Xavier Van Dam (31 ans) a été condamné ce mardi 5 octobre 2021 à une peine de réclusion criminelle à perpétuité après avoir été reconnu coupable lundi soir de l’assassinat, du viol et de la séquestration de Wivinne Marion (42 ans). Voici cinq faits marquants de ce procès.

1. La condamnation: Xavier Van Dam, assassin et violeur, condamné à la perpétuité

Le jury a infligé cette peine après en avoir délibéré durant trois heures.

Les jurés retiennent entre autres l’extrême gravité des faits, le mépris que Xavier Van Dam a eu pour l’intégrité physique et psychique d’autrui en s’attaquant ainsi à une jeune mère de famille, les conséquences et le dommage engendrés à la famille, aux enfants et aux proches de Wivinne Marion.

Ils tiennent aussi compte des traits de personnalité inquiétants de Xavier Van Dam, de ses antécédents judiciaires, de l’émoi que ce sordide assassinat a créé au sein de la population ainsi que du trouble causé à l’ordre public.

Xavier Van Dam fait aussi l’objet d’une mise à disposition du Tribunal de l’application des peines pour une durée de 15 ans.

Cette peine maximale est celle qui avait été requise mardi matin par l’avocate générale, Audrey Seminara, qui ne retenait aucune circonstance atténuante. Le jury a donc marché sur ses pas. Les avocats de Van Dam, Me Toussaint, Me Closson et Me Devaux, avaient quant à eux sollicité 30 ans de prison ainsi qu’une mise à disposition du TAP également de 15 ans.

«Peine dure mais méritée»

Pour la maman de Wivinne Marion, Danielle Falque, cette peine est un soulagement. «Elle est dure mais méritée. Ce qu’il a fait à ma fille, c’est affreux. Il faut bien se rendre compte de ce qu’elle a enduré, toute la souffrance et les conséquences que ça implique: des familles brisées, des vies éteintes. C’était un rayon de soleil. C’est une peine exemplaire pour une petite femme exceptionnelle.»

Elle ajoute: «Wivinne, par sa mort, empêche d’autres décès comme cela d’avoir lieu. J’ai un pouvoir de résilience. Je n’ai pas le droit de me laisser aller. J’ai mes deux autres filles et cinq petits-enfants. Je dois donner de l’amour, m’occuper des autres et c’est ça qui me tient debout. La vie continue.»

Me Preumont a aussi eu un mot pour le mari de la victime, le Dr François Melebeck: «Il entrevoit l’avenir comme il le voit depuis trois ans : courageusement! Depuis trois ans, il vit avec cela. C’est pénible parce qu’il voit ses enfants grandir sans leur maman.»

Ces zones d’ombre qui frustrent la famille

Ce procès, éprouvant pour les familles, n’a toutefois pas permis d’éclairer toutes les zones d’ombre du dossier. Xavier Van Dam évoque toujours un trou noir concernant la rencontre avec la victime, Wivinne Marion. « C’est frustrant, irritant de ne pas savoir comment les choses se sont déroulées les unes après les autres. Mais, fondamentalement, ça ne change rien. L’horreur a été commise par lui. Et les détails de l’exécution, ce n’est pas le principal. Il faut se contenter de tout ce qu’on a pu reconstruire grâce, notamment, à l’enquête minutieuse de la police.»

2.Le mutisme de l’accusé

Pour l’ouverture du procès, un moment important était attendu: l’interrogatoire de l’accusé par le président de la cour, Olivier Warnon. Il s’est scindé en deux parties, celle sur le passé de Xavier Van Dam et l’autre, sur les faits. Le Flawinnois s’est montré loquace au début et a même fini en larmes quand il était question de parler de lui.

Pour les faits, en revanche, il a fait usage de son droit au silence. «Je reconnais ma culpabilité. Mais trois ans après, je ne l’explique toujours pas», a indiqué Xavier Van Dam. Le président a fait appel à la conscience de l’accusé pour tenter d’apporter des réponses à la famille, aux enfants. Impassible, Xavier Van Dam s’est muré dans son silence.

Un trou noir pas crédible

Si le toxicologue a expliqué que le mélange d’alcool et de cocaïne génère du cocaéthylène, une substance psychoactive qui donne la sensation d’être un surhomme et stimule la libido et les performances sexuelles, les six psychologues ont indiqué que l’alcool ne pouvait être pris en compte pour expliquer une perte de mémoire. «Et la cocaïne n’a pas été prise en compte car elle a un effet de stimulant», racontait, mercredi, Cécile Debabeche, psychologue. Les différents experts ont tous conclu sur le fait que ce trou noir n’était pas crédible. «C’est de la manipulation pour se dégager de ses responsabilités, commentait la psychologue Anne Massin. Cela l’arrange de maintenir sa version et il ne la changera pas. Au regard de son profil psychologique, ça colle.»

3. Le précieux apport des caméras et l’enquête de police fouillée

Xavier Van Dam a toujours indiqué aux enquêteurs qu’il ne se souvenait plus de rien à partir de 5h49, moment où il quitte la soirée des Folies Namuroises à Meux. Sa téléphonie, ainsi que les caméras de surveillance du côté de Jambes, Namur et Champion, ont permis de retracer son parcours à bord de sa Renault Laguna bleue.

Après avoir reconduit un ami à Bouge et passé du temps dans un bar à champagne à Lives-sur-Meuse entre 7h30 et 8h du matin, il a été filmé en train de remonter la chaussée de Louvain en voiture.

C’est à ce moment qu’il croise Wivinne Marion qui, elle, redescend la chaussée en direction de la rue Saint-Luc à Bouge. La Laguna bleue est aperçue ensuite quelques minutes plus tard en train de redescendre la chaussée également. Puis par une caméra d’un magasin rue de la Poteresse à 8h24. Puis à 8h38,39 et 40 rue de Fernelmont où il monte, descend puis remonte la même rue que la victime. Cette route mène vers le rond-point de Champion qui conduit vers le chemin des Tombes à Boninne. Le lieu où, à 8h46, l’application de running de Wivinne Marion s’arrête sans explication.

4. Des traits psychopathiques

Les psychologues et psychiatres lui ont fait passer à deux reprises et à deux moments différents, le test de Hare pour évaluer d’éventuels troubles psychopathiques. «Nos résultats sont légèrement différents mais convergent. Xavier Van Dam présente des traits psychopathiques sans pour autant que ce diagnostic soit posé de manière franche.»

5. La dignité de la famille

Le mari, la maman, la famille et les collègues de Wivinne Marion ont décrit, avec une incroyable dignité, celle qu’ils aiment devant les jurés de la cour d’assises. «C’est une description, un tableau idyllique», souriait Olivier Warnon, le président de la cour. François Melebeck, l’époux est également revenu sur cette matinée du 1er novembre. Il a cherché sa femme partout, même dans la salle de sport où elle avait l’habitude de se rendre. «Arrivez-vous à surmonter tout cela?», intervenait le président de la cour. «Non, répondait François Melebeck. J’élève mes enfants seuls. Et ils doivent grandir sans leur maman. Je trouve qu’ils sont admirables.» La maman de la victime, le lendemain, a expliqué la relation fusionnelle qu’elle entretenait avec sa fille. Et puis, au bout de son témoignage, elle s’est adressée à l’accusé. «Ressent-il la douleur d’une mère qui a perdu son enfant?» Xavier Van Dam a répondu que non avant de fondre en larmes.