Il a 25 ans seulement et déjà…12 ans de carrière. Venu de la région de Mons, Ludovic Tournay est « cover Claude François » ! Pas un sosie, pas un imitateur, juste un interprète plutôt sincère et passionné.

A Tertre, rue du Peuple, il y a thé dansant ce dimanche au Romantica, une salle de spectacle très populaire qui jouxte le terrain de football de l’Union Saint-Ghislain.

Tout l’après-midi, on danse, on mange et on boit pendant que le patron, l’infatigable Baldo, enchaîne sur la scène les tubes d’autrefois, d’Adamo à Hervé Vilard en passant par Pascal Danel.

Le clou de l’après-midi est annoncé à 17h30. Il s’agit de Ludovic Tournay, étiqueté « Cover Claude François ». L’attraction du jour débarque en coulisse une bonne heure avant le spectacle.

Ce qui frappe, c’est qu’il est tout jeune. Un grand ado tout mince, entier, naturel et dynamique. Il est accompagné de Thierry, son régisseur, et de Fabienne, qui s’occupe du marketing. Deux de ses quatre danseuses sont aussi au programme, Céline et Lisa, elles arriveront un peu plus tard.

D’emblée Ludovic ouvre sa valise aux  trésors et pend méticuleusement deux costumes satinés à la penderie. Deux costumes à la Cloclo évidemment, un rouge et un bleu. « J’en ai toute une série chez moi, mais en concert, j’en emmène toujours deux. Claude François faisait la même chose. Au cas par exemple où l’un deux se déchire pendant le spectacle. Ce sont des costumes fait spécialement pour moi par un tailleur qui travaille aussi pour les Gilles de Binche. Avec les mêmes tissus que ceux de Claude François, certains venus de France, d’Italie ou même des États-Unis ».

Après avoir vérifié son matériel (il teste cette après-midi des machines à fumée), Ludovic accueille ses danseuses qui, elles, apportent une dizaines de costumes et en changeront tout le long du show. L’heure tourne, et il est temps pour Ludovic de passer au maquillage, qu’il effectue lui-même face à un petit miroir posé contre sa valise.

17h30, le show peut démarrer. Le public du « Romantica » n’attend que ça. D’emblée, les Claudettes sont bien en jambes. La régie toutefois patine un peu sur les premiers morceaux, mais Ludovic règle  lui-même les problèmes. Ce qui frappe, c’est son aisance vocale. Il n’imite pas Claude François mais l’interprète et le réincarne au contraire avec beaucoup de naturel et de justesse. Les titres s’enchaînent, dans des versions un peu « boostées » ( «Le vagabond », « Le mal aimé », « Sale bonhomme », « Alexandrie »…)

« Je passais mon temps à scruter ses clips en VHS »

Au bout d’1h30, on terminera par « C’est la même chanson ». Bien avant cela, nous avions soumis l’artiste à la question…

L’AVENIR : Ludovic, Claude François est décédé il y a 40 ans, vous ne l’avez forcément pas connu de son vivant.

Ludovic Tournay : Non, mais chez moi, il y avait toujours beaucoup de musique. Mes parents en mettaient tout le temps et, enfant, j’ai baigné dans cette variété des années 70. Claude François mais aussi Mike Brant, Johnny, Dalida… Et puis, vers 12-13 ans, c’était plus fort que moi, j’ai commencé à chanter et danser sur Claude François. J’avais un ami qui s’était investi sur le fait d’imiter Elvis Presley. Et cela a accéléré ma vocation. J’ai eu certes un moment l’envie de faire mes propres chansons, mais ça ne me passionnait pas vraiment. En fait, rien ne me défoulait plus que de faire du Claude François.

Mais chanter Claude François, ça n’est pas ce qu’il y a de plus facile…

Non, car il faut chanter et aussi danser en même temps. Je me suis d’abord entraîné par moi-même à  partir de ses clips que j’avais en cassette VHS. Je passais mon temps à les scruter et à les rembobiner sans cesse pour comprendre comment il faisait. Ensuite ma sœur, qui est musicienne de profession (NDLR :  prénommée Mélanie, elle est accordéoniste au sein du duo Moonlight, qui a beaucoup de succès, mais aussi auprès de Frédéric François, actuellement en tournée) m’a incité à prendre des cours. Elle m’a dit que c’était indispensable si je voulais faire ce métier. Apprendre à chanter mais  aussi à bouger, à bien respirer. Et puis à tenir durant une heure, une heure-trente, devant un public qui est plus exigeant qu’il n’y paraît.

Est-ce que vous vous souvenez de votre toute première prestation en Claude François ?

Oui… Maman travaillait dans une maison de repos, comme ergothérapeute. Il fallait une animation pour l’Épiphanie, et l’idée est venue que je fasse du Claude François. Les collègues de ma mère ont fait les Claudettes autour de moi ! Et cela a été mon premier « spectacle » du genre, même si  je l’ai fait en play-back. J’ai eu mon petit succès ce jour-là, et cela m’a  encouragé à me faire connaître, via les radios locales ou des petits galas, je me présentais partout, même pour faire quelques minutes.

Aujourd’hui, être « cover Claude François », c’est votre activité principale….

Depuis 6 ans, j’ai un agent, Enzo de Promo spectacle. Grâce à lui, je me produis quasi tous les week-ends et même souvent plusieurs fois sur les deux jours. J’ai déjà  50 dates de signées pour  cette année. Et on rentre des contrats toutes les semaines. Evidemment, cette année, avec les 40 ans de son décès, il y a un regain d’intérêt. Les reprises de M. Pokora ont permis aussi qu’un public plus jeune s’intéresse à lui. Donc, c’est devenu mon métier, même si  j’ai aussi un studio à La Louvière que je gère et où viennent enregistrer des groupes et des artistes, des gens qui font du rap, du rock ou de la pop… Il y a de tout !

Vous chantez tout Claude François ! Aucune de ses chansons ne vous est techniquement inaccessible ?

Je les connais toutes, et je pense pouvoir toutes les chanter, même si sa voix monte souvent très haut. Évidemment, je ne les chante pas toutes en concert et j’en maîtrise certaines mieux que d’autres. Ce dimanche, je vais en proposer 17. Avec tous les classiques, évidemment.

Est-ce que dans la vie courante, les gens vous associent à Claude François ? À cause de votre brushing par exemple ?

Cela m’est déjà arrivé, mais si des gens m’interpellent à propos de mon idole, c’est parce qu’ils ont vu mon spectacle.

Il faut encore préciser une chose, vous n’êtes ni un sosie, ni un imitateur de Claude François…

En fait, il y a plusieurs catégories d’artistes ! Il y a les interprètes, qui reprennent Claude François mais sans chercher à l’imiter et sans s’habiller comme  lui ; il y a les imitateurs, qui reproduisent et parfois caricaturent sa voix ; il y a les sosies qui essaient de lui ressembler jusque dans les moindre détails ; et puis enfin il y a ceux, comme moi, qui font dans le « cover », c’est-à-dire, reprendre et reproduire le travail de Claude François sur scène, mais sans forcer l’imitation.

[rev_slider alias= »gallery » /]