C’était il y a vingt ans jour pour jour, Noël Godin et ses comparses entartaient Bill Gates à Bruxelles. Plus discret pour l’heure, mais loin d’être retraité de l’entartage, le Bruxellois revient sur l’attentat pâtissier qui l’a fait connaître aux quatre coins du globe. Son plus beau coup, avoue-t-il d’ailleurs.

Quatre février 1998. Alors que Bill Gates s’apprête à franchir les portes du concert noble de Bruxelles, le temps est gris, il est presque 14h30 quand une volée de tartes à la crème s’écrase alors sur le visage du milliardaire américain. La scène est confuse. Les images du boss de Microsoft, maculé de crème fraiche, filant se débarbouiller aux toilettes, font rapidement le tour de la planète.

C’est quelques jours plus tôt que l’histoire de cet attentat pâtissier débute. « Une action de la sorte ne s’organise pas en quelques heures », rétorque fièrement Noël Godin.

Un matin, alors qu’il n’y avait même pas réfléchi, un coup de téléphone anonyme lance l’opération. « J’ai un jour reçu un appel d’une voix mystérieuse, raconte l’entarteur. Il savait que nous étions surveillés et sur écoute et ne voulait pas parler au téléphone. Il me donne rendez-vous dans un bistro, je le retrouve et découvre qu’il s’agit d’un cadre de Microsoft. »

Ce dernier va droit au but et propose à Noël Godin d’entarter son patron. Rien que ça. « Pour lui donner une bonne leçon, parce que son arrogance est insupportable », justifie le cadre. Godin saute évidemment sur la balle. Une équipe est rapidement mise sur pied. « On invite une trentaine de comparses, mais on reste particulièrement prudent au vu du gros gibier, glisse l’entarteur. Contrairement à d’habitude, on ne dévoilera le nom de la cible qu’au tout dernier moment. »

L’opération a failli capoter

Après des heures de discussion pour mettre sur pied le plan d’attaque, arrive enfin le jour J. A l’ombre d’une petite rue de Saint-Josse, l’excitation est à son comble dans la cuisine de Noël et Sylvie, sa compagne. « Tout le monde est dans un état invraisemblable quand on lâche enfin le nom », se souviennent-ils en cœur.

Le plan initial prévoit un entartage en début de journée. Bill Gates a en effet rendez-vous dans un hôtel en face de la gare centrale. « Comme nous étions en avance, nous allons prendre des forces dans un bar de la gare, reprend le Bruxellois. Une bière ou deux. Mais Bill Gates est lui aussi sur place plus tôt que prévu. On le voit arriver de dos. C’est raté.  Une catastrophe, nous avons raté l’opération imbécilement. Heureusement, il nous reste un plan B. »

La bande à Godin sait en effet qu’en début d’après-midi, le milliardaire est attendu au concert noble cette fois. « Où il sera accueilli comme un chef d’état par des membres du gouvernement, glisse-t-il. Cette fois pas question d’arriver en retard. »

En plus des honneurs ministériels, le déplacement de Bill Gates à Bruxelles se déroule sous haute sécurité. « Dans toute l’histoire de la saga pâtissière, c’était la première fois que nous étions confrontés à une mitraillette, se souvient encore Noël Godin. Tout le monde est prévenu pour éviter les mauvaises surprises. J’avais demandé aux complices de sourire un maximum et de crier Gloup-gloup (NDLR : le cri d’attaque de Noël Godin) pour ne pas vivre un dérapage. »

A l’entrée du concert noble, l’espace est réduit. En sortant de sa voiture, Bill Gates enjambera quelques marches avant de déjà franchir les portes et se retrouver à l’intérieur, à l’abri. L’opération doit donc être rapide. « On se divise en petits groupes, les tartes sont réparties, cachées parfois dans des sacs, sous les vêtements ou même dans du matériel de photographe, détaille l’entarteur. La méfiance ne règne pas du tout. Bill Gates est encore en avance, mais cette fois nous sommes prêts. »

Toutes sirènes hurlantes, Bill Gates débarque en effet. Quatre membres du commando des pâtissiers se jouent de la sécurité et écrasent leur tarte sur le visage du milliardaire médusé. Tout se passe très vite, les membres de la sécurité ne dégainent pas. Une caméra le suit même jusque dans les toilettes du concert noble. « Dans la précipitation, personne n’a pensé à les empêcher de filmer, d’où cette scène très très comique », se marre Godin en rejouant la scène dans la même cuisine qui avait servi de quartier général il y a vingt ans. L’opération est une réussite. Les images sont diffusées partout. « Le retentissement a été inouï, nous n’avions pas pensé à ça », termine l’entarteur. Devant le concert noble, la troupe peut lancer son slogan gloupinesque du jour, un poème en parfait alexandrin qui souligne les raisons de l’attentat pâtissier: « Entartons, entartons, le polluant pognon. » Tout était dit.

Les dix infos méconnues de l’entartage de Bill Gates

Un espion dans la délégation

Pour mettre toutes les chances de son côté, l’équipe d’entarteurs est parvenue à envoyer un espion dans la délégation de Bill Gates. « Il s’est fait passer pour un journaliste de la RTBF, rigole Godin. Il a demandé à accompagner Bill Gates tout au long de son voyage à Bruxelles, dans le cadre d’une émission. On lui a dit oui, sans même vérifier son identité. C’est invraisemblable. Il n’avait même pas de carte presse. Ça aurait pu être n’importe qui. C’était d’ailleurs n’importe qui. Il n’a pas quitté Bill Gates de la journée. C’était un atout extraordinaire. »

Trappistes artisanales explosives

Pour passer le temps après l’échec du plan A et en attendant de pouvoir tenter le plan B, toute l’équipe retourne boire un verre dans un café du centre de Bruxelles. « Là, tout le monde se shoote à la trappiste artisanale explosive, insiste l’entarteur. Nous avions besoin de reprendre des forces après avoir échoué lamentablement en arrivant en retard devant l’hôtel de la gare centrale. Autant vous dire que tout le monde était motivé. On s’est dirigé en direction du concert noble en chantant la Makhnovtchina, un vieil hymne russe anarchiste (Il se met à chanter). »

Un entartement international

Le quatre février, ce n’est pas une, mais quatre tartes qui s’écrasent sur le visage de Gates. « Un entartement international, détaille Godin. Il y avait en effet une tarte suisse, une israélienne, une autre irlandaise et évidemment une tarte belge. »

Godin n’a pas entarté Bill Gates, au contraire du réalisateur de C’est arrivé près de chez vous

Contrairement à ce que beaucoup croient, instigateur de l’action, Noël Godin n’a pas entarté directement Bill Gates. Il a fait diversion, puis a lancé son slogan gloupinesque. Derrière la tarte belge, comme aime en rigoler Godin, se cache Rémy Belvaux, le réalisateur de « C’est arrivé près de chez vous », grand ami de Noël Godin, décédé en 2006.

Les gardes du corps renvoyés sur le champ

Si Bill Gates ne portera finalement pas plainte contre Godin et sa troupe, il décidera par contre, sur le champ, de renvoyer toute son équipe de gardes du corps. « Il s’est nettoyé le visage, a fait pipi et a mis toute son équipe venue des États-Unis à pied, précise l’entarteur. Il s’est rendu compte que si cela avait été de vrais terroristes, il était cuit. »

La patronne de Wittamer arrêtée

Apparemment amateur de pâtisserie, Bill Gates s’était rendu le matin même au Sablon, dans la boutique de chez Wittamer pour commander des gâteaux à lui livrer en fin d’après-midi à son hôtel. Ignorant l’incident qui venait d’avoir lieu, la patronne, madame Wittamer, effectue en personne la livraison. Devant l’hôtel, elle se présente et annonce des gâteaux pour Bill Gates. Elle sera houspillée et mise en état d’arrestation. « Elle a raconté l’histoire bien plus tard lors d’une interview de Benoit Lamy, confirme Noël Godin. Douze ans après, elle n’en était toujours pas remise. »

Caméra confisquée, flics amusés

Une fois le calme revenu, la police procède à quelques arrestations. Une caméra filmant la scène est confisquée. « On ne récupèrera jamais les images, regrette Godin. Une partie des comparses passera une demi-journée derrière les barreaux, mais ils seront très bien traités par la police, comme souvent en Belgique. Ceux-ci trouvent en effet amusant de voir l’homme le plus riche du monde entarté de la sorte par des garnements sans moyens. »

Des tartes offertes

Beaucoup de grands pâtissiers avaient proposé d’offrir les tartes pour les entartements de Noël Godin. « Mais pour éviter de faire de la pub, nous leur avions toujours dit non, indique-t-il. Nous avions pour habitude de nous fournir toujours chez le Petit pain frais, un petit pâtissier artisanal de la chaussée de Haacht. Ce jour-là, il nous a offert les tartes. » La boutique n’existe plus aujourd’hui.

Un nouveau Bill Gates

Si Bill Gates ne s’est jamais exprimé sur l’attentat pâtissier, il a changé son attitude après celui-ci. « Mais on ne veut pas s’attribuer tous les mérites, corrige Noël Godin. On ne saura sans doute jamais si c’est celui-ci qui l’a fait changer. L’idée derrière cette action était de mettre en avant son avarice bien connue. Désormais, il passe pour avoir une dimension de philanthrope qu’il n’avait pas du tout à l’époque. Il était considéré comme l’oncle Picsou. Après notre action, il a sans doute réfléchi à son image négative. Il a pu se dire qu’elle était exécrable et que ce n’était pas une bonne chose pour lui. »

Formation d’entartage à New York

Comme il l’avoue lui-même, l’action de Godin a eu un retentissement inouï. « On ne l’avait pas imaginé, avoue-t-il. A partir de là, je me suis fait inviter à travers le monde. Je n’oublierai notamment jamais une invitation au musée d’histoire naturelle à New-York. On m’a demandé de donner une formation d’entartage à 150 cracks de l’informatique. Je ne connais pas un mot d’anglais, ils m’ont fait accompagner d’une traductrice. C’était surréaliste. J’étais sur une estrade et les 150 cracks avaient tous sur les genoux le manifeste « Gloup-Gloup ». La folie totale. »

Noël Godin, l’attentat pâtissier peut-il être considéré comme un geste politique ?

Oui, au début il y avait une certaine gratuité ludique, puis cela s’est quelque peu politisé. Il y a même, en quelque sorte, une explication savante. L’entartage, c’est un peu les lettres d’insultes que les Dadaïstes, puis les Surréalistes, puis les Situationnistes envoyaient à des personnalités qui les agaçaient. Elles se sont matérialisées. Elles vous sautent au cou et dégoulinent partout. Et le petit texte en alexandrin explique à chaque fois l’action.

Avec les fachos, nous nous sommes toujours dit qu’il ne fallait pas faire « Gloup-Gloup », mais « pan-pan ».

Il y a des gens que vous refusez d’entarter ?
Avec les fachos, nous nous sommes toujours dit qu’il ne fallait pas faire « Gloup-Gloup », mais « pan-pan ». Nous nous sommes malgré tout autorisé une petite entorse après avoir été contacté par des députés Ecolo qui nous offraient une voie royale pour entrer au parlement européen et entarter Jean-Marie Lepen, mais le bruit a filtré et la conférence de presse a été annulée. Lepen est rentré dare-dare à Paris. Il n’a jamais osé se présenter.

On m’a même un jour donné un tuyau pour entarter Bill Clinton, même le président américain n’est pas inaccessible.

Justement, certains coups ont-ils échoué ?

Oui, mais finalement très peu. Notre taux de réussite nous impressionne. On finit toujours par trouver une voie d’accès. On m’a même un jour donné un tuyau pour entarter Bill Clinton, même le président américain n’est pas inaccessible.

On vous aurait proposé de l’argent pour entarter des personnalités…

Des paparazzis sont venus me trouver à plusieurs reprises à Cannes. On m’a proposé beaucoup d’argent pour entarter Catherine Deneuve et Sharon Stone, mais je les aime bien toutes les deux. J’ai toujours répondu que je n’étais pas un mercenaire de l’entartement. Pas question donc de se laisser récupérer stupidement par le monde marchant.

Encore aujourd’hui, il ne se passe pas un jour durant lequel je suis accosté dans la rue par des gens qui me félicitent, me questionnent sur le prochain et proposent pour venir entarter à nos côtés.

Vous n’entartez jamais seul, d’où proviennent les gens qui vous aident ?

De tous les milieux. Encore aujourd’hui, il ne se passe pas un jour durant lequel je suis accosté dans la rue par des gens qui me félicitent, me questionnent sur le prochain et proposent pour venir entarter à nos côtés. Si je les avais tous pris à la lettre, nous aurions pu mettre sur pied une véritable armée pâtissière. C’est impressionnant le nombre de personnes qui se sentent vengées par ces tartes contre les puissants de ce monde. A noter qu’un film sur toutes ces actions est en bonne voie. Il devrait mettre en avant tout ce collectif, pas uniquement moi.

A noter qu’un film sur toutes ces actions est en bonne voie. Il devrait mettre en avant tout ce collectif, pas uniquement moi.

Y-a-t-il eu des suites après certains entartages ?

Pas en Belgique, je suis toujours tombé sur des flics courtelinesques. Il y a notamment cet agent, alors que je suis face à lui au poste, qui sort un portefeuille et me demande combien je veux pour entarter leur chef au bal de la police. C’est ça la Belgique.

Hors de nos frontières, tout n’a pas été aussi facile ?

En France, Philippe Douste Blazy, entarté le jour où il fût nommé ministre de la culture, est remonté dans sa voiture et est reparti en oubliant sa femme. Le gouvernement français a ensuite porté plainte, mais notre avocat a expliqué qu’il s’agissait d’une vielle tradition dadaïste en Belgique que d’entarter les fâcheux. J’ai été acquitté.

Arrive ensuite le procès de Jean-Pierre Chevènement ?

On s’en était pris à l’ex-ministre de la justice. Lui aussi a porté plainte. Alors qu’il y avait de gros éclats de rire dans la salle, les procureurs sont restés effroyablement froids tout au long du procès. Nous avons été condamnés. Nous faisons appel, puis nous allons en cassation pour le principe, mais à chaque fois la sentence est identique. En plus de l’avocat, nous devons sortir beaucoup d’argent, or il n’y avait rien dans la tirelire.

Qui a payé la note ?

Un conte de fées s’est produit. On nous a organisé une « gloup-gloup party » à Bruxelles. Un millier de personnes sont venues nous soutenir et faire la fiesta. Plastic Bertand animait la soirée. Il y a également eu une vente aux enchères. Des peoples nous ont fait des cadeaux: Lio nous offre sa petite culotte, Benoît Poelvoorde le scripte original de « C’est arrivé près de chez vous ». En quelques heures à peine, les fonds sont rassemblés. Nous pouvons donc recommencer.

Surpris que ce soit les seules suites ?

Non, parce que nous sommes en Belgique qui est un cas particulier, ce n’est pas aussi rigolo dans les autres pays. D’autres entarteurs en ont fait les frais. Au Canada, ils ont été condamnés à des travaux d’intérêt général après avoir entarté quasiment tous les ministres de leur gouvernement. Cela barde également aux États-Unis, nos amis des Biotic Baking brigade, auteur de beaucoup de mauvais coups (NDLR : notamment contre le big boss de Monsanto), ont fait six mois de prison ferme.

Vous entartez désormais moins, que devient Noël Godin ?

Le contexte n’est plus le même actuellement avec les vrais terroristes. Les dispositifs de sécurité sont désormais décourageants et effrayants, mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter. Dorénavant, pour procéder comme pour Bill Gates, il nous faut des complicités de choc, qui nous introduisent dans des endroits très gardés, des voies d’accès directes à la victime.

Vous lancez un appel ?

En quelque sorte. Nous avons besoin de complicité. On rêve par exemple de se faire Macron, mais cela ne dépend pas de nous. Il faut savoir que les huit ou neuf derniers entartements ont pu se faire grâce à des trahisons de l’entourage des victimes. On n’aurait pas eu PPDA si un de ses proches ne nous avait pas confié ses horaires de jogging. Pour Nicolas Sarkozy, accueilli aux jeunesses catholiques pour donner une conférence, quelqu’un du comité d’organisation est venu nous trouver pour nous donner des détails. Le résultat ? Il est entarté trois fois en une demi-heure. Le dernier en date, l’entartage de BHL à Namur, l’information vient d’une grosse huile namuroise. Évidemment, nous restons très discrets sur l’identité de nos sources.

Vous-même vous vous êtes fait entarter ?

Évidemment. Je me suis notamment auto-entarté sur le champ après avoir reçu le prix de l’humour noir. Je me souviens également d’un entartage sur le plateau de l’émission « La Première fois » de Daniela Lumbroso. Pendant l’émission, elle fait un signe de la main et je vois débarquer son arme secrète : David Douillet (NDLR : le judoka) une tarte à la main. Je me réfugie sur les genoux de la présentatrice. Il m’entarte. Je m’essuie longuement sur sa poitrine. C’est elle qui a fini par quitter le plateau. A chaque fois que cela se produit sur un plateau, je cherche la personne la plus respectable et je m’installe sur ses genoux.

Il arrive désormais assez souvent que lorsque je me rends au théâtre ou à des spectacles que l’on vienne me trouver avant. En général, ils me disent qu’ils aiment beaucoup ce que je fais avec mes tartes, mais me supplient rapidement de ne rien faire sur scène.

Pas de retraite pour l’entarteur ?

Au contraire, d’autant que des actions continuent de se faire aux quatre coins du monde désormais.

Vous êtes devenu trop célèbre. Votre visage connu et reconnu, impossible pour vous d’entarter directement …

Ma présence peut même tout gâcher. Il arrive désormais assez souvent que lorsque je me rends au théâtre ou à des spectacles que l’on vienne me trouver avant. En général, ils me disent qu’ils aiment beaucoup ce que je fais avec mes tartes, mais me supplient rapidement de ne rien faire sur scène. Un jour, en vacances à Spa pendant les Francofolies, je sors chercher de l’eau et croise, par hasard, Patricia Kaas. Elle refusera de chanter parce qu’elle croit que je suis venu pour l’entarter. Mais c’est vrai que désormais, je sers surtout à focaliser l’attention.

Vous avez évoqué Macron, y-a-t-il d’autres visages que vous rêvez d’entarter ?

En Belgique, tous les politiciens étant aussi grotesques, nous avons toujours dit qu’il faudrait tous les faire en même temps pour ne pas faire plaisir à l’un ou à l’autre. Mais dorénavant, il y a ce Théo. Théo Franken. Lui, il est pire que les autres. Il mériterait de très mauvaises surprises.

On n’entarte plus aussi facilement en 2018, mais ce serait dommage de s’arrêter là. Puis, nos doigts nous brûlent de repartir au combat.

Vous comptez aussi sur la relève ?

Oui, on espère que cela va repartir à la première grande occasion une fois que l’effet Daesh sera terminé. On n’entarte plus aussi facilement en 2018, mais ce serait dommage de s’arrêter là. Puis, nos doigts nous brûlent de repartir au combat.

Le dernier à s’être fait entarter par Noël Godin et ses compares est une vieille connaissance du Bruxellois : Bernard-Henry Levy. L’écrivain est sans aucun doute le meilleur ennemi de l’entarteur. Ce dernier a déjà croisé sa route à de nombreuses reprises. « Il faudrait que je refasse le compte, je ne sais plus si cela fait huit ou neuf fois que nous l’entartons », se marre Godin en comptant ses actions sur ses doigts.

« Il représente la tête à tarte par excellence, reprend-il. Il est l’arrogance nombrilesque personnifiée. Il se livre en plus au pire abus de pouvoir.»

« Il représente la tête à tarte par excellence, reprend-il. Il est l’arrogance nombrilesque personnifiée. Il se livre en plus au pire abus de pouvoir. Il a notamment fait renvoyer une journaliste qui a eu le « culot » d’égratigner un de ses livres.  Puis désormais, il se permet même de se mêler de politique, comme en Lybie. »

La dernière fois, c’était en 2015. Entouré de son service d’ordre, BHL était venu donner une conférence dans l’église Saint-Loup de Namur aux côtés de Jan Fabre. Noël Godin s’étant présenté les mains (et poches) vides, il avait pu pénétrer dans l’église. Le visage de Levy s’était alors décomposé à sa vue, puis il avait laissé s’échapper quelques mots : « oh non, pas encore ».  Alors que Godin restait immobile, au signal, les membres de sa bande, dissimulés dans l’assemblée, se levaient comme un seul homme et envoyaient dans le visage du philosophe plusieurs tartes. « Gloup-gloup, entartons les morveux cornichons», criait Godin le poing levé. Une fois de plus la mission était réussie.

Si Godin a promis d’encore entarter BHL, il lui a aussi proposé d’enterrer la hache de guerre. « Pour faire cesser les hostilités à son égard, il sait qu’il lui suffit de chanter « Avez-vous vu le joli chapeau de zozo », alors nous arrêterons, promet-il.  D’ailleurs, lors de ses apparitions en télé, il arrive assez souvent qu’on lui propose de se mettre à chanter. »

Ce fût notamment le cas lors d’un de ses passages dans une émission de Laurent Ruquier. Le dessinateur Philippe Geluck lui demande s’il n’en a pas marre. Il l’invite ensuite à chanter. « Jamais, je ne cèderai au chantage », lui rétorque-t-il.

« Par contre, son épouse, Arielle Dombasle, a fini par craquer », raconte Godin. Sur le plateau d’Europe 1, Laurent Baffie appelle en effet un beau jour l’entarteur le plus célèbre de la planète pour qu’il lui rappelle les paroles de la chanson. « Elle a accepté et s’est mise à chanter, raconte l’entarteur. A la fin, elle nous a tout de même demandé si la chanson est également valable pour Bernard-Henri. » La réponse est évidemment négative. « On s’est imaginé qu’elle avait dû se faire engueuler en rentrant à la maison, termine Noël Godin. Lui est trop fier, il ne la chantera jamais. »

Son palmarès

  • Marguerite Duras (11 décembre 1969)
  • Maurice Béjart (décembre 1969)
  • Henri Guillemin (mars 1970)
  • Marco Ferreri (20 mai 1976)
  • Jean-Luc Godard (mai 1985)
  • Bernard Henri Levy (11 novembre 1985, octobre 1988, avril 1991, mai 1994, mai 1995, février 2000, 30 mai 20015)
  • Edouard Poullet (17 janvier 1987)
  • Jean Delannoy (25 septembre 1988)
  • Vladimir Volkoff (juin 1993)
  • Alain Bévérini (mai 1993)
  • Patrick Bruel (11 décembre 1993)
  • Jean-Pierre Elkabbach (juin 1994)
  • Hélène Rolles ( février 1995)
  • Philippe Douste-Blazy (mai 1995)
  • Pascal Sevran (mai 1995)
  • Patrick Poivre d’Arvor (3 avril 1996)
  • Daniel Toscan du Plantier (mai 1996)
  • Les prêtres de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes (8 septembre 1996)
  • Nicolas Sarkozy (février 1997)
  • Bill Gates (4 février 1998)
  • Le public du concours musical Reine Elisabeth (mai 1999)
  • Bernard Landry (avril 2000)
  • Benjamin Castaldi (juin 2001)
  • Jean-Pierre Chevènement (24 mars 2002)
  • Karel Dillen (porte-parole du FN) et Jean-Claude Martinez (entarté à la place de Jean-Marie Lepen, avril 2002)
  • Jean Charest (avril 2003)
  • Doc Gynéco (août 2007)

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