Du cirque, du théâtre, de la danse, des concerts, des contes et des entresorts : le festival des arts forains fera battre le cœur de Namur du jeudi 26 au samedi 27 mai. L’Avenir vous propose de découvrir dans ce Grand angle quelques-uns des spectacles et des artistes qui animeront cet incontournable événement familial.

« Nous allons partager des émotions fortes ensemble, enfin »

Samuel Chappel, le directeur de Namur en mai, se réjouit du retour du festival des arts forains en pleine possession de ses moyens, du 26 au 28 mai.

Samuel Chappel et son équipe sont fin prêts pour le retour de Namur en mai. « Et on est impatients ! »

Samuel Chappel et son équipe sont fin prêts pour le retour de Namur en mai. « Et on est impatients ! »

Samuel, 2021 a connu une édition réduite. Vous confirmez qu’on renoue cette année avec la formule habituelle, sans restriction ?Je ne dirais même pas que 2021 a été une édition réduite. Il y a eu une représentation-test et un événement qui se voulait militant et revendicatif dont le but était de montrer que la culture était sûre et indispensable. On était en dehors de l’ADN de Namur en mai, avec des spectacles sur réservation. Or l’essence des arts forains, c’est précisément l’ouverture au public… Nous avons lancé l’organisation de cette édition 2022 il y a plusieurs mois et nous voulions être certains que l’événement se déroule, quelle que soit l’évolution de la situation sanitaire. C’est pourquoi nous avons levé le pied sur les spectacles itinérants en rue : leur public est moins facile à canaliser que celui d’une cour ou d’une place. Pour le reste, l’événement sera comme avant.

La thématique de cette année est « Singuliers Pluriels », comment l’interpréter ?
Nous proposons au public un fil rouge, une couleur, une grille de lecture de la programmation, libre à lui de la suivre ou de l’interpréter. C’est lié à ces derniers mois : nous avons tous été fort singuliers car confinés chez nous, à vivre seuls des émotions fortes. Il y a eu peu de démarches collectives et le festival offre l’occasion d’en vivre une, et de partager les mêmes émotions. Chaque artiste vient en outre avec une démarche singulière, un personnage, une vision du monde. Le festival est une pluralité, la somme de ces singularités.

Le festival investit la nouvelle Confluence…
Oui, l’esprit de l’art forain, c’est aussi de s’adapter à une ville qui mue. En 2017, on avait programmé des choses sur le Grognon, qui était alors un parking avec du gravier, et ça n’avait pas pris. Y aller, c’était comme quitter le centre-ville. C’est tout à fait autre chose aujourd’hui. La Confluence devient un des gros centres névralgiques de Namur en mai, les festivaliers y passeront forcément. Nous avons été émerveillés par ce nouveau lieu et par la manière dont les Namurois se le sont rapidement approprié. Le bourgmestre Prévot avait souhaité que Namur en mai y soit présent, il nous a semblé évident d’y être. Namur est une ville d’eau et la Confluence, comme le Delta, permettent de renouer avec les cours d’eau. C’est fou de ce dire que ces deux lieux n’existaient pas lors de la dernière édition de Namur en mai !

Qu’y trouvera-t-on ?
La Confluence accueillera des spectacles gratuits, sur les quais, tout au long de la journée. On trouvera aussi des spectacles sur l’esplanade, ainsi qu’un bar, des animations musicales, des blind-tests. Il y aura aussi le Fouillis Cagibi : des jeux en bois, un manège et des escape-rooms, en collaboration avec les Namurois du Siroteur. Au Delta, nous aurons un spectacle en salle sur réservation et des représentations tout au long de la journée en bord de Sambre et sur la terrasse panoramique.

Le ratio 50/50 entre spectacles gratuits et payants est-il toujours de mise ?
Oui, mais nous ne réfléchissons pas en termes de gratuit/payant sur un plan financier. Notre démarche est de toucher différents publics, indépendamment de la question de l’argent. Les spectacles gratuits viennent chercher en rue le spectateur qui n’a peut-être pas l’habitude de pousser la porte d’une salle de théâtre. Les spectacles payants, dans les cours, se vivent assis, réclament une plus grande qualité d’écoute et se fondent sur un récit suivi.

Avec les « parcours », vous prenez le spectateur indécis par la main…
Le programme est vaste et certains spectateurs peuvent se sentir un peu perdus, ne pas savoir pas quel bout le prendre. Les « parcours » sont là pour les guider, avec une demi-douzaine de rendez-vous, un pêle-mêle complet et équilibré de ce qu’est Namur en mai. Il existe un « parcours famille » dont le nom du tout, et un « parcours singulier » s’adressant à un public curieux, avec des valeurs sûres et des découvertes.

Le chapiteau de la place Saint-Aubain accueille à nouveau des formules cabaret…
Le cabaret plaît beaucoup.  Le cadre est sympa, le public est plongé dans une atmosphère du temps passé. Sur la scène, sous la conduite d’un maître de cérémonie, défilent six numéros d’une dizaine de minutes, dans des disciplines variées. Le « Petit cabaret » s’adresse au public familial, le « Cabaret singulier » se veut spectaculaire et impressionnant, le « Cabaret coquin » titille l’imaginaire sensuel avec délicatesse et poésie.

Les Tops de Samuel Chappel

« Sol Bémol », D’Irque & Fien

« Un spectacle impressionnant, avec les pianos qui voltigent, beaucoup d’humour, de tendresse et de poésie. C’est une création flamande qui a fait le tour de l’Europe et qu’on n’a pas encore vue en Wallonie. »
École Notre-Dame, tout public.

« Le Songe de Prométhée », La Salambre

« Ce spectacle de feu revisite le mythe de Prométhée, qui a volé le feu aux Dieux, avec une grande force narrative et de la musique. »
École Notre-Dame, tout public.

« La Tortue », Pieter Post

« Une création néerlandaise qui invite à prendre son temps, à ralentir, avec humour et second degré, au fil de la construction d’une tortue mécanique. »
Cour des Bateliers, tout public.

« Une parade nuptiale jonglée », Cie Little Garden

« Un jongleur très technique, très précis, qui évoque la saison des amours chez les animaux. »
Jardin des Bateliers, tout public.

Plus de 550 personnes pour révéler la magie de Namur en mai

Combien de personnes cette édition mobilise-t-elle ?
Namur en mai 2022, ce sont 55 spectacles différents, plus de 350 représentations et 200 artistes et techniciens. Du côté de l’organisation, nous sommes, avec les stagiaires, une trentaine au sein de l’ASBL NEM, auquels s’ajoutent pendant le festival environ 300 bénévoles pour l’accueil et le catering des artistes, l’accueil du public, la sécurité, les bars…  Notre défi, après l’arrêt Covid, a été de remobiliser tous ces bénévoles.

A-t-on déjà estimé l’impact économique du festival pour la ville de Namur ?
Nous n’avons pas de vision complète, mais seulement des indicateurs. Il y a quelques années, l’ASBL GAU, devenue Namur Centre-Ville, avait sondé les commerçants. Ceux-ci désignaient Namur en mai comme l’événement le plus porteur pour eux, devant les Fêtes de Wallonie, le marché de Noël et les soldes. Bien sûr, il y a des commerçants pour qui le festival a un impact négatif, mais la majorité en tire parti. Comme les hébergeurs. Là, c’est même la galère pour nous qui devons loger les artistes : les hôtels, gîtes et Air B&B sont complets dans un rayon de 20 kilomètres ! Du point de vue de l’image de la ville, l’impact médiatique du festival est important : je pense qu’il révèle Namur sous son plus beau jour.

Où en est la convention qui vous lie à la Ville de Namur en tant qu’organisateur du festival ?
Nous faisons cette édition puis l’édition 2023. Ensuite, un nouveau marché sera lancé par la Ville. Nous commencerons par lire la convention, mais notre envie est d’être candidats ! 2024 sera très importante pour l’ASBL NEM : ce marché public conditionnera notre demande de contrat-programme auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Actuellement, nous fonctionnons avec des aides au projet, d’année en année, sans garantie sur les budgets. Avec un contrat-programme, on connaît à l’avance les montants qui sont promis, pour cinq ans. On travaille beaucoup à cette demande et on y croit. Nous sommes l’un des plus gros festivals non-musicaux. Si tout se met bien, on peut entrevoir encore de belles années pour Namur en mai.

De l’acrobatie sous assistance respiratoire

Atteint par la mucoviscidose, l’acrobate Jesse Huygh, 30 ans, a choisi d’intégrer la maladie et ses contraintes dans une performance au mât chinois.

Rien que plus normal qu’un acrobate à bout de souffle en fin de représentation, sous les applaudissements du public. Mais un circassien au souffle court avant même d’entrer en scène, est-ce seulement imaginable ?

C’est la réalité de Jesse Huygh, un artiste de cirque professionnel qui vit depuis l’âge de 12 ans avec la mucoviscidose, cette maladie génétique dégénérative qui affecte gravement le système respiratoire. Après avoir pratiqué du sport intensivement dans sa jeunesse, sur conseil médical, il s’oriente contre toute attente vers une carrière d’acrobate.

Deux mètres de tube

Formé à l’École supérieure des arts du cirque à Bruxelles, Jesse Huygh travaille pour différentes compagnies puis se concentre sur des projets plus personnels. Celui qui sera présenté à Namur en mai a été imaginé au début en 2020, alors que le jeune homme était hospitalisé en raison de l’évolution de sa maladie. Celle-ci venait de le priver de plus de la moitié de sa capacité pulmonaire, le contraignant à porter une assistance respiratoire lors des efforts physiques intenses.

« Le premier script a été écrit à l’hôpital, avec une aiguille dans le bras, explique l’artiste dans la présentation de sa création. Il était clair dans ma tête que je n’étais plus en mesure de faire un spectacle entier en solo. »

Pas question de laisser tomber pour autant. Jesse imagine un duo acrobatique au mât chinois. Sa partenaire, son amie Rocio Garrote, lui glisse l’idée d’intégrer les entraves qu’impose la mucoviscidose au cœur de la narration d’un spectacle autobiographique. Celui-ci se nomme À deux mètres, en référence à la longueur du tube qui relie Jesse à sa réserve d’oxygène. Le dispositif médical, porté au dos par les interprètes, est un élément essentiel de la chorégraphie. Ou comment transcender artistiquement la contrainte physique.

« La thématique du spectacle, détaille l’acrobate de 30 ans, tourne autour de l’idée d’offrir du soutien, d’en recevoir, d’en demander à quelqu’un d’autre, d’aller trop loin dans cette demande… »

Sur un camion perchés

Les limites imposées par la maladie à son art ont questionné Jesse sur l’accessibilité au spectacle. En plus de la version destinée aux festivals,  il a imaginé une déclinaison mobile de sa création.

« Mon objectif est de l’amener dans les hôpitaux et les maisons de repos, dit-il. Nous avons pensé à aménager un camion sur lequel installer le mât chinois et avec lequel nous pouvons passer devant les fenêtres. C’est une façon de dire que même dans les moments durs, il y a toujours moyen d’espérer. Que si on est obligé de ralentir, ça ne signifie pas qu’on doit s’arrêter et qu’il serait dommage de se priver de rêver. »

École Notre-Dame, rue du Lombard. À partir de 5 ans.

Aspect pratique

Plus gratuit que payant

Plus de la moitié des 55 spectacles programmés à Namur en mai sont gratuits, ou proposent au public de participer en conscience « au chapeau ». On les découvre en rue, sur les places, sur les quais. Les spectacles organisés dans les cours et jardins sont pour leur part payants. Pour y accéder, il faut se procurer la monnaie officielle du festival : le NEM. D’une valeur unitaire de 3 €, les NEM sont en vente aux billetteries situées sur les places d’Armes et Saint-Aubain.

Les entrées aux spectacles coûtent entre 1 et 4 NEM, selon notamment la durée de la représentation. C’est gratuit pour les moins de 3 ans et le tarif enfant s’applique jusqu’à 13 ans.

Un pass pour les gourmands

Pour les gros consommateurs, la formule du Pass est conseillée.
Le Pass donne accès à tous les spectacles, sauf les cabarets et les entresorts. Pour 1 jour (14,5 € enfants, 29 € adultes) ou pour les 3 jours de festival (22 € enfants, 44 € adultes).

Pour les acharnés qui ne veulent pas perdre de temps et ne rien rater, la solution est le Pass Prior, un coupe-file prioritaire en vente uniquement en ligne (37,5 € enfants, 75  € adultes). Les bénéficiaires Article 27 peuvent obtenir des entrées pour les spectacles payants au prix de 1,25 €.

Laissez passer !

À noter aussi que les personnes porteuses de handicap, les personnes à mobilité réduite et les femmes enceintes peuvent toujours se glisser dans les files prioritaires, et ce quels que soient le spectacle et le mode de paiement.

www.namurenmai.org
[email protected]
081 81 84 55

« Michel, deux fois » plutôt qu’une

Michel a-t-il posé les bons choix dans la vie ? Et vous, qu’auriez-vous fait à sa place ? , interroge la Cie des Bonimenteurs.

Les gens comme tout le monde, les gens sans histoire, ceux dont l’existence semble toute tracée, prennent eux aussi des décisions qui orientent radicalement le fil de leur vie. C’est le thème de Michel, deux fois, la dernière création de la Compagnie des Bonimenteurs, à découvrir à Namur en mai.

« Les personnages sont des gens ordinaires, ils sont dans la quarantaine et s’interrogent sur les choix qu’ils ont posés à différentes étapes importantes de leur vie, détaille le Namurois Vincent Zabus, interprète et coauteur du spectacle. Nous avions envie de parler de ces gens d’une apparente banalité dont l’existence recèle tout de même des secrets. »

Michel intime

Le spectacle est déambulatoire. « Nous jouons quatre scènes, en quatre lieux différents, qui passent en revue la vie des personnages. Nous emmenons le public, qui est muni d’un petit tabouret pliable. À chaque étape, un grand dessin évocateur de la destinée des personnages est encollé au mur. Les dessins sont l’œuvre d’Hippolyte et donnent une dimension street-art au spectacle. »

Si les Michel se questionnent sur les options qu’ils ont prises, le public y est lui aussi confronté, par le truchement d’une trouvaille de mise en scène. Michel, deux fois prend l’allure d’une fable existentielle contemporaine, introspective et intimiste.

« Nous ne sommes pas amplifiés, notre jeu est naturaliste, nos costumes ne sont pas théâtraux, c’est volontaire. Nous voulions un spectacle drôle et tendre, souriant et touchant. »

On est loin de l’esprit forain et gouailleur qui fait la réputation de la Compagnie des Bonimenteurs depuis 25 ans. « Avec ce genre de travail, nous pouvons explorer d’autres univers, d’autres thématiques, nous réinventer et retrouver le plaisir de créer.  C’est aussi pour le public l’occasion de nous découvrir sous une facette différente. Nos aspirations artistiques suivent le fil de nos vies, en fait. Avec l’expérience, on est plus à même de jouer dans la subtilité, comme ici, sans aboyer comme un bonimenteur ! »

Le spectacle a été créé l’été dernier. Il a été présenté notamment à Chalon-sur-Soane et à Ottignies-Louvain-la-Neuve, mais a finalement peu tourné en raison du Covid.

«Namur en mai constitue le lancement de la vraie tournée, dit Vincent Zabus. On en est d’autant plus heureux d’y jouer que le festival est coproducteur du spectacle : ils nous ont soutenus sans l’avoir vu.»

Cour du Musée des arts anciens, rue de Fer. Dès 12 ans.

Les Bonimenteurs battent le pavé depuis 25 ans

Parmi les indémodables du catalogue de la compagnie, Les lecteurs publics.

Parmi les indémodables du catalogue de la compagnie, Les lecteurs publics.

L’histoire de la Compagnie des Bonimenteurs est étroitement liée à celle de Namur en mai. « Le groupe s’est créé en 1997, pour la deuxième édition du festival, sur les encouragements de Jean-Félix Tirtiaux, alors directeur de l’événement », se souvient Vincent Zabus. Ces personnages haut en couleur, hâbleurs et vêtus de costumes décalés guidaient le public, faisaient de la retape pour les spectacles et animaient les coins de rue.

« Au fil du temps, nous sommes devenus membres de la famille de Namur en mai, dit le directeur artistique de la compagnie. En 2000 toutefois, nous avons pris notre indépendance, créé notre ASBL et commencé à jouer ailleurs. La complicité avec Namur en mai est toujours restée : on a fait presque toutes les éditions. »

Aujourd’hui, le collectif compte une quinzaine de comédiens. « Certains sont partis, mais le noyau dur est toujours là », dit Vincent Zabus. Le boniment constitue encore le cœur de l’offre de la compagnie namuroise. Plusieurs formes de théâtre de rue figurent durablement à son catalogue, comme la Pêche aux histoires, les Lecteurs publics ou la Loterie érotique des demoiselles. « On renouvelle les contenus, les histoires et les textes, mais le concept reste identique. »

À côté de ces spectacles « tout-terrain », les Bonimenteurs proposent régulièrement des créations destinées à tourner sur deux ou trois années, comme ce Michel, deux fois. « C’est toujours du théâtre de rue, mais avec un récit, une mise en scène et un jeu moins grandiloquent que celui du boniment. »

L’insolence au comptoir de la Boucherie Bacul

Pâté de Barbie, Mickey au vinaigre, jambon de Porcinet… La boucherie artisanale Bacul vous attend. Saignant.

Pour la première fois, le duo anversois de la compagnie Pikzpalace fera halte à Namur pour présenter les dernières marchandises artisanales de la Boucherie Bacul. À savoir des peluches et des poupées abandonnées qui subiront, face au public, quelques expériences insolites dans cette baraque itinérante.

De quoi déconcerter les fins amateurs de viande qui espéraient s’en procurer sur place. « Les gens pensent parfois que nous vendons des produits à manger », s’amuse Greet Verhoeven, interprète avec Éric Peeters de cette création à l’humour surréaliste. Si a priori le spectacle risque de paraître morbide aux yeux du jeune public (mais que fait cette grande lame sanguinolente sur le cou de Mickey Mouse ?), le premier ressenti devrait céder assez vite sa place à des instants drôles et déjantés.

Ovni international

Depuis une dizaine d’années, Greet et Éric officient derrière le comptoir pas très frais de la Boucherie Bacul, partout en Belgique, lors de festivités foraines. Créé au festival de théâtre de rue d’Ypres, le spectacle du tandem a ensuite circulé dans toute l’Europe et même en Australie. « Lorsque nous le jouons à l’étranger, on entend souvent que notre humour belge est très particulier, constate Greet Verhoeven. Pour nous, il s’agit d’un grand compliment au regard du comique absurde qui caractérise la Belgique. »

À l’origine graphistes et cinéastes, les deux comédiens ont aussi élaboré ensemble le scénario du show ainsi que les costumes de leurs personnages. Sans oublier la récupération des jouets auprès de leur entourage ou dans des brocantes, afin de leur redonner une seconde vie… ou à tout le moins un nouveau destin !
Pour connaître précisément le sort réservé aux doudous de notre enfance, rendez-vous à Namur en mai…

Confluence, tout public.

Le mythe de Prométhée au cœur d’un spectacle de feu

« Le Songe de Prométhée » débarque pour la première fois à Namur. Au programme, des danseurs en symbiose avec le feu, pour redonner vie au mythe.

Des flammes illumineront les soirées de Namur en mai grâce au Songe de Prométhée, de la compagnie La Salamandre. Mélange de danse et de théâtre, ce spectacle retrace l’affront du titan Prométhée, qui déroba le feu aux dieux de l’Olympe afin de le transmettre aux hommes. Un acte qui provoqua la colère divine de Zeus. « Notre compagnie étant spécialisée en spectacles de feu, nous étions très sensibles à ce mythe qui évoque le châtiment et la rédemption de Prométhée », avance Christian Coine, cofondateur du collectif.

Sur scène, six danseurs épaulés par un régisseur se réapproprient ce récit de la mythologie grecque. Mais le véritable acteur principal du show, c’est le feu, synonyme ici de passion, d’amour et de risque, qui assure la transition entre le rêve et la réalité. De quoi proposer au public un moment magique, en toute sécurité.

Une œuvre intemporelle et sans frontière

Le Songe de Prométhée est le quatorzième spectacle de la compagnie La Salamandre, fondée à Besançon (Franche-Comté) en 1990. Depuis sa création, voici trois ans, ce spectacle a été exporté dans plusieurs pays tels que l’Italie ou l’Espagne. « Je pense que travailler avec l’élément feu, à travers son caractère sacré et intemporel, permet de parler à tout le monde, dit Christian Coine. Des régions en Espagne et dans le sud de la France ont aussi un folklore lié au feu. »

Des traditions qui expliquent la dimension internationale de cette adaptation du mythe, conçue par le directeur artistique Bertrand Boss. Privilégiant la performance aux dialogues, Le Songe de Prométhée peut voyager d’une contrée à une autre, quel que soit le public, grâce à son langage universel.

École Notre-Dame, rue du Lombard. Tout public.

« Le tout petit monsieur » ne veut pas se retrouver seul

La compagnie namuroise des Zygomars revient avec « Le tout petit monsieur ». Une création originale qui mêle théâtre, illustration et musique.

Du 26 au 28 mai, Le tout petit monsieur vagabondera dans les rues de Namur. Au programme de son périple : des histoires du soir pour enfants, contées par ses soins. Sans oublier quelques réflexions sur les aléas du confinement. En cause, une rumeur d’invasion de Martiens capables de se transformer en êtres humains, qui contraint les habitants à rester enfermés chez eux. Ce cas de figure vous rappelle quelque chose ? Normal, toute allusion à une récente épidémie mondiale est purement volontaire ! De quoi interroger les spectateurs sur leur capacité à réagir face à une situation inattendue qui impacte le cours de leur vie.

Pour mettre en forme cette création originale, la compagnie des Zygomars a opté pour la technique japonaise du kamishibaï. À savoir un mini-théâtre ambulant dans lequel des illustrations défilent devant le public. « Puisque je suis aussi scénariste de bandes dessinées, j’ai tout de suite été attiré par ce mode d’expression qui mêle théâtre et BD », raconte le Namurois Vincent Zabus, auteur et metteur en scène du spectacle. Aux dessins de l’artiste Valérie Vernay s’ajoute le jeu théâtral de Samuel Laurant, qui a également composé les thèmes musicaux du spectacle.

Une expérience inédite pour cet acteur qui assure le show en solo durant trente-cinq minutes : « Il m’est déjà arrivé d’être seul en scène pour raconter des histoires, mais jamais dans un spectacle complet avec du kamishibaï », souligne-t-il. Après plusieurs représentations dans les écoles, cette fable tout-terrain est désormais prête à conquérir le festival des arts forains.

La visioconférence donne des idées

C’est en pleine crise Covid, tandis que les annulations s’enchaînaient dans le monde du spectacle, que Vincent Zabus a imaginé cette histoire. Un concept créé, à l’origine, sous une nouvelle forme artistique : le « zoomishibaï » (contraction sémantique entre kamishibaï et Zoom, le logiciel de visioconférence). « Lorsque notre équipe organisait des réunions à distance, on s’est rendu compte qu’il était possible, grâce à cette technique, d’insérer des images en arrière-plan », se remémore le metteur en scène.

Aussitôt, il conçoit son récit sous la forme d’un conte virtuel qui peut être montré au public en distanciel. « Lorsque les contraintes liées à la pandémie se sont assouplies, nous avons décidé de sortir de l’écran pour proposer un véritable kamishibaï », explique Vincent Zabus.

D’abord interprétée par un autre comédien dans son format de départ, la fable reprend ensuite vie sur scène à travers la voix et les instruments de Vincent Laurant. L’artiste autodidacte a pu apporter une touche plus personnelle à cette œuvre qui se veut drôle et touchante. « Sur le plateau des Zygomars, il y a un véritable sens de la liberté pour les comédiens, en fonction de leur sensibilité », relate l’interprète. Ce qui permet aux membres de la compagnie, au fil des répétitions, d’être en symbiose avec leur texte et de contribuer au développement du récit.

Athénée de Namur, rue du Collège. Dès 6 ans.

Dans le gosier

Les festivaliers profiteront de l’horeca namurois et de ses terrasses, mais pourront aussi prendre un verre aux bars du festival implantés à la Confluence et sur les places d’Armes, de l’Ange et Saint-Aubain. Une douzaine de food-trucks proposeront leurs spécialités aux mêmes endroits, ainsi qu’à la rue du Collège.

À la bonne heure

Le festival propose ses spectacles le jeudi et le samedi entre 10h15 et 23h15 ; le vendredi entre 11h et 23h15. La Confluence accueille les dernières animations en soirée. Les bars et food-trucks ferment à 1h.

Tournez manèges

Les arts forains, ce sont aussi les anciens manèges pour enfants. On trouvera par exemple des chevaux en bois place Saint-Aubain, des manèges à bateaux et à chaînes place d’Armes et un toboggan géant à la Confluence : le spectaculaire Helter Skelter.

Les enfants d’abord

Trois pôles d’attraction pour les jeunes enfants prendront place en ville. L’espace du partenaire de Namur en mai Solidaris se déploiera sur la place d’Armes avec une pêche à la ligne, du grimage, un atelier coiffure, un bar à crème solaire et un atelier de customisation de tote bags. La caisse d’allocations familiales Camille, autre partenaire du festival, proposera des jeux géants, des tatouages et des barbes à papa sur la place Saint-Aubain. À la Confluence, c’est l’espace Le Fouillis Cagibi avec des jeux en bois, des escape boxes et un manège à pédale qui tourne à la force des jambes des parents (entrée : 1 NEM).

Diabolo mentor

Le Français Priam Pierret, 42 ans, est une sommité mondiale du diabolo. Artiste, pédagogue et… chercheur, il a contribué à la modernisation de la discipline.

Vous souvenez-vous de votre premier contact avec un diabolo ?

Très bien. J’avais 11 ans et mon cousin est venu avec un diabolo lors d’une fête de famille. J’ai tout de suite accroché et j’ai demandé à ma mère d’en acheter un. J’en ai beaucoup fait, tout seul dans mon coin. À 15 ans, j’ai rencontré d’autres diabolistes et je me suis perfectionné à leur contact, ainsi qu’en lisant des livres.

Qu’est-ce qui vous a séduit ?

Il y a un côté magique. Le diabolo qui tourne et reste stable, en équilibre, grâce à la force gyroscopique. J’aime aussi le jeu avec la ficelle, les figures qu’elle peut dessiner. Et puis il y a l’aspect aérien. Je me souviens qu’enfant, j’essayais de lancer mon diabolo aussi haut que le clocher de l’église. Je ne pense pas que j’y arrivais ! Aujourd’hui, je monte à 25 mètres.

Et surtout, vous le rattrapez !

Ça, ce n’est pas le plus difficile. Qu’il monte à 2 ou à 20 mètres, c’est la même chose.

Le diabolo aurait pu rester un hobby. Comment en avez-vous fait votre job ?

Lors de mes études d’ingénieur, on a créé un club de jonglage avec des amis étudiants. Je pratiquais tous les jours. On faisait des représentations lors des événements de l’école. Après nos études, on a créé une association et on a commencé à avoir des contrats. Avec notre expérience, on avait atteint un niveau professionnel. J’ai bossé deux ans comme ingénieur puis je me suis rendu compte que je pouvais vivre du diabolo. J’ai démissionné et j’ai été bien inspiré : deux semaines plus tard, j’étais sélectionné au championnat du monde à Los Angeles. J’ai terminé troisième. C’était en 2004, j’avais 25 ans.

Qu’est-ce qui a fait la différence ? Pourquoi avez-vous émergé, selon vous ?

Avec mes amis de l’association, on a eu de la chance, en fait. À l’époque, le diabolo était encore peu connu et peu répandu chez nous. On était assez créatifs et on a produit un DVD avec les figures que nous avions inventées. Il a connu un succès mondial. On était réputés pour avoir révolutionné le répertoire. C’était aussi l’époque où internet a contribué à l’émulation entre diabolistes.

Est-il encore possible d’innover aujourd’hui ?

Oui, de nouvelles choses se créent toujours. Cela tient aussi à l’évolution du matériel. Le diabolo a été inventé en Chine, il y a près de 1000 ans. Il est arrivé en France à la fin du XIXe siècle. À cette époque, il était en métal, en bois ou en céramique et donc lourd et difficile à rattraper.  Le caoutchouc est arrivé, qui a permis un meilleur équilibrage de l’objet. Des évolutions techniques ont permis de travailler avec deux diabolos dans les années 80, trois dans les années 90… jusqu’à cinq vers 2015.

Avez-vous une figure « signature » qui fait votre réputation ?

Il y en a plusieurs mais il y a surtout celle qui est baptisée « Feed the sun », que j’ai inventée en 2005 à Berlin. C’est une combinaison qui permet d’envoyer jusqu’à cinq diabolos successivement, comme pour « nourrir le soleil ». Elle a été reprise partout. Les diabolistes parlent du « FTS ».

Que montrerez-vous au cabaret de Namur en mai ?

Au cabaret Singulier, je présenterai le numéro Diabolord, où je suis habillé en lord anglais. Pour le Petit cabaret, à destination des familles, ce sera Diabolord in the dark : je joue dans le noir avec un costume réagissant à la lumière UV et des diabolos lumineux.

On peut rattraper un diabolo dans le noir ?

Oui, la ficelle est fluo !

Il n’y a pas des jours où vous ne pouvez plus voir un diabolo en peinture ?

Franchement, non. Là, je suis dans mon bureau et derrière moi, j’ai ma collection de 130 diabolos. Beaucoup de jongleurs finissent par passer à autre chose, comme le théâtre, la danse ou la musique. Pas moi, j’ai toujours voulu garder un niveau international et progresser. Je reste un grand passionné, et ça me plaît.