La percée allemande est fulgurante, inattendue. Elle ne s’apparente cependant pas à une avancée irrésistible comme espérée au sein de son état-major. La résistance américaine est une réalité.
Ainsi, à Elsenborn, l’infanterie US donne bien plus que du fil à retordre aux blindés de Sepp Dietrich. Des GI’s, pourtant non aguerris, se battent farouchement à Bütgenbach et dans la région de Rocherath. Pendant plusieurs jours, avec ses trois canons, le major Parker stoppe les Allemands à La Baraque de Fraiture. Partout sur le front, des actes de bravoure, voire d’héroïsme sont recensés.
L’analyse alliée
Dès l’attaque connue, la principale interrogation dans les rangs alliés est de savoir s’il s’agit d’une opération de diversion ou réellement d’une offensive. Pour les observateurs alliés, l’Allemagne est incapable d’en mener une d’ampleur. Par précaution, ils dépêchent deux divisions en Ardenne. Le 17 décembre, ce sont les paras des 82e et 101e qui reçoivent l’ordre de se rendre sur le théâtre des opérations.
Les alliés prennent de plus en plus la mesure de l’avancée allemande. À la réunion de crise de Verdun, la percée allemande coupant les alliés en deux, il est décidé que la première armée US sera placée sous le commandement de Montgomery. Les Britanniques entrent dans la danse. La région de la Meuse va être sécurisée par leurs troupes. Leurs paras, en repos, sont envoyés sur le front.
Avancée maximale
Certes, ce front s’enfonce. Mais les Allemands vont buter sur ce que le colonel Engels qualifie de « deux brise-lames » : Saint-Vith et Bastogne. Deux nœuds routiers, deux villes stratégiques. Leurs défenses sont héroïques. Peu avant Noël, la percée allemande est arrivée à son maximum. Une jeep occupée par des hommes de Skorzeny saute sur une mine près de Dinant. À Celles, le 24 décembre, une civile, Marthe Monrique entre dans la légende. En donnant de mauvaises informations aux Allemands, elle bloque une colonne blindée. Colonne qui sera décimée.
À court de carburant, Peiper saborde ses chars à La Gleize. Les troupes allemandes se cassent les dents devant Hotton.
Elles tentent de passer par Verdenne pour atteindre la Meuse. Un échec. Les combats sont d’une violence inouïe. Les Américains ne cèdent presque rien. C’est également le cas à Manhay, à Sadzot…
La contre-offensive
Le 26 décembre, Patton brise l’encerclement de la ville de Bastogne. Les combats ne cessent pas pour autant dans la région, bien au contraire. La contre-offensive alliée, elle, est officiellement lancée le 3 janvier 1945. Chaque parcelle de terrain est reprise, parfois au bout d’âpres combats. Cinq jours plus tard, les Allemands décident de retirer une partie de leurs troupes du front.
Les jonctions entre troupes américaines et britanniques se font. Le 11 janvier, dans les ruines de La Roche-en-Ardenne. Le 14 à la Barrière de Champlon. Le 16 janvier, près de Houffalize, la 1re armée US, sous le commandement de Montgomery et la 3e de Patton se rencontrent. Fin du mois, les Allemands sont repoussés au-delà de leurs positions d’avant la bataille. L’ultime rêve d’Hitler d’infléchir le sort des armes est un échec.
Nombre de tués
Nombre de blessés
Correspondant de guerre, dont le récit de la bataille est repris sur les murs du Mardasson, le colonel S.L.A. Marshall note : « Nulle part ailleurs, jamais il n’y eut autant de sang américain versé au cours d’une même bataille. » À ce bilan, s’ajoute celui des civils.
Les Belges dans la bataille
Parmi les belligérants, du côté allié, on retrouve plusieurs nationalités. Ainsi, des Belges ont évolué sur le secteur des opérations. Au sein des bataillons de fusiliers notamment. Intégrés au sein des unités US, ces hommes, souvent d’anciens résistants, ont reçu un entraînement assez sommaire.
Le 6e bataillon, se trouve confronté au choc le 16 décembre, dans la région d’Elsenborn, où il s’illustre. Le 5e bataillon est à la base d’un véritable « coup ». Dans la région de Stavelot, ses hommes vont incendier un immense dépôt d’essence de l’armée américaine, empêchant un ravitaillement indispensable aux troupes allemandes. Le 11e bataillon, pour sa part, est intégré dans l’armée de Patton. Après la bataille, il se chargera, à Bastogne, d’opérations de sécurité.
D’autres Belges combattent au sein des SAS britanniques, les Special Air Service. Parachutistes, ils sont affectés à la 6e aéroportée. Les SAS Renquin, de Villermont et Lorphevre trouvent la mort non loin de Bure. Ce sont également des SAS belges, en reconnaissance, qui découvrent le massacre de Bande.
Portant l’uniforme allemand, plusieurs Belges de la Légion Wallonie accompagnent Léon Degrelle dans la région de Limerlé et Steinbach. Ils ne participeront pas aux combats.
Gallois, Écossais, Français, Norvégiens
Même si la libération de Saint-Hubert a alimenté – et alimente encore – de nombreuses conversations entre historiens et passionnés de la bataille des Ardennes, le 11 janvier, sur l’hôtel de ville, un drapeau français flotte. Des SAS français, en mission de reconnaissance, ont précédé les troupes américaines dans la libération de la cité. Ces Français assuraient, depuis le lendemain de Noël, des missions pour les paras britanniques auxquels ils étaient, comme les SAS belges, rattachés. Dans les troupes britanniques, on dénombre des Anglais mais également des Gallois, des Écossais, des Canadiens. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui, le 3 janvier 1945, libèrent Rochefort.
Dans les rangs alliés, on retrouve aussi des soldats d’autres nationalités. Des Norvégiens par exemple. Avec un drakkar comme emblème, ces hommes attachés aux troupes américaines prendront une part active aux combats de Malmedy. Dans la psychose liée à la présence des hommes de Skorzeny (des soldats allemands sous uniforme US), leur anglais parlé avec un accent germanique, leur a parfois causé quelques soucis.