis. Mais là où je me sens le mieux actuellement, c'est ici, à Florée." Ou quand les campagnes du Condroz relèguent les plaines texanes au second plan.

Valley Ranch”,
enclave texane
en terre namuroise

A Florée, près d'Assesse, Ysabel Voos et sa famille vivent pleinement leur rêve américain depuis qu'ils ont aménagé leur propre ranch. Ambiance western assurée.

Bienvenue au Saloon

Avec ses nids-de-poule, ses pompes à essence et ses restos par grappes, la N4 reliant Bruxelles à Luxembourg revêt parfois des airs de Route 66 pour les automobilistes à l'imagination fertile. Un petit avant-goût des Etats-Unis qui prend toutefois réellement corps à hauteur de Florée où quelques grandes prairies du Condroz ont été envahies par des quarter Horses et des paint Horses.

La crinière au vent, la petite dizaine de chevaux trottine gentiment dans l'herbe. Comme pour évacuer le trop-plein d'énergie qu'ils pourraient avoir en cette matinée ensoleillée du mois de mai. Face à eux, de l'autre côté de la chaussée, Ysabel Voos, santiags aux pieds et Stetson sur la tête, veille au grain. Ici, c'est son domaine. Son saloon.

"Les gens qui ne connaissent pas le coin sont parfois étonnés de découvrir l'écriteau "saloon" sur la façade. Mais ce n'est pas une erreur. On gère bien un ranch ici." Le "Valley Ranch" pour être plus précis, une sorte de petite hacienda wallonne constituée de quelques boxes pour chevaux, un rond de longe, une piste couverte et une buvette à l'américaine.

Tout pour les chevaux

A la tête de cette enclave texane en terre namuroise, Ysabel Voos raconte: "Tout a commencé à Andoy où je partageais une pâture pour chevaux avec d'autres membres d'un club de danse country dont je faisais partie. Malheureusement, après trois ans d'occupation, nous avons dû quitter ce terrain. Et c'est là que mon mari et moi avons trouvé cette fermette." En l'espace de six mois seulement, la famille Clerfayt-Voos déménage et s'installe à Florée, fin 2011. Histoire de réaliser son "petit" rêve américain.

"Cela fait cinq ans maintenant que je vis pleinement ma passion pour les chevaux, sourit la Namuroise d'origine. Ici, en plus de nos pensions équestres, on organise également des cours et des stages pour les enfants. En fait, on a réussi à joindre l'utile à l'agréable."

Plutôt bien accueilli par les villageois et les autorités communales, le "Valley Ranch" dénote à peine dans le paysage d'Assesse. "L'avantage, c'est que notre domaine se trouve en retrait par rapport au reste de la localité, explique Ysabel Voos. On n'a donc pas à s'inquiéter des voisins et du bruit que l'on peut faire lorsque nous organisons un gros événement par exemple." Comme c'est parfois le cas avec les concours d'équitation western.

La "zen attitude" des cow-boys

C'est que la passion d'Ysabel Voos ne se limite pas seulement à se balader dans les campagnes namuroises avec ses chevaux. "Je pratique l'équitation western depuis dix ans désormais, explique-t-elle avec enthousiasme. Pour faire simple, c'est une discipline dans laquelle les cavaliers doivent reproduire ce que les cow-boys font dans leur vie de tous les jours : passer des obstacles naturels, ouvrir une barrière pour aller d'un champ à l'autre, tirer un tronc d'arbre qui est tombé au sol et qui bloque le passage, rapatrier des vaches et les réunir dans un coral, manier correctement le lasso,..." Autant d'épreuves (70 au total, NDLR) découvertes... via YouTube et qui ont rapidement fasciné l'Assessoise d'adoption. A tel point qu'elle a co-fondé, en 2012, la Belgian Extreme Cow-boy Race (Bexca), la succursale noire-jaune-rouge de la fédération américaine.

"Ce que j'apprécie tout particulièrement dans ce sport, c'est la sensation de liberté qu'il procure. Par exemple, en équitation classique, on a tendance à tenir fermement les sangles de son cheval alors qu'on est plus lâche en équitation western. La plupart des cavaliers américains, dont Bill Cameron, un champion du monde qu'on reçoit de temps en temps en Belgique, travaillent plus calmement avec les chevaux. Ils ont une vision beaucoup plus cool de la discipline. Et je trouve que ça se ressent avec les bêtes qui, elles aussi, sont plus calmes. C'est sans doute pour ce genre de détails que j'aime tellement les Etats-Unis..."

Les grands espaces, la proximité avec la nature, les grandes tablées autour des barbecues ou encore la sérénité des cow-boys, voilà l'Amérique qui a séduit la propriétaire du "Valley Ranch". Une Amérique plus "profonde", loin du bruit des grandes villes. "Et je ne suis pas la seule dans la famille à être atteinte du virus ! Ma fille et mon mari sont également impliqués dans l'équitation western tandis que mon aîné a longtemps pratiqué le football américain à Andenne. D'ailleurs, c'est bien simple, si j'avais la place pour aménager un terrain de foot américain, je le ferais !" Partir vivre aux Etats-Unis, par contre, c'est une autre histoire...

"Je n'ai encore jamais eu l'occasion de voyager aux Etats-Unis, déclare Ysabel Voos. C'est une expérience que j'aimerais bien vivre au moins une fois. Mais de là à y déménager pour le reste de mes jours, je suis plus sceptique." Aimer les paysages d'un pays, c'est une chose. Mais épouser tous les pans de sa culture, c'en est une autre.

"Que Trump ne bousille pas tout !"

Ses racines namuroises chevillées au corps, la cow-girl de Florée a du mal à s'imaginer vivre aux Etats-Unis. "Nous, Européens, bénéficions d'avantages que les Américains n'ont pas, comme la couverture santé. C'est ce genre de privilèges qui me fait penser que les Américains n'ont pas une meilleure vie que nous. Si seulement ils essayaient de se donner les moyens de réduire les grandes disparités au sein de leur société comme on essaye de le faire en Europe. Mais je ne suis pas sûre que ce sera le cas avec Donald Trump..."

"Quand Trump est passé, je me suis dit que ce n'était pas une bonne chose pour les relations avec l'Europe notamment, poursuit Ysabel Voos. Tout ce que j'espère, c'est qu'il ne va pas trop bousiller tout ce qui est en place, même si c'est assez mal parti puisqu'il a déjà démonté l'Obamacare. Mais après tout, c'est le choix des Américains. Qui sommes-nous pour les juger ? Est-ce qu'un Bart De Wever vaut beaucoup mieux ? Je n'en suis pas certaine."

"Alors, sachant tout ça, où est-ce que je partirais m'installer si j'en avais la possibilité ? Je ne sais pas... Peut-être bien le Canada. C'est un bon mix après tout : on y trouve une qualité de vie à l'européenne avec des grands espaces et une proximité avec les Etats-Unis. Mais là où je me sens le mieux actuellement, c'est ici, à Florée." Ou quand les campagnes du Condroz relèguent les plaines texanes au second plan.


Chapitre IV
Disponible ce jeudi

Crédits

Un webdocumentaire réalisé par

Journaliste : Alan Marchal

Photographe : Alan Marchal

Webmaster : Kevin Rolin

Infographiste : Geoffrey Guillaume

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A l'occasion de la Fête nationale américaine, L'Avenir est parti à la rencontre de ces Wallons qui se passionnent pour les Etats-Unis et leur culture. De la danse country au catch en passant par les "muscle cars", le pays de l'Oncle Sam fascine. Mais qu'est-ce qui pousse réellement ces Belges à s'émerveiller pour l'Amérique ? Et est-ce que l'arrivée au pouvoir de Donald Trump à modifier leur rapport à la culture U.S. ? Début de réponse en cinq portraits.

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