Il l’avait annoncé en octobre: sa participation à l’Open d’Australie serait son dernier tournoi pro. Le couperet est tombé ce jeudi 16 janvier 2020 après une élimination dans les qualifications du tournoi du Grand Chelem. La fin d’une aventure de 17 ans dans le milieu de la petite balle jaune.

La carrière de Steve Darcis restera marquée par deux titres à l’ATP, à Amersfoort en 2007 et Memphis en 2008, deux accessions en finale de la Coupe Davis avec la Belgique, en 2015 et 2017, une victoire au premier tour contre Rafael Nadal à Wimbledon en 2013 et beaucoup de blessures. Retour sur 5 moments marquants de sa longue carrière.

Le 22 juillet 2007:
l’épopée d’Amersfoort

À 23 ans, Steve Darcis sort de l’ombre, grâce à son formidable parcours au tournoi d’Amersfoort. Classé à la 297e place mondiale, le Liégeois, qui dispute seulement sur la terre battue des Pays-Bas, le 2e tournoi ATP de sa carrière, s’impose en finale face au vétéran autrichien Werner Eschauer (ATP 125).

Grâce à ce succès final conquis après s’être extrait des qualifications et après avoir évincé quatre joueurs du Top 70, Steve Darcis se hisse à la 146e place mondiale. «Shark» remportera par ailleurs un second tournoi dans sa carrière, en s’imposant l’année suivante à Memphis.



Le 24 juin 2013:
l’exploit contre Nadal à Wimbledon

Incredible! Shocking!

À 29 ans, Steve Darcis réussit le plus bel exploit de sa carrière en Grand Chelem. Au 1er tour à Wimbledon, «Shark», classé alors 135e mondial, élimine Rafael Nadal, 5e joueur mondial. 7-6 (7/4), 7-6 (10/8), 6-4. C’est la première fois de sa carrière que le Marjorquin perd au premier tour d’un tournoi du Grand Chelem. Mais pas l’unique puisque Rafael Nadal perdra aussi au 1er tour de l’Open d’Australie 2016 face à son compatriote Verdasco.

«Personne ne s’attendait à ma victoire, et moi non plus à vrai dire, confiera Steve Darcis. Mais je voulais être à la hauteur. J’étais bien décidé à défendre chèrement ma peau.»

Pour fêter son exploit, le Liégeois dira vouloir «boire une petite bière de récupération. Mais une seule. Car ce serait dommage d’en rester là.»

Effectivement. Et pourtant, Steve Darcis en restera bien là. Victime d’une blessure à l’épaule, il déclarera forfait pour son 2e tour contre le Polonais Kubot. Il sera opéré en octobre, ce qui le mettra sur la touche pour 8 mois.



Le 20 septembre 2015:
il envoie la Belgique en finale de Coupe Davis

Dans une enceinte de Forest-National en folie, Steve Darcis, classé alors 64e mondial, envoie la Belgique en finale de la Coupe Davis. Pour la première fois depuis 111 ans! Le Liégeois s’impose dans le 5e match face à l’Argentin Federico Delbonis (ATP 65) 6-4, 2-6, 7-5 et 7-6 (7/3).



En finale à Gand, Steve Darcis, préservé, ne disputera pas le simple du premier jour contre Andy Murray, et devra se contenter du double perdu avec David Goffin face aux frangins Murray. Deux ans plus tard, Steve Darcis disputera aussi sa deuxième finale face à la France. C’est lui qui propulse à nouveau les joueurs de Van Herck vers l’apothéose en remportant le cinquième match décisif en demi-finale au Palais 12 du Heysel face à l’Australien Thompson (ATP 70). Mais à Lille, il perd ses deux simples face à Tsonga et surtout face à Pouille lors du cinquième match décisif. 6-3, 6-1, 6-0. «Je suis abattu par ma prestation. J’ai été mauvais. C’est le tennis, ça arrive», dira-t-il. Surnommé Mister Coupe Davis – «Petit, elle me faisait davantage rêver que les Grands Chelems» –, Steve Darcis fera par la suite part de tout son désarroi à propos de la réforme de cette épreuve.

Au total, Steve Darcis aura joué 43 matches sous la vareuse belge. Son bilan renseigne 24 victoires pour 19 défaites.

Le 22 mai 2017:
le meilleur classement de sa carrière

À 33 ans, Steve Darcis grimpe à la 38e place mondiale, soit le meilleur classement ATP de sa carrière. Il atteint ce pic grâce notamment à de brillants parcours réalisés en 2016 et en 2017 dans des Challengers. Cette montée à la 38e place intervient ainsi au lendemain de son succès en finale à Bordeaux. Il s’agit-là de sa 10e et dernière victoire d’une épreuve appartenant au circuit secondaire du tennis professionnel.



Au total, Steve Darcis aura passé sur l’ensemble de sa carrière 257 semaines dans le Top 100. Soit près de 5 ans. Il n’aura toutefois connu les joies du Top 50 que durant l’espace de 20 semaines. La faute évidemment aux multiples blessures (épaule, dos, poignet) qui ont jalonné son parcours sportif.

Le 16 janvier 2020:
le point final

Steve Darcis (ATP 176) l’avait annoncé le 12 octobre dernier lors du tournoi d’Anvers: l’Open d’Australie devait être sa dernière apparition sur le circuit. À Melbourne, «Shark» ne parvient pas à rejoindre pour la 35e et dernière fois de sa carrière le tableau final d’un Grand Chelem.

Il s’incline 7-5, 7-5 contre le Français Elliot Benchetrit (ATP 229) au premier tour des qualifications. «J’aimerais bien laisser l’image de quelqu’un qui s’est toujours accroché, qui a toujours fait ce qu’il a pu et qui a d’exploité le maximum de son potentiel, confie le Sprimontois. C’est un peu ça que j’ai envie que l’on retienne.»

«Je suis au bout du chemin»

Sans plus d’essence dans le moteur, à force de se battre contre la douleur (au coude) depuis si longtemps, Steve Darcis avait annoncé le 12 octobre qu’il allait raccrocher sa raquette à 35 ans.

C’était un secret de polichinelle, mais Steve Darcis a officiellement annoncé son prochain départ à la retraite sportive en marge de l’European Open, tournoi ATP 250 d’Anvers.

«Chacun le sait, depuis 2017, je suis assez fortement blessé au coude. J’ai tiré sur la corde cette année-là pour finir la saison via la finale de la Coupe Davis (contre la France) à Lille, mais j’ai été obligé de faire l’impasse sur 2018. J’espérais mettre à profit ce repos pour me retaper histoire de finir ma carrière comme et quand je le voulais mais après un bon début de saison 2019, la situation s’est aggravée. Après Wimbledon, de nouveaux examens ont montré de nouvelles fissures sur un autre tendon. J’ai beaucoup discuté avec staff et médecins, mais il n’y a rien à faire. Corps et mental aux abonnés absents, la décision d’en rester là s’est imposée. J’avoue que je n’ai plus d’essence dans le moteur. Je suis au bout du chemin», a expliqué celui qui avait commencé sa carrière pro en 2003.

«Un Grand Chelem, c’est un bel endroit pour raccrocher. Ma décision est prise. J’aurais aimé décider seul du moment de mon départ, mais tête et corps m’y obligent: je raccrocherai un peu frustré mais très fier du chemin parcouru», ajoutait-il.

Laisser l’image de quelqu’un qui s’est toujours accroché

Son dernier match restera donc une défaite 7-5, 7-5 contre le Français Elliot Benchetrit (ATP 229) au premier tour des qualifications de l’Open d’Australie. « Je suis triste que cela soit fini”, a-t-il réagi à chaud. “Je joue au tennis depuis l’âge de 6 ans, je suis pro depuis 2002. Cela fait beaucoup de choses en même temps. Je pense avoir fait une carrière correcte, j’ai été bien classé (NdlR : il fut 38e à l’ATP en mai 2017), j’ai eu des hauts et des bas. Au rayon des souvenirs, il y a bien sûr ma victoire contre Nadal, mais aussi certaines rencontres de Coupe Davis, ma victoire contre Berdych aux Jeux Olympiques (NDLR : à Londres en 2012), mon premier titre à l’ATP, ma première victoire en Challenger, en Futures. Toutes les premières fois sont importantes. Ce sont des moments qui resteront gravés ».

Et quelle image Steve Darcis, surnommé Shark et Mister Coupe Davis dans le milieu, aimerait-il que les gens gardent de lui ? « Il faut le leur demander » a-t-il souri. « Disons que j’aimerais bien laisser l’image de quelqu’un qui s’est toujours accroché, qui a toujours fait ce qu’il a pu et qui a exploité le maximum de son potentiel. C’est un peu ça que j’ai envie que l’on retienne  » a ajouté le Sprimontois, qui n’aspirait désormais qu’à une chose. « Mon rêve, c’est de passer cinq jours dans mon lit (sic) et de revoir mes filles. Je n’ai pas versé une larme dans les vestiaires, mais c’est difficile. J’ai une boule dans la gorge, je suis triste parce que cela s’arrête. C’est une page importante de ma vie qui se tourne et je vais en commencer une deuxième. Je vais avoir besoin de me poser, de voir comment je réagis et je gère tout ça. Et dans quelques jours, j’y verrai sans doute plus clair ».

La réaction de ses proches
lors de l’annonce de sa retraite

Le papa, la maman et de nombreux proches de Steve Darcis réagissent à la fin de la carrière internationale du tennisman liégeois.

Son avenir

Team Pro de l’AFT et maximum 5 kilos à prendre…

Le Liégeois, 35 ans, a déjà toutefois une idée de ce qu’il va faire dans les mois à venir. « Je commence à l’AFT (l’aile francophone de la fédération de tennis, ndlr) en mars avec les plus de 18 ans, avec le Team Pro », a révélé Darcis après son élimination à Melbourne. « C’est un beau projet. Il y a de bons joueurs, des jeunes qui sont motivés. Moi aussi, j’ai envie de commencer, de me lancer dans autre chose, même si l’adrénaline des matches, le fait de se faire mal sur un terrain, va me manquer. Je me suis fixé une limite de 5 kilos à prendre » a-t-il souri. « Il va donc falloir que je continue à faire un peu de sport, sinon je vais en prendre 15. J’ai encore envie de faire des trucs, mais je ferai des trucs plus marrants. Maintenant, pour entraîner les jeunes, je devrai aussi rester en forme et jouer un peu ».

Steve Darcis s’était déjà lancé dans le coaching en 2018, lorsqu’il était sur le flanc à la suite d’une blessure au coude droit. Il avait notamment accompagné Yanina Wickmayer sur le circuit à Wimbledon et à l’US Open. Et il se murmure qu’il pourrait succéder, à terme, à Johan Van Herck, comme capitaine de Coupe Davis.

« Je n’en sais rien. Ce n’est pas moi qui décide. Pour l’instant, Johan est là et il réalise un boulot incroyable. Il est indéboulonnable. Est-ce qu’un jour on va me le demander ? L’avenir nous le dira. Bien sûr que l’envie est là, mais ce n’est pas moi qui vais décider », a poursuivi le ‘Shark’. « J’ai vécu une expérience géniale comme capitaine de la Belgique lors de l’ATP Cup. C’est la meilleure compétition que j’ai pu faire de toute ma carrière. L’endroit, le format, les joueurs motivés, tout était réuni. Je me suis investi à fond. Je ne sais pas si j’ai été bon, il faudra le demander aux autres, mais en tout cas, c’était très chouette ».

Darcis en bref

Né le 13 mars 1984 à Liège | Droitier

ATP:

  • Victoires (2): Amersfoort (P-B/2017/terre battue), Memphis (USA/2018/dur)
  • Finaliste (1): Amersfoort (P-B/2018/terre battue)
  • Challenger (10): Bordeaux (Fra/2017/terre battue), Eckental (All/2016/moquette), Trnava (Svq/2016/terre battue), Lyon (Fra/2016/terre battue), Nouméa (N-C/2015/dur), Rennes (Fra/2014/dur), Trani (Ita/2011/Challenger), Scheveningen (P-B/2011/terre battue), Cordenons (Ita/2010/terre battue), Helsinki (Fin/2007/dur)
  • Futures (9): Arlon (2014/10.000 dollars/terre battue), Eupen (2014/10.000 dollars/terre battue), Enschede (P-B/2013/15.000 dollars/terre battue), Belek (Tur/2007/10.000 dollars/terre battue), Angers (Fra/2007/15.000 dollars/terre battue), Lille (Fra/2005/15.000 dollars/dur), Feucherolles (Fra/10.000 dollars/2005/dur), Deauville (Fra/2005/10.000 dollars/terre battue), Hrotovice (Tch/10.000 dollars/2003/moquette)

Carrière:

  • Au total: 118 victoires, 134 défaites |
  • En Grand Chelem: 15 victoires, 32 défaites
  • Masters 1000: 5 victoires, 9 défaites

Grand Chelem:

  • Open d’Australie: 3e tour (2017)
  • Roland-Garros: 3e tour (2011)
  • Wimbledon: 2e tour (2009, 2013, 2017, 2019)
  • US Open: 2e tour (2008, 2011, 2012, 2015, 2016)

Coupe Davis:

  • Premier match le  25/09/2005: Belgique/USA 1-4 à Louvain, Jambes Blake (USA) bat Steve Darcis (BEL) 7-5, 6-1
  • Au total: 24 victoires, 19 défaites
  • Davis Cup Commitment Award: 8 avril 2017

Jeux Olympiques:

  • 2008 à Pékin (battu au 1er tour par Nicolas Massu/Chi)
  • 2012 à Londres (battu au 3e tour/8e de finale par Nicolas Almagro/Esp)

Sportif de l’année:

  • 2015 en catégorie Equipe de l’année