“Derrière le volant,
on est à la fois
libre et rebelle

Dans leur Q.G. d'Amay, Patricia Content et son mari Patrick Martin, les organisateurs du festival Los Ama's, accueillent souvent leurs amis Frank Hulin et Frédéric Peigneur. Leur trip ? Mettre la tête sous le capot et avaler les kilomètres à bord de leurs "muscle cars" 100% “made in USA”. “Un avant-goût de leur conception de la vie à l'américaine, rebelle et hors normes à la fois.”

Kings of the Road

A Amay, le quatuor ne passe jamais inaperçu lorsqu'il décide de prendre la route. C'est que le bruit de leurs V8 et les courbes de leur carroserie ont l'art d'attirer les regards. A côté de leur pick-up et de leur muscle car, les allemandes et les françaises d'aujourd'hui peuvent aller se rhabiller tant elles semblent ternes. Non, vraiment, en ce mardi ensoleillé, les "Kings of the Road", c'est eux !

"Et dire qu'on s'est rencontré au baseball, sourit Frank Hulin, l'aîné de la bande. Cela faisait une douzaine d'années que je pratiquais ce sport du côté de Liège quand j'ai rencontré Patricia et Patrick à Huy. On s'est retrouvé à travailler ensemble autour de l'équipe des "Cardinals" à la fin des années 80. Et depuis lors, on ne se quitte plus."

"La cygogne a confondu Libin et le Wisconsin"

Car, s'ils n'ont pas poursuivi l'aventure avec les "Cardinals", Patricia, son mari Patrick et leur ami Frank se retrouvent encore et toujours autour de leur vraie grande passion : les belles mécaniques américaines.

"Dans les années 60, mon père a acheté une Plymouth Vaillant, se souvient Frank, cheveux gominés et accent du pays. Le son du moteur et l'odeur de l'habitacle m'ont marqué à vie."

"Je n'étais encore qu'un gamin mais je savais déjà que j'aurai une américaine quand je serai plus vieux." L'heureuse élue ? Une Chevrolet Advance Design de 1952.

Même sans freins et sans suspension arrière, cette Advance a rapidement tapé dans l'oeil de Frank avec son moteur flambant neuf et sa bonne boîte de vitesse. "Au départ, j'étais parti pour m'acheter une Barracuda comme mon père, mais voilà..." Le coeur a ses raisons que la raison ignore. Et ce n'est pas Patrick, l'ami de 30 ans, qui dira le contraire.

Du temps et de l'argent

"Moi, je possède une Chevrolet Apache de 1958. Malheureusement, je n'arrivais pas à avoir toutes les pièces nécessaires pour la retaper convenablement. En fait, ça fait seulement quelques mois que je peux me mettre au boulot. Il me reste à trouver le temps maintenant."

“Acheter et remettre sur pied une ancienne américaine, ça demande aussi pas mal d'argent. Il faut compter quelques milliers d'euros pour leur donner une nouvelle vie.”

L'esprit sur la Route 66, Patrick attend avec impatience le jour où il pourra faire rugir le moteur de son pick-up. "C'est tellement bon quand on conduit ce genre de voiture, explique-t-il. Derrière le volant, on est à la fois libre et rebelle. C'est ça que j'adore." Tout comme Frédéric Peigneur, "le petit jeune" de la bande.

 
 
 
 

Frédéric et sa “Christine” du Borinage

D'Amay également, comme Patricia et Patrick, Frédéric (40 ans) a rejoint la troupe il y a quelques années. "J'ai réellement fait leur connaissance il y a quatre ans plus ou moins lorsque je suis devenu bénévole pour Los Ama's, le festival rockabily qu'ils organisent chaque année, se souvient-il. On s'est vite bien entendu." Sans doute que sa Plymouth Fury de 1969 y est pour quelque chose, elle qui brise la glace aussi vite qu'elle ne ronronne.

"Je l'ai achetée du côté de Mons, se souvient Frédéric. Elle se trouvait dans une prairie depuis 15 ans avant que je ne la découvre par hasard. Je n'ai pas réfléchi longtemps : je suis tout de suite allé voir son propriétaire pour qu'il me la vende." Ou comment la "Christine" du Borinage fait désormais des ravages du côté de Liège. Avec, pour son conducteur, l'impression de vivre une partie de son rêve américain en attendant le jour où il traversera l'Atlantique.

"Des Sudistes dans l'âme"

"Comme Patricia et Patrick, je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter les Etats-Unis, soupire Fred. Mais je sais que ça me plairait." "On a l'impression que tout y est possible, poursuit Patricia. Les Américains, ils n'ont peur de rien, ils osent tout sans crainte d'être jugés."

"Nous, on aime les Etats-Unis depuis toujours. Ce n'est pas une passade, comme certaines personnes qui prétendent aimer le rockabily parce que ça revient à la mode. Non, on est Sudiste dans l'âme."

Loin de céder aux charmes souvent "superficiels" des grandes villes comme Las Vegas et New York, la joyeuse bande se verrait bien avaler les kilomètres en Californie ou au Texas, là où l'esprit rebelle existe encore. "Et là où on peut vraiment palper l'esprit frondeur des Américains, estime Frank Hulin, le seul d'entre eux à avoir déjà visité les Etats-Unis. Le hic, c'est que l'image qu'on se fait parfois de la vie sur place n'est pas tout à fait identique à la réalité... C'est beaucoup moins rose que ce que l'on imagine."

Partir ou pas ?

Car s'il admire les Etats-Unis pour la chance qu'elle offre aux "bosseurs" - "Des gars comme Alain Libioulle qui arrive au top parce qu'ils ont de l'imagination et qui parviennent à vendre des motos à Brad Pitt, c'est génial !" - le Liégeois a plus de mal avec l'autre facette de la société américaine.

"Les Américains ont beau être très prévenants, on sent que tout peut très vite basculer là-bas. Du jour au lendemain, vous pouvez passer de tout à rien. On dirait qu'il n'y a pas vraiment de juste milieu chez eux. Et je ne parle même pas des problèmes de racisme qu'on peut y rencontrer dans certains quartiers. Le truc, c'est de savoir si on veut y tenter sa chance ? Moi, si je pouvais revenir en arrière, je le ferai !"

“Refroidi par Trump”

De leur côté, Patricia et Patrick se montrent plus prudents : "On est un peu refroidi par l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. On ne se retrouve pas tellement dans l'Amérique qu'il défend." Surtout que ça risque de coûter un pont aux amateurs de belles mécaniques qu'ils sont...

"S'il oblige les grandes industries automobiles américaines à ramener toutes leurs chaînes de production aux Etats-Unis, ça risque de faire grimper les prix de certaines pièces, note Frank. Pour tous les étrangers qui ont une bagnole ou une Harley comme moi, des choix vont s'imposer. Et je ne suis pas certain que tout le monde va être d'accord de payer deux ou trois fois plus cher pour une pièce qui pourrait être aussi bien produite en Chine par exemple. C'est un mauvais calcul de la part de Trump, je trouve. Au final, il risque juste d'isoler son pays et ses habitants."

"Pourtant, au début, je l'aimais bien, poursuit le Liégeois. Son discours un peu "révolutionnaire" me plaisait. Mais là, je découvre un financier parano qui ne cherche qu'une chose : faire la guerre avec le premier venu. Obama n'était pas aussi bon qu'on le dit, mais Trump ne semble pas l'être non plus."

Résultat des courses ? Les muscles cars d'Amay attendront sans doute encore un peu avant de goûter au bitume de la Route 66.

“Derrière le volant,
on est à la fois
libre et rebelle

Dans leur Q.G. d'Amay, Patricia Content et son mari Patrick Martin, les organisateurs du festival Los Ama's, accueillent souvent leurs amis Frank Hulin et Frédéric Peigneur. Leur trip ? Mettre la tête sous le capot et avaler les kilomètres à bord de leurs "muscle cars" 100% “made in USA”. “Un avant-goût de leur conception de la vie à l'américaine, rebelle et hors normes à la fois.”

Kings of the Road

A Amay, le quatuor ne passe jamais inaperçu lorsqu'il décide de prendre la route. C'est que le bruit de leurs V8 et les courbes de leur carroserie ont l'art d'attirer les regards. A côté de leur pick-up et de leur muscle car, les allemandes et les françaises d'aujourd'hui peuvent aller se rhabiller tant elles semblent ternes. Non, vraiment, en ce mardi ensoleillé, les "Kings of the Road", c'est eux !

"Et dire qu'on s'est rencontré au baseball, sourit Frank Hulin, l'aîné de la bande. Cela faisait une douzaine d'années que je pratiquais ce sport du côté de Liège quand j'ai rencontré Patricia et Patrick à Huy. On s'est retrouvé à travailler ensemble autour de l'équipe des "Cardinals" à la fin des années 80. Et depuis lors, on ne se quitte plus."

"La cygogne a confondu Libin et le Wisconsin"

Car, s'ils n'ont pas poursuivi l'aventure avec les "Cardinals", Patricia, son mari Patrick et leur ami Frank se retrouvent encore et toujours autour de leur vraie grande passion : les belles mécaniques américaines.

"Dans les années 60, mon père a acheté une Plymouth Vaillant, se souvient Frank, cheveux gominés et accent du pays. Le son du moteur et l'odeur de l'habitacle m'ont marqué à vie."

"Je n'étais encore qu'un gamin mais je savais déjà que j'aurai une américaine quand je serai plus vieux." L'heureuse élue ? Une Chevrolet Advance Design de 1952.

Même sans freins et sans suspension arrière, cette Advance a rapidement tapé dans l'oeil de Frank avec son moteur flambant neuf et sa bonne boîte de vitesse. "Au départ, j'étais parti pour m'acheter une Barracuda comme mon père, mais voilà..." Le coeur a ses raisons que la raison ignore. Et ce n'est pas Patrick, l'ami de 30 ans, qui dira le contraire.

Du temps et de l'argent

"Moi, je possède une Chevrolet Apache de 1958. Malheureusement, je n'arrivais pas à avoir toutes les pièces nécessaires pour la retaper convenablement. En fait, ça fait seulement quelques mois que je peux me mettre au boulot. Il me reste à trouver le temps maintenant."

“Acheter et remettre sur pied une ancienne américaine, ça demande aussi pas mal d'argent. Il faut compter quelques milliers d'euros pour leur donner une nouvelle vie.”

L'esprit sur la Route 66, Patrick attend avec impatience le jour où il pourra faire rugir le moteur de son pick-up. "C'est tellement bon quand on conduit ce genre de voiture, explique-t-il. Derrière le volant, on est à la fois libre et rebelle. C'est ça que j'adore." Tout comme Frédéric Peigneur, "le petit jeune" de la bande.

Frédéric et sa “Christine” du Borinage

D'Amay également, comme Patricia et Patrick, Frédéric (40 ans) a rejoint la troupe il y a quelques années. "J'ai réellement fait leur connaissance il y a quatre ans plus ou moins lorsque je suis devenu bénévole pour Los Ama's, le festival rockabily qu'ils organisent chaque année, se souvient-il. On s'est vite bien entendu." Sans doute que sa Plymouth Fury de 1969 y est pour quelque chose, elle qui brise la glace aussi vite qu'elle ne ronronne.

"Je l'ai achetée du côté de Mons, se souvient Frédéric. Elle se trouvait dans une prairie depuis 15 ans avant que je ne la découvre par hasard. Je n'ai pas réfléchi longtemps : je suis tout de suite allé voir son propriétaire pour qu'il me la vende." Ou comment la "Christine" du Borinage fait désormais des ravages du côté de Liège. Avec, pour son conducteur, l'impression de vivre une partie de son rêve américain en attendant le jour où il traversera l'Atlantique.

"Des Sudistes dans l'âme"

"Comme Patricia et Patrick, je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter les Etats-Unis, soupire Fred. Mais je sais que ça me plairait." "On a l'impression que tout y est possible, poursuit Patricia. Les Américains, ils n'ont peur de rien, ils osent tout sans crainte d'être jugés."

"Nous, on aime les Etats-Unis depuis toujours. Ce n'est pas une passade, comme certaines personnes qui prétendent aimer le rockabily parce que ça revient à la mode. Non, on est Sudiste dans l'âme."

Loin de céder aux charmes souvent "superficiels" des grandes villes comme Las Vegas et New York, la joyeuse bande se verrait bien avaler les kilomètres en Californie ou au Texas, là où l'esprit rebelle existe encore. "Et là où on peut vraiment palper l'esprit frondeur des Américains, estime Frank Hulin, le seul d'entre eux à avoir déjà visité les Etats-Unis. Le hic, c'est que l'image qu'on se fait parfois de la vie sur place n'est pas tout à fait identique à la réalité... C'est beaucoup moins rose que ce que l'on imagine."

Partir ou pas ?

Car s'il admire les Etats-Unis pour la chance qu'elle offre aux "bosseurs" - "Des gars comme Alain Libioulle qui arrive au top parce qu'ils ont de l'imagination et qui parviennent à vendre des motos à Brad Pitt, c'est génial !" - le Liégeois a plus de mal avec l'autre facette de la société américaine.

"Les Américains ont beau être très prévenants, on sent que tout peut très vite basculer là-bas. Du jour au lendemain, vous pouvez passer de tout à rien. On dirait qu'il n'y a pas vraiment de juste milieu chez eux. Et je ne parle même pas des problèmes de racisme qu'on peut y rencontrer dans certains quartiers. Le truc, c'est de savoir si on veut y tenter sa chance ? Moi, si je pouvais revenir en arrière, je le ferai !"

“Refroidi par Trump”

De leur côté, Patricia et Patrick se montrent plus prudents : "On est un peu refroidi par l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. On ne se retrouve pas tellement dans l'Amérique qu'il défend." Surtout que ça risque de coûter un pont aux amateurs de belles mécaniques qu'ils sont...

"S'il oblige les grandes industries automobiles américaines à ramener toutes leurs chaînes de production aux Etats-Unis, ça risque de faire grimper les prix de certaines pièces, note Frank. Pour tous les étrangers qui ont une bagnole ou une Harley comme moi, des choix vont s'imposer. Et je ne suis pas certain que tout le monde va être d'accord de payer deux ou trois fois plus cher pour une pièce qui pourrait être aussi bien produite en Chine par exemple. C'est un mauvais calcul de la part de Trump, je trouve. Au final, il risque juste d'isoler son pays et ses habitants."

"Pourtant, au début, je l'aimais bien, poursuit le Liégeois. Son discours un peu "révolutionnaire" me plaisait. Mais là, je découvre un financier parano qui ne cherche qu'une chose : faire la guerre avec le premier venu. Obama n'était pas aussi bon qu'on le dit, mais Trump ne semble pas l'être non plus."

Résultat des courses ? Les muscles cars d'Amay attendront sans doute encore un peu avant de goûter au bitume de la Route 66.


Chapitre V

Crédits

Un webdocumentaire réalisé par

Journaliste : Alan Marchal

Photographe : Alan Marchal

Webmaster : Kevin Rolin

Infographiste : Geoffrey Guillaume

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A l'occasion de la Fête nationale américaine, L'Avenir est parti à la rencontre de ces Wallons qui se passionnent pour les Etats-Unis et leur culture. De la danse country au catch en passant par les "muscle cars", le pays de l'Oncle Sam fascine. Mais qu'est-ce qui pousse réellement ces Belges à s'émerveiller pour l'Amérique ? Et est-ce que l'arrivée au pouvoir de Donald Trump à modifier leur rapport à la culture U.S. ? Début de réponse en cinq portraits.

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