Qui choisit ?

Une fois les coûts fixés, reste à faire le choix de l’œuvre d’art. Et là, c’est la Commission des Arts de Wallonie qui entre en scène.

La sélection de l’œuvre peut prendre différents chemins. Soit la Commune, ou l’un des intervenants, a « flashé » sur une œuvre existante et se l’offre (comme les deux cas andennais présentés par ailleurs). Soit il y a appel à projets. Un concours est dès lors organisé. Ce concours est présidé par un jury de la Commission des Arts de Wallonie.

Harold Grandjean (SPW) : « Dans le cadre d’une œuvre à réaliser, la loi sur les marchés publics complique un peu les choses. Même s’il y a des dérogations culturelles possibles. Le moyen le plus simple est de travailler avec la Commission des Arts de Wallonie. On met en place un appel à projets et un concours sur un thème défini par la Commune. Il y a alors une première sélection sur 3 projets (sur papier) puis ils ont x mois pour proposer un 3D de leur projet chiffré et budgétisé. Il y a alors une dernière sélection du jury qui définit l’œuvre lauréate. Mais ce n’est pas nécessairement l’œuvre la moins chère qui sera choisie, du moment qu’elle rentre dans l’enveloppe du budget. Après, c’est un choix artistique, esthétique, de faisabilité … Ce qui est déjà arrivé, c’est qu’après l’appel à projets, on n’en sélectionne aucun. »

Ceci, c’est pour une œuvre qui entre sous la responsabilité de la Région et pour son réseau. Si une Commune ne fait pas appel à elle (pour son réseau communal), elle peut gérer le dossier avec plus de liberté.

Cécile Crèvecoeur, échevine de la Culture à Namur : « Il y a deux manières de faire. Soit on fait un appel à projet quand on veut commander une pièce pour un lieu défini sans avoir une idée précise du projet. Ou alors, on choisit directement un artiste en actionnant le levier de la spécificité culturelle ou de la renommée de celui-ci. Pour le choix final, un jury est constitué avec des personnes de la Ville mais aussi externes (Académie des Beaux-Arts, Les Arts de Wallonie, …) pour déterminer le choix parmi les candidats qui auront rentré un projet budgétisé.»

À Namur, trois cas particuliers

Namur, capitale de la Wallonie, a vu pousser les ronds-points comme des champignons ces dernières années. Avec quelques œuvres remarquables dont trois présentent certaines particularités qui montrent aussi qu’à Namur, si on n’a pas nécessairement beaucoup de moyens, on a des idées.

Guy Leclercq

Olivier Strebelle

Victor Demanet

Ces cas particuliers démontrent les multiples possibilités qu’une Ville peut trouver pour financer les œuvres d’art posées sur le domaine publique.

L’échevine de la Culture, Cécile Crèvrecoeur, nous explique le parcours de ces trois œuvres.

Merci le MET

Premier cas, celui des Échasseurs, dont nous vous avons raconté les mésaventures par ailleurs. Cette œuvre du namurois Guy Leclercq orne depuis près de 20 ans le rond-point du square Arthur Masson. On se trouve ici face à une situation assez classique d’une œuvre commandée à un artiste par le MET (devenu SPW depuis).

Il s’agit d’un bronze représentant deux échasseurs se livrant combat. Il est posé sur un bloc de granit de 18 tonnes provenant d’une carrière à Andenne. Cette œuvre a coûté à l’époque environ 2,5 millions de francs (+/- 62.500 €). Ce qui représente un coût habituel. La particularité ici est que c’est le MET qui a pris en charge la totalité des coûts. Pour la Ville, c’est cadeau. Reste pour elle le coût de l’entretien du bronze et de l’assurance.

À ce sujet, la plupart des statues situées à Namur sont couvertes par une assurance « groupe ». Elles font partie du patrimoine communal et sont assurées dans un contrat de globalité, elles ne sont pas assurées « à la pièce » (sauf le Strebelle).

 

Un Strebelle à l’œil

Autre cas intéressant, c’est celui de l’œuvre d’Olivier Strebelle, « À bras ouverts », située à proximité du confluent  Sambre et Meuse.

Cécile Crèvrecoeur : « C’est une œuvre qui est en dépôt suite à une exposition ‘’ Parcours sculpture en ville ‘’ qui était consacrée à Olivier Strebelle en 2014. Après le démontage de cette exposition (une douzaine d’œuvres en ville) et suite aux nombreuses réactions positives du public, Olivier Strebelle a proposé à la Ville de laisser cette œuvre sur place, en dépôt. Il n’y a pas de date limite à ce dépôt/prêt. L’artiste ici ne demande rien en échange si ce n’est que la Ville prenne en charge l’assurance (2.500 € par an pour un montant assuré de 240.000 €) et les frais d’enlèvement le jour où il voudra la récupérer (+/- 5.000 €). Sauf si d’ici là, la Ville décide finalement de l’acheter. Mais un achat n’est pas à l’ordre du jour actuellement. Pour cela, il faudrait trouver un mécène, un partenaire, …»

Il s’agit ici d’un bronze qui a été réalisé en 1999 et a été installé sur ce rond-point en 2014. C’est de nouveau une opération quasiment blanche pour la Ville.

 

La rénovation d’Albert

Enfin, la cas particulier de la statue équestre d’Albert Ier . Elle était située au confluent de la Meuse et la Sambre depuis 1955. À l’époque, ce très grand bronze de près de 5 m de haut et de 4 tonnes avait coûté 7,4 millions de francs !

Cécile Crèvrecoeur : « Cette statue équestre a été restaurée et déplacée sur un nouveau rond-point avenue Albert Ier pour un coût total de 175.346,79 €. En ce compris un montant forfaitaire de 150 € ( !) pour l’armée qui a réalisé un spectaculaire déménagement depuis le confluent vers le chantier naval de Beez où elle a été restaurée par une société spécialisée. Tous les coûts ont été pris en charge par la Ville. Pas d’aide ni de subside régionaux ici, malheureusement. »

L’entretien est assuré par la Ville pour un coût de +/- 1.700 € tous les deux ans.