« Ah ! J’ai des frères sur la terre »
Cet artiste de scène français est notamment connu pour son rôle du truculent Professeur Rollin, créé en 1988 pour la série humoristique Palace, laquelle proposait une série de sketches absurdes pour la plupart et mettant en scène la vie et les protagonistes d’un grand hôtel.
François Rollin, on a souvent dit de votre humour qu’il était absurde. À raison ?
« Mon humour était, il est vrai, un peu décalé par rapport à l’humour français de l’époque. Contrairement à la plupart, je ne venais pas du milieu du théâtre. Quand je regardais des humoristes tels que Fernand Raynaud, clairement, je me disais que je n’étais pas dans les clous… »
Votre humour s’inscrit en effet d’avantage dans la lignée du non-sens et de l’humour britannique. Les Monty Python ont-ils eu une influence sur votre vocation ?
« Pour être honnête, je les ai découverts par hasard. Je ne peux donc pas vraiment dire que cela m’a influencé, car je pratiquais déjà, à ce moment-là, ce type d’humour. Mais je me suis quand même dit : « Ah, j’ai des frères sur la terre. Je ne suis pas tout seul… ».
L’émission « Palace » était une sorte d’OVNI dans le paysage télévisuel et humoristique français. Est-ce que vous évoquiez les Monty Python lors des séances d’écriture des sketches ?
« Ca a été évoqué une fois ou l’autre, oui. C’est vrai qu’on avait ce même humour décalé. Peut-être que le nôtre ne l’était pas autant que celui des Monty Python. Mais c’était l’humour que l’on partageait avec Georges Wolinski, Roland Topor et Jean-Michel Ribes (NDLR : les autres auteurs principaux des sketches de Palace). »
Un humour absurde ?
« En France, on dit de ce qui est absurde quelque chose qui est totalement délirant, qui est du grand n’importe quoi. Tout le monde ne pouvait pas rentrer dans l’humour de Palace. D’ailleurs, ceux qui ne rentraient pas dedans disaient : « C’est n’importe quoi ». Mais ce n’était pas n’importe quoi, ça faisait sens, avec, c’est vrai, un autre mode que l’humour traditionnel. »
Comédien dans la série à succès Kaamelott, où il incarne le roi Loth d’Orcanie, François Rollin distingue évidemment une forme de filiation entre l’humour des Monty Python et l’écriture d’Alexandre Astier : « C’est clairement sa came. Il adore ça. Mais Kaamelott n’est pas un copier/coller des Monty Python. Il a une écriture originale, qui lui est propre. Le succès de Kaamelott, c’est ce télescopage entre les vérités d’une époque et le phrasé et les sentiments d’aujourd’hui. C’est ce qui rend son œuvre intemporelle. »