Vladimir, « le gentil, pas le méchant », précise en souriant sa compagne, a décidé d’effectuer plusieurs trajets vers la frontière Pologne-Ukraine pour acheminer des médicaments et du matériel pour le peuple ukrainien.

Des ballons bleus et jaunes, aux couleurs du drapeau de l’Ukraine, sont accrochés à la maison de Vladimir Kibardin et Sophie Hubert, située à Bouge. Pas de doute, c’est bien là que l’on peut déposer tout le nécessaire pour le peuple ukrainien fuyant la guerre.

Ce quadragénaire d’origine ukrainienne et sa compagne ont lancé via les réseaux sociaux un appel aux dons auquel la population a massivement répondu. Si bien que leur salon, leur terrasse et leur cave sont désormais remplis de sacs de toutes sortes. « On a reçu des médicaments destinés aux blessés comme des antidouleurs, des anti-inflammatoires, des antiseptiques, des bandages, des pansements, des seringues… tout ce que les gens ont pu amener sans avoir besoin d’une ordonnance, explique Sophie. Les médicaments, c’est la priorité. »

Une dame dont la fille est médecin, une voisine qui travaille au CHR, des associations et des habitants du quartier ou même d’un peu plus loin… nombreux sont ceux et celles qui ont souhaité participer à cet élan de solidarité. « On nous a déposé des groupes électrogènes pour les personnes qui seraient sans électricité, des pantalons à poches, des bottines, des habits imperméables et chauds, des barres énergétiques et du lait concentré, des piles ou encore des lampes frontales… tout ce dont les Ukrainiens ont besoin pour aller au combat, indique Vladimir. Il y a aussi des visseuses et des foreuses pour tenter de réparer des maisons qui auraient subi des dégâts à cause des explosions. Il y a parfois des choses auxquelles on n’avait même pas pensé! »

Vladimir a méticuleusement tout rangé et casé dans sa camionnette pour prendre le départ dans la nuit de jeudi à vendredi. Pour acheminer tout ce matériel à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, il sera accompagné d’un ami, ce qui n’est pas du luxe pour effectuer les quelque 1500 kilomètres de trajet, soit environ seize heures de route. « Le plus important actuellement, ce n’est pas encore la faim au sein de la population, c’est faire parvenir tout cela le plus vite possible aux soldats qui partent au front, poursuit Vladimir. Les équipements sont pour les hommes et pour des femmes également, car elles aussi sont parties défendre leur pays. »

Vladimir est en contact avec un militaire présent sur place. Il va a priori aller d’abord jusqu’à Lublin, en Pologne. Il n’est pas non plus exclu qu’il passe de l’autre côté, à Loutsk, ville ukrainienne au nord-ouest, bien que sa compagne ne soit pas très à l’aise avec cette idée. L’itinéraire final n’était pas encore tout à fait arrêté à l’heure où nous écrivions ces lignes. C’est seulement sur place qu’il sera à même de savoir précisément où il peut se rendre. « J’ai aussi des contacts avec un ami qui habite en Pologne, qui a lui-même des contacts avec des pompiers polonais, qui pourraient aussi amener du matériel en Ukraine », détaille Vladimir, en nous montrant les différents endroits sur une carte.

« C’était ça ou j’allais combattre »

Une résistance que Poutine a sous-estimée

Pour Vladimir Kibardin, arrivé en Belgique en 1995 alors qu’il avait 19 ans, organiser cette initiative solidaire était une évidence. « Si je ne faisais pas cela, j’étais prêt à aller combattre. Mais ma compagne m’a freiné, sourit-il. Il y a les enfants, ça n’aurait pas été raisonnable. »

Les parents de Vladimir ainsi que son neveu, sa femme et leur enfant vivent quant à eux toujours en Ukraine. Le vœu le plus cher de Vladimir serait de profiter de son périple pour les ramener en Belgique mais ce rêve semble inaccessible. « Tous les jours, on s’appelle par Skype. on discute, on crie, on pleure, je leur dis que je peux venir les chercher mais c’est difficile pour eux de partir, déplore-t-il. Mon neveu veut aller se battre. ma mère dit qu’elle est trop âgée. Ils sont dans leur maison, au sous-sol, dans une petite ville entre Kiev et la frontière polonaise. C’est quelque part une chance d’être dans un petit village. Ils sont plus en sécurité. »

Vladimir pense aussi que sa famille souhaite rester par attachement pour sa nation, un sentiment très prégnant en Ukraine. « J’ai presque envie de dire que c’est un patriotisme suicidaire. Mais suicidaire, ce n’est pas tout à fait exact, c’est un peu trop fort, dit-il. Je veux dire par-là que les Ukrainiens sont prêts à aller jusqu’au bout pour défendre leur pays voire à donner leur vie. Ils ne veulent pas se rendre, ils résistent et ça, Vladimir Poutine l’a sous-estimé dans ses calculs. »

Fier de pouvoir aider les résistants d’Ukraine, Vladimir Kibardin a déjà prévu de faire d’autres allers-retours pour acheminer le reste car la générosité des donateurs n’a pas eu de frontière.

Namur-Dorohusk, 24 h d’un périple solidaire
Nuit du 3 au 4 mars

Jeudi soir, une agitation inhabituelle règne au sein du domicile de Sophie et de Vladimir.

Plusieurs amis sont venus les rejoindre pour empaqueter dans des camionnettes les cartons et les sacs de nourriture, de vêtements et de médicaments qui ont été gracieusement offerts par des personnes du quartier et même de plus loin.

Avec entrain, ils emballent, trient et, comme s’il s’agissait d’un Tetris géant, font preuve d’une bonne dose de sens pratique pour caser un maximum de choses dans les véhicules. À bord d’un utilitaire, nous leur emboîtons le pas. « C’est ça en plus que les Ukrainiens recevront. Les petits ruisseaux font les grandes rivières! » nous glisse-t-on. Au total, il y a donc quatre fourgonnettes et une voiture prêtes à partir. Vers 21 h, le départ est donné.

Incertitudes au fil des kilomètres

Les heures défilent et les kilomètres aussi (plus de 1600 km au compteur). C’est un peu interpellant de se dire que seulement deux pays, l’Allemagne et la Pologne, nous séparent de cette Ukraine détruite par la guerre. Vendredi, peu après 5 h30 du matin, nous passons la frontière polonaise. Le voyage se poursuit en direction de Varsovie puis de Lublin, à l’est de la Pologne. Il est fait de bon nombre d’incertitudes. Y aura-t-il bien quelqu’un pour réceptionner nos colis ? Pourra-t-on atteindre la frontière?

Dans les autocars qui les accueillent, les Ukrainiens se voient distribuer nourriture et boissons chaudes.

Durant la journée, Vladimir a reçu de nombreux appels avec des infos très changeantes voire inquiétantes. « Une école a été bombardée à Jytomyr, à l’ouest de Kiev, et des chars russes ont tiré ce vendredi à l’aube sur la centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud du pays, la plus grande d’Europe (l’attaque n’a toutefois pas touché des réacteurs et n’a pas affecté la sécurité nucléaire, assure-t-on, NDLR). Nous craignons que la situation ne devienne trop dangereuse », confie-t-il autour d’un briefing improvisé sur une aire d’autoroute. Nous patientons, nous mangeons un morceau jusqu’à recevoir le feu vert de Vladimir, qui l’a lui-même reçu de contacts sur place.

Enfin, après quasiment 24h de périple, nous atteignons la frontière. Nous sommes à Dorohusk (Pologne) où l’on assiste à un incessant ballet de voitures, d’autocars et de minibus bondés avec des Ukrainiens, souvent partis à la hâte, tirant leurs sacs et leurs valises. « Beaucoup d’Ukrainiens ont de la famille, des connaissances ou travaillent en Pologne, ils ont un point de chute ici », indique Vladimir.

Une aide qui s’organise

De nombreux volontaires polonais et des organisations humanitaires ont installé des stands offrant nourriture, boissons chaudes ou encore produits de soins pour les nouveaux arrivants, de même que des cartes sim gratuites pour qu’ils puissent instantanément garder le contact. Et puis, il y a ceux qui ont des propositions de logement à 20 minutes de là, comme Volodymyr et Austin, nés en Ukraine et vivant aux États-Unis. Ils sont revenus sur leur terre natale pour apporter leur aide.

A cette frontière entre l’Ukraine et la Pologne, les Ukrainiens arrivent au compte-gouttes. Les arrivées étaient plus massives la semaine d’avant.

Nous sommes assez épatés par le climat calme, bienveillant et organisé dans lequel les choses se passent. Ce n’est pas le branle-bas de combat, le chaos absolu. Il faut dire qu’en quelques jours, l’accueil a pu s’organiser. « Au deuxième jour de la guerre, il n’y avait aucune installation ici. C’était noir de monde, les gens étaient un peu abandonnés à leur sort. Mais depuis, ce n’est plus pareil, c’est mieux », relate Vitaliy, un belgo-ukrainien, qui a déjà effectué plusieurs allers-retours.

Le soulagement se lit parfois sur le visage de certains Ukrainiens qui sont passés en Pologne et se sentent désormais en sécurité, « sauvés ». Pour ceux et celles qui se trouvent de l’autre côté par contre, l’inquiétude est encore palpable tant qu’ils n’auront pas franchi les barrières.

Ci-dessus, Austin et Volodymyr, nés en Ukraine et vivant aux Etats-Unis. Ils sont revenus sur leur terre natale pour proposer du logement et de l’aide à ceux et celles qui affluent depuis la frontière; et des cartes SIM qui sont gratuitement mises à disposition pour que les Ukrainien(ne)s qui ont fui puissent être en contact rapidement avec leur famille ou des personnes qui les accueillent en Pologne.

Quant à notre matériel, nos médicaments et victuailles, ils seront pris en charge depuis Dorohusk par une jeune Ukrainienne qui préfère rester anonyme. Seules les femmes se chargent du transport parce qu’elles peuvent entrer et sortir librement en Ukraine, contrairement aux hommes entre 18 et 60 ans qui ne peuvent pas quitter le pays, étant réquisitionnés pour aller combattre. La guerre est bien là, mais la solidarité aussi, de toutes parts. Et elle réchauffe les cœurs et les corps frigorifiés.

Mission accomplie: les dons pour les Ukrainiens sont arrivés à destination
Vendredi 4 mars

Vendredi soir, après plus de 20 heures de voyage depuis la Belgique, nous sommes arrivés à Dorohusk, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, où arrivent par centaines des Ukrainiens fuyant les missiles russes.

La délivrance est proche pour Vladimir Kibardin, l’Ukrainien namurois qui a organisé avec sa compagne, Sophie Hubert, une collecte de dons, ainsi que pour ses amis et nous-mêmes, qui l’ont accompagné dans cette formidable aventure humaine pour acheminer le matériel, la nourriture et tous les médicaments.

À quelques mètres du check-point, la police nous apostrophe. La camionnette de Vladimir est en tête. La conversation est brève, le véhicule peut passer et nos trois autres camionnettes aussi. C’est bon, on y est presque! On se range dans un parking en attendant Ruslana, une Ukrainienne solidaire qui emportera tous les dons dans un camion et les dispatchera à ceux qui en ont le plus urgemment besoin. L’attente nous paraît longue car il y a d’importantes files sur la route menant à la frontière, comme en témoignent les photos qu’elle nous envoie. Elle n’a pas l’avantage des véhicules humanitaires qui, eux, passent sans contrôle depuis l’Ukraine vers la Pologne .

Vladimir montre les boxes qu’il a loués pour un mois où les volontaires peuvent apporter des dons

Générosité et résistance

Ruslana travaille comme dispatcheur dans une société de transport. Elle habite à une vingtaine de kilomètres de la frontière et n’a pas arrêté de faire des allers et retours entre les deux pays. Depuis le début de l’offensive russe, elle passe son temps à aller chercher des biens de première nécessité pour ses compatriotes, si bien qu’elle n’a quasiment plus de place sur les pages de son passeport, tant elle a accumulé les cachets d’entrée et de sortie. Elle et Vladimir ne se connaissaient pas. Il a fallu s’apprivoiser. « Lorsque nous nous contactions par WhatsApp, elle ne souhaitait pas donner son nom complet ou la marque de son camion », explique-t-il. La crainte d’être dans le viseur des autorités russes ou de représailles est bien palpable. Après tout, Ruslana est une résistante.

Peu avant minuit, après plus de trois heures d’attente, la jeune femme arrive. On ne parle pas sa langue mais on sent sa personnalité bien affirmée. Un sacré petit bout de femme qui n’a pas froid aux yeux! Quand elle débarque, nous sommes non seulement impatients mais aussi très émus car 16 enfants se trouvent dans son camion. « On ne s’attendait pas à ça, confie Vladimir. Ils sont pris en charge par des gens ici, en Pologne. C’est une ambiance indescriptible ce qu’il se passe à la frontière. La solidarité est incroyable. Il faut le vivre pour s’en rendre compte. »

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tout le monde s’active pour transférer les cartons et les sacs de dons de nos fourgonnettes dans le camion de Ruslana. La mission est accomplie.

La solidarité continuera

Ce samedi soir, nous avons appris de notre contact en Ukraine que les colis étaient bien arrivés. Triés et rangés, ils seront distribués en priorité aux militaires, aux enfants en bas âge, aux hôpitaux, etc.

Et après? Des équipements pour les militaires, des gilets pare-balles, des vêtements et sous-vêtements chauds pour hommes, femmes et enfants sont plus que jamais nécessaires, de même que des langes et des aliments pour bébés comme du lait en poudre. Vladimir et Sophie auront sans doute besoin d’un local et d’un véhicule plus grands pour ces nouveaux dons (avis à ceux qui ont des propositions à faire)!

À Dorohusk, sur le parking où nous avons attendu Ruslana, Vladimir a même loué un box pour un mois, où les personnes solidaires qui iraient jusque-là peuvent déposer leurs dons pour qu’ils soient pris en charge. « Ils me préviennent et je leur expliquerai la marche à suivre », indique-t-il. Vladimir n’avait pas trop le cœur à rentrer en Belgique. Il ressentait un goût d’inachevé et ne tarissait pas d’idées pour aider les sinistrés de son pays natal.

C’est sûr, Vladimir reviendra dans les jours prochains pour apporter à nouveau sa pierre à l’édifice.

L’accueil chaleureux des Polonais, depuis la frontière jusqu’au centre de réfugiés

Entre les larmes et les quelques sourires qui se dessinent parfois sur le visage des Ukrainiens grâce à la solidarité et à l’humanité des Polonais, c’est un vrai ascenseur émotionnel que l’on vit à la frontière.

Accompagnée de ses enfants et de son chien, une femme fond en larmes en arrivant à Dorohusk. Elle est exténuée par un long trajet jalonné d’incertitudes et est particulièrement émue par le soutien qui lui est apporté d’emblée par les bénévoles lorsqu’elle pose le pied sur le sol polonais. Elle reçoit une boisson chaude et un peu de réconfort par des membres de l’association de scouts ZHR. Son compagnon à quatre pattes a même droit à une petite gamelle.

C’est ce genre de choses que font les associations situées à quelques mètres du check-point. « Ici, on peut se reposer un peu, boire ou manger un petit quelque chose ou changer son bébé, explique Jacek Duda, d’Operation Mobilisation (OM), une organisation missionnaire chrétienne. On fait le lien entre les familles qui arrivent et les logements qui sont disponibles pour qu’elles puissent rester un ou plusieurs jours. »

Voici les stands qui se trouvent à la frontière, à quelques mètres du check-point. On y propose toutes sortes de choses et même de la nourriture pour les compagnons à quatre pattes.

Des camionnettes rouges font quant à elles les navettes entre la frontière et un centre de réfugiés tout proche. Là-bas, les Ukrainiens peuvent avoir un peu de répit et trouver des solutions pour les jours suivants bien que ceux et celles que nous avons rencontrés s’organisent au jour le jour, ne sachant pas ce que l’avenir leur réserve.

Les associations présentes sur le terrain proposent notamment des boissons chaudes et de la nourriture aux enfants et aux adultes arrivant d’Ukraine.

«J’ignore quand je les reverrai»

Là-bas aussi, des personnes âgées sont prises en charge par des pompiers, des familles avec enfants discutent avec des membres de Caritas International et certains Polonais brandissent une pancarte indiquant le nombre de lits dont ils disposent dans leur maison. « C’est naturel de faire ça. Nous avons de la place alors nous voulons en faire profiter ceux qui ont moins de chance pour le moment », nous confient un Polonais et sa famille. D’autres partent à bord de minibus vers Varsovie, la capitale polonaise, l’Allemagne ou encore la France.

Les pompiers polonais viennent en aide aux personnes âgées et fragiles.

Bernadette par exemple, attend des Ukrainiennes dont les maris sont mobilisés pour défendre leur pays. Elle fait partie de l’association Du Forez à l’Ukraine, basée dans La Loire. « Nous sommes partis jeudi soir avec deux minibus. Sept Ukrainiennes prendront place dans chaque bus. Il reste deux places disponibles si vous entendez que quelqu’un est intéressé », nous adresse-t-elle. Ces femmes, qui viennent principalement de Jytomyr (ouest de Kiev) et Kherson (sud), des villes ayant subi l’offensive russe, iront dans des familles d’accueil.

Katia vient quant à elle de franchir la frontière seule et avec le strict minimum comme bagage. Cette Ukrainienne de 28 ans rejoindra avec sa sœur un logement qui leur est mis à disposition. « Je travaille pour une entreprise américaine qui a une filiale en Pologne. Celle-ci nous a trouvé un petit studio. Quant à mes parents, ils sont toujours là-bas, dit-elle en jetant un regard de l’autre côté de la frontière. Mon père est militaire, ma mère est restée avec lui. J‘ignore quand je les reverrai. C’est très difficile. Je pleure tous les jours. »

À d’autres postes frontières que Dorohusk, des témoignages d’étrangers fuyant la guerre en Ukraine victimes de racisme ont été rapportés. De notre côté, nous n’en avons pas eus mais force est de constater qu’il n’y avait aucune personne à la peau noire ou foncée. Tant les autorités, polonaises qu’ukrainiennes, assurent pourtant ne procéder à aucun tri.

«Ce n’est que le début»

Au cours de nos pérégrinations, nous avons entendu beaucoup d’histoires bouleversantes. Les parcours sont différents mais tout aussi touchants et véhiculent cet espoir commun de revoir au plus vite les proches restés au pays, sains et saufs. Notre ami Vladimir a espéré plusieurs fois durant notre voyage que ses parents acceptent de rentrer avec lui en Belgique. Mais ils sont âgés et préfèrent pour le moment rester en Ukraine. Un déchirement pour Vladimir, même s’il ne veut pas le montrer. Sa façon à lui de tenir le coup, c’est de continuer à aider ses compatriotes.

Les colis que nous avons apportés avec lui et ses amis représentent certes un geste solidaire envers les sinistrés. Mais c’est bien peu de chose face à l’immensité des besoins sur place et à l’impuissance que l’on ressent vis-à-vis de cette guerre qui laissera des trace

En dix jours, plus d’1,5 million d’Ukrainiens ont fui leur pays. Selon l’ONU, il s’agit de la crise de réfugiés la plus rapide depuis la seconde guerre mondiale. Le message de Vladimir Kibardin est de ne pas oublier son peuple et de multiplier ce genre d’initiatives. « On reçoit encore plein de dons et c’est super. Mais c’est une guerre qui va s’étaler dans le temps. J’espère très fort que les gens resteront mobilisés et solidaires aussi dans quelques semaines voire quelques mois car ce n’est que le début. »

Sur Facebook, une page Solidarité Ukraine-Namur a été créée depuis ce lundi afin que toutes les initiatives solidaires puissent être partagées

Un deuxième convoi solidaire partira en Ukraine

Vladimir relance un appel aux dons car il repart ce vendredi 11 mars. Les besoins sont criants.

Un deuxième convoi solidaire est en préparation pour l’Ukraine. Il partira de Bouge ce vendredi soir. Suite au premier voyage jusqu’à la frontière, les besoins ont été affinés et la liste du matériel a été mise à jour.

Sont toujours recherchés: des médicaments (comme des antidouleurs, anti-inflammatoires et antiseptiques), des bandages, des pansements et des pansements compressifs, des seringues, des civières et des trousses de secours. Au niveau médical, les besoins sont énormes, selon Vladimir Kibardin et sa compagne Sophie Hubert, qui font notamment appel aux personnes et structures qui pourraient contribuer à leur recherche d’équipements pour stopper les saignements abondants.

Les dons affluent chez Vladimir et Sophie pour préparer un deuxième convoi qui partira vendredi soir à la frontière.

En termes d’hygiène, sont requis des savons, shampoings, lingettes humides, dentifrice ainsi que des serviettes hygiéniques. Des langes, de la nourriture pour les bébés et du lait en poudre sont indispensables.

Concernant la logistique, sont requis des lampes frontales avec plusieurs piles, des talkies-walkies, des groupes électrogènes et des powerbanks (batteries portables).

On peut voir concrètement que les colis de matériel, d’équipements et de médicaments sont bien arrivés sur place, pour les militaires, les enfants en bas-âge, les familles, les hôpitaux…

Un hangar pour le tri

Au niveau alimentaire, des barres énergétiques, de la farine, des pâtes, du riz, des boîtes de conserve, du lait concentré, du miel, du chocolat sont demandés, sans oublier des pastilles pour purifier l’eau.

Le lieu de la collecte est toujours situé chez Vladimir et Sophie, au numéro 20 de la rue Victor Bemelmans à Bouge. « Pour trier tout ce que nous recevons, mon voisin met à disposition un entrepôt à Saint-Servais, au numéro 500 de la route de Gembloux, indique Vladimir. Mais nous préférons que les colis soient d’abord déposés à Bouge car nous serons là, c’est plus personnel et plus sympa. » Les bénévoles sont toujours les bienvenus pour trier les colis et effectuer des trajets. Pour leur permettre d’acheter le matériel le plus urgent et de payer le carburant pour effectuer les plus de 3000 kilomètres aller/retour jusqu’à la frontière Pologne/Ukraine, de l’argent peut aussi être versé sur le compte BE95 0012 9039 6858 avec la communication « Ukraine libre ». « L’élan de solidarité est trop beau, nous voulons continuer l’action! », concluent-ils, remerciant tous ceux qui ont déjà participé à cette entraide. Les dernières infos et les partages d’initiatives solidaires sont à retrouver sur la page Facebook Solidarité Ukraine-Namur.