Alertes vocales et lumineuses, pare-brise vidéo, freinage autonome, triangle robotisé… Les dix dernières années de recherche sur la sécurité chez Mercedes ont mené à une dizaine d’innovations, regroupées sur le concept Experimental Safety Vehicle (ESF) 2019, un véhicule électrique autonome qui sera présenté au public à Francfort en septembre. Dessinant la sécurité automobile du futur, dans la lignée des ceintures de sécurité, ABS, ESP… toutes technologies devenues courantes, issues de ces recherches menées depuis les années ’70. 

« Attention », crie la voiture

Imaginez la scène. Un enfant court derrière son ballon, passe entre deux voitures stationnées et débouche sur la chaussée sans prêter attention à la circulation. Classique. Sauf que, cette fois, la Mercedes stationnée a « vu » le danger : l’enfant qui passe devant et aussi l’arrivée d’une voiture derrière. « Watch out » (faites attention) crie la grosse voix électronique. Dans le même temps, les feux clignotants du véhicule s’allument pour prévenir le conducteur qui roule insouciant. Averti du danger, celui-ci ralentit. L’enfant est sauf. Même à l’arrêt, sans personne à bord, la voiture électrique reste vigilante.

Vidéo sur le pare-brise.

Autre scène : un piéton traverse devant vous sur un passage clouté. Vous le laissez aimablement passer tandis que votre auto, elle, s’emploie à prévenir les autres conducteurs qu’ils devront aussi s’arrêter. Normalement transparent, le pare-brise arrière de l’ESF 2019 peut devenir instantanément opaque et diffuser des messages pour avertir d’un danger (ou d’une panne) ou même se transformer en écran vidéo, où est diffusée l’image filmée du piéton en train de traverser devant l’auto. Très spectaculaire.

Surveillance 360 degrés

La voiture du futur pourra être tout à fait autonome. Mais pour que les autres usagers soient en confiance, ils doivent pouvoir deviner ses intentions. L’ESF 2019 communique donc par une kyrielle de signaux visuels, lumineux et sonores. Mais elle est aussi capable d’agir quand le conducteur est au volant. Pour freiner d’urgence en cas de danger, s’il ne réagit pas. Le système de protection des piétons à 360o assiste le conducteur dans les manœuvres de parking. Il intervient en cas de danger de collision avec un usager faible, par exemple au moment de bifurquer dans une rue ou de la traverser. S’il détecte un risque, le système empêchera tout démarrage ou stoppera le véhicule.

La peinture donne l’alerte

Dans l’automobile, la peinture est aussi un domaine en pleine évolution. Il existe des peintures « cicatrisantes », où les grilles s’effacent. Il y aura aussi des peintures « électro-luminescentes » qui vont modifier la visibilité des carrosseries. Imaginez : en pleine nuit, dans la campagne déserte, vous arrivez à un carrefour. Votre voiture – qui comprend la cartographie de l’endroit via le GPS mais qui pourra aussi, à l’avenir, dialoguer en connexion avec les autres véhicules sur la route – sera capable en quelques secondes d’activer des bandes fluorescentes latérales qui  la rendent bien plus visible aux autres conducteurs. Un principe qui serait bien utiles sur les deux-roues.

Prévenir l’accident

Mieux vaut prévenir que guérir. L’adage, appliqué au monde de l’automobile, a donné naissance au concept de « pré-safe », qui revient à anticiper un accident pour en limiter les conséquences. Les prétentionneurs de ceinture, en cas de freinage brusque, en sont un exemple. Ce domaine va encore évoluer. Ainsi, en cas d’embouteillage, si vous vous retrouvez « coincé » à l’arrière de la file et que la caméra arrière de votre voiture repère un véhicule arrivant trop vite, elle sera capable de se « projeter » d’un petit bond vers l’avant, limitant ainsi la vitesse d’impact d’un inévitable accident. Une différence de 5km/h peut déjà sérieusement limiter les conséquences d’un crash.

Ceinture de sécurité chauffante

La ceinture de sécurité est l’un des équipements qui a le plus contribué à sauver la vie des automobilistes. Et pourtant, nombreux sont ceux qui ne la portent pas encore. En Chine, ils sont à peine 2% à la boucler. Comment convaincre ? Une solution est de donner davantage de fonctionnalités à la ceinture pour inciter les gens à la porter. En créant une ceinture chauffante, par exemple, comme pour le siège ou le volant. Idéal… pour les pays froids. Pour amadouer les autres, on travaille aussi sur des matériaux plus confortables, et sur des ceintures qui intègrent de petits airbags.

Des airbags mieux adaptés

Si la voiture conduit seule, plus besoin de volant tout le temps. Dans une voiture autonome, le volant se rétracte (ainsi que les pédales) pour dégager plus d’espace à bord. Et l’airbag conducteur, alors ? Il devra à l’avenir être implanté dans le tableau de bord, comme celui du passager. Et pour qu’il soit efficace, le volant se rétracte aussi au déclenchement. Les sièges pouvant pivoter, des airbags implantés dans chaque dossier remplaceront les actuels airbags rideaux et latéraux. A l’arrière, des coussins dont seule la « structure » tubulaire se gonfle seront aussi bien adaptés aux enfants qu’aux adultes.

Siège bébé connecté

Se retourner pour surveiller son enfant installé à l’arrière de l’auto est une source de distraction. Dans les sièges bébé à venir, une petite caméra transmet l’image du bambin directement sur l’écran du tableau de bord. Mieux, la caméra peut « interpréter » le visage de l’enfant. Vérifier s’il dort, par exemple. Et le siège connecté est aussi capable de transmettre au conducteur différentes données, son rythme cardiaque, sa température. Le futur siège est aussi équipé d’un prétentionneur de ceintures qui «s’arme » mécaniquement quand on fait pivoter l’assise pour installer bébé. Ainsi que de protections latérales.

Lumière vitalisante

A défaut d’un toit panoramique, à peine 20% de la lumière naturelle pénètre dans l’habitacle d’une voiture. Or, de nombreuses études démontrent l’importance, pour notre vitalité, d’une luminosité bien synchronisée sur nos rythmes biologiques. D’autres études, effectuées auprès des camionneurs, prouvent aussi l’effet d’une luminosité adéquate sur la sécurité. Bien éclairés, les routiers, souvent inattentifs durant un temps de conduite important,  se révèlent plus en forme, plus réactifs. Les voitures du futur seront donc équipées d’un éclairage intérieur vitalisant, sur le même principe que les lampes de photothérapie vendues pour la maison ou le bureau.

Un triangle de sécurité robotisé

C’est sans aucun doute l’innovation la plus « délurée » née du cerveau des ingénieurs : au bas du véhicule, un triangle de sécurité « robot », sur roulettes, se déploient pour aller s’installer à bonne distance du véhicule accidenté ou en panne. Il est vrai que, sur autoroute, marcher 100 mètres pour aller installer son triangle est un exercice risqué, et nombre d’automobilistes omettent de le faire. Le robot part et revient seul. Et si vous l’oubliez, il vous préviendra de ne pas le laisser en plan. L’option est amusante, mais l’équipement est coûteux. A ranger au rang des idées sans avenir ?