À l’occasion de l’inauguration, à Stoumont, du plus petit musée du monde, nous vous invitons à découvrir ces lieux insolites de Belgique, réputés être les plus petits : cinéma, maison, théâtre, église, restaurant… Des lieux souvent chargés d’histoire et qui, pour certains, font partie du patrimoine essentiel de leur commune.

Durbuy : vraiment la plus petite ville du monde ?

Le premier lieu que l’on découvre, c’est une ville : Durbuy, autoproclamée « plus petite ville du monde ». Mais est-ce bien le cas ?

© Police fédérale de Belgique

Quelques pavés mal ajustés, une petite rue qui serpente entre les terrasses et les boutiques. Au cœur de Durbuy, ce qui ressemble à une ruelle est la rue principale de la ville. Parce que, malgré sa taille minuscule, à peine celle d’un village, Durbuy est bien une ville. Et ce serait la plus petite du monde.

« C’est un clin d’œil, en fait. Mais on sait très bien que ce n’est pas le cas. » Ce constat, c’est celui de Chantal Rossignon, employée à l’Office du tourisme. Elle nous éclaire quelque peu sur les origines de cette réputation de plus petite ville du monde.

« Durbuy a été élevée au rang de ville en 1331 par le roi Jean de Bohême, comte de Luxembourg. Ce petit village s’est développé et est devenu une ville médiévale. Elle a toujours été considérée comme telle. Ensuite, quand le tourisme s’est développé, après-guerre, cette appellation a été un atout majeur. Les gens venaient pour voir la plus petite ville du monde. »

Paradoxalement, Durbuy est la 14e commune la plus vaste de Belgique. Elle s’étend sur la Famenne, le Condroz et l’Ardenne. On y compte 11.000 habitants (commune), environ 500 pour Durbuy même et à peine 50 pour le cœur historique.

Mais si Durbuy est certainement la plus petite ville de Belgique, c’est Hum, en Croatie, qui serait la plus petite ville du monde. Elle compte environ 30 habitants.

Tourisme

Durbuy vit par et pour le tourisme. Mais il ne faudrait pas que celui-ci étouffe la ville.

Pablo Docquier, (jeune) échevin du Tourisme : « Ça apporte un gros atout économique et commercial de faire savoir que l’on est la plus petite ville du monde. Enfin, ce n’est sans doute pas le cas, mais moi je dirai que ça l’est. »

À Durbuy, les touristes affluent de partout, mais principalement de Flandre, de Wallonie, d’Allemagne et des Pays-Bas.

Lorsque l’on évoque la « flamandisation » de la ville (Marc Coucke y est omniprésent), Pablo Docquier riposte : « Il y a toujours eu des familles qui ont investi dans Durbuy. Il y a des décennies, c’était la famille Caerdinael. Maintenant, c’est Monsieur Coucke, c’est une nouvelle génération d’investisseurs. Il y en a pour tous les goûts à Durbuy, de la pizzeria au restaurant gastronomique. Mais on est toujours vigilant à préserver l’âme de la ville. Les investisseurs doivent rester dans le moule durbuisien. » Pas question donc que la charmante petite ville wallonne devienne le Knokke des Ardennes.

L’âme de Durbuy, c’est son patrimoine, ses pierres, son histoire. « C’est une âme qu’il faut préserver, poursuit le jeune échevin. Durbuy, c’est toute une histoire, un patrimoine, dont nous voulons transmettre le message. Le musée d’art contemporain va d’ailleurs être agrandi avec une exposition permanente consacrée à l’histoire de la ville. L’ouverture est imminente. Le tourisme doit préserver cette âme, pas lui nuire. »

Une âme que les Durbuysiens défendent avec ardeur.

Pont-à-Celles : le plus petit théâtre du monde n’est plus

À Pont-à-Celles, un couple un peu fou a créé le plus petit théâtre du monde. Dans son salon… Mais depuis, le PPTDM a fermé ses portes.

 

« Bienvenue chez nous ». C’est par ces quelques mots que Céline Charlier accueillait le public dans le « Plus petit théâtre du monde ». Appellation contrôlée et certifiée.

La scène, la régie, le public, la loge VIP, tout ça tenait dans le salon de cette petite maison de la rue Larmoulin, à Pont-à-Celles.

On poussait les meubles, on installait les 17 chaises et le spectacle pouvait commencer.

Ce projet, un peu dingue, avait germé dans la tête de Céline Charlier et Didier Gesquière. Elle est programmatrice, productrice ; il est comédien, réalisateur. À eux deux, ils ont créé « Le plus petit théâtre du monde ».

Céline : « On a vérifié partout s’il n’y avait pas de théâtre plus petit. Il y en a un en Italie qui fait 60-70 places. Nous, en configuration assise, on a 17 places ; 33 en configuration debout. »

Didier : « J’ai beaucoup joué dans des appartements. Lorsque je suis venu m’installer ici, avec les bureaux de notre société de production, Céline a eu l’idée de faire un théâtre dans le salon. J’ai commencé à répéter pour des copains, puis à jouer en public. De fil en aiguille, le théâtre s’est installé dans nos murs. »

Et autant dire que la sauce n’a pas tardé à prendre. À tel point que les artistes qui sont venus s’y produire en redemandaient : « On a eu 10 dates avec Éric Boschman. Cédric Gervy, il viendrait bien tous les mois. Marka a adoré le concept, il en a profité pour tester des trucs ».

Parce qu’un tel théâtre, une telle proximité entre artistes et public, permettent de l’expérimentation.

Théâtre, stand-up, concerts

La programmation était multiple et variée. Didier et Céline étant leurs propres patrons, ils sont totalement libres de leurs choix. Marka, Éric Boschman, Cédric Gervy, Karin Clercq, Mathilde Renault, Fanny Ruwet. Des concerts, des stand-ups. Pour le théâtre pur, uniquement des productions « maison ».

L’idée de cette intimité permet que quelque chose se passe entre le public et les artistes sur scène. D’ailleurs, il n’y avait pas de scène, juste un tapis posé sur le sol. Toute la magie passant par le talent des comédiens et musiciens. Mais pas question de surjouer. Ça sonnerait faux, de suite. « On peut, par contre, chuchoter à l’oreille des spectateurs, nous explique Didier, de la malice plein le regard, parler aux gens les yeux dans les yeux. Faire passer quelque chose qui est de l’ordre de l’extra-intime. C’est le théâtre que moi j’ai envie de voir. »

Une proximité qui, parfois, peut mettre un peu de pression, aussi. Céline : « Je me rappelle quand Cédric Gervy est venu chez nous la première fois. Il entre, il regarde la salle et il nous dit : « Oh p***, je flippe à mort ! ». Après la première chanson, c’est passé évidemment. »

Un retour aux sources

Dans ce théâtre pas comme les autres, tout est dans ce qui est suggéré parce qu’il n’y a quasi pas de décor, le jeu d’acteur est limité, par le manque de place. On en revient à l’essentiel du théâtre, à l’essentiel du jeu. À l’essence même de ce qui en fait un moment unique. Et magique.

Depuis notre visite l’été dernier, le PPTDM a fermé ses portes. Céline et Didier ont bien l’intention de faire revivre le concept ailleurs. Avec la même énergie, le même enthousiasme. La formule plait, le public est demandeur et les artistes aussi.

Seilles : Saint-Martin, à Reppe, la plus petite église de Wallonie

Elle est un peu perdue, au milieu du zoning industriel de Seilles, entourée de quelques modestes maisons. L’église Saint-Martin, du hameau de Reppe, est la plus petite église de Wallonie.

Lorsque l’on pénètre dans ce lieu de culte d’un autre âge, on est frappé par l’exiguïté de l’endroit. Et aussi par la simplicité de l’architecture. L’extérieur et la toiture ont été restaurés, mais l’intérieur mériterait bien quelques travaux : les enduits s’effritent çà et là. Et il émane des lieux une impression de fragilité.

Nous sommes à Seilles, à côté d’Andenne, en plein zoning industriel. Entre les hangars de métal et de béton, se dresse fièrement la petite église Saint-Martin, dans le hameau de Reppe.

Elle fut érigée au milieu du XIe siècle, sur les terres de ce qui fut un domaine de villégiature de Charlemagne

« Ce qui différencie une chapelle d’une église, ce n’est pas sa superficie, mais c’est son statut. Quand il y a une paroisse, une communauté et qu’elle ne dépend pas d’une autre église, c’est une église, pas une chapelle. »

Jean Sacré est historien, responsable du patrimoine religieux du grand Andenne.

« On est dans une juridiction particulière. Ses origines remontent au VIIe siècle. Vous aviez ici l’immense villa romaine, dans le bois de Siroux, qui a été habitée en 806 par Charlemagne. Son arrière-arrière-grand-mère, c’était sainte Begge (patronne des Andennais). Ici, se trouve probablement l’église primitive attachée à la villa royale. Saint Martin, pour les rois mérovingiens et carolingiens, c’est saint Martin de Tours, c’est excessivement important. »

Originelle

La particularité de cette église, outre sa taille, c’est qu’elle est quasi « d’origine », telle qu’elle fut bâtie il y a près de 1000 ans. Ce qui en fait aussi une des plus anciennes du pays toujours en l’état. Le bâtiment a souffert au fil des siècles. La nef côté nord a été démolie, ses arcades ont été comblées, probablement au XVIIe ou XVIIIe siècle. Elle avait été déstabilisée par de grandes inondations.

« C’est une église romane typique, ça se voit par ses petites fenêtres irrégulières, poursuit Jean Sacré. Elles sont authentiques, elles datent du XIe siècle. Les arcades aussi. Ici, ça n’a jamais été modifié. »

Est-ce bien la plus petite église de Belgique ? « Aucune certitude, les historiens qui l’affirment se citent les uns les autres. Mais personnellement, je n’en connais pas de plus petite. En tous cas, c’est celle qui est la plus authentique dans son état de conservation. »

À l’église Saint-Martin de Reppe, il y a une messe un samedi sur deux, à 17h. On y sonne encore les cloches en tirant sur deux grosses cordes près de la porte d’entrée. Mais, malgré la petitesse des lieux, on ne fait plus salle comble.

Rocourt : le plus petit cimetière de Belgique

À l’ombre de l’église Saint-Léon, à Rocourt, sous le feuillage protecteur d’un arbre majestueux, se trouve le plus petit cimetière de Belgique.

On pousse la grille qui, jadis, ceinturait le cimetière principal de la paroisse. Au bout d’un pré fauché, se dresse le seul monument du plus petit cimetière de Belgique.

Christian Salmon est le trésorier de la fabrique d’église. Il nous raconte l’histoire de ce curieux cimetière.

« La première église date du XIIIe siècle. Celle-ci date de la moitié du XIXe, elle a été érigée en 1854. Ce petit cimetière était déjà autour de l’église. Au milieu du XXe siècle, toutes les tombes ont été déplacées dans le nouveau cimetière, au bout de la rue. Un seul caveau est resté, celui de la famille Renard. »

Cette famille habitait le château jouxtant l’église et aurait d’ailleurs fait don du terrain sur lequel elle fut bâtie. C’est pour cette raison que le caveau est resté là, contrairement à toutes les autres sépultures.

Mais si ce cimetière est bien le plus petit de Belgique, puisqu’il ne compte qu’un caveau, il faut savoir qu’il renferme de nombreux défunts.

« Le caveau comporte 50 places. Mais il n’y aurait que 49 défunts dedans », tous inhumés entre 1800 et l’après-guerre. Il resterait donc une place ? En fait, non. « Parce qu’un ancêtre très grand a été placé en oblique sur deux places », précise encore Christian Salmon dans un grand sourire.

Malheureusement, la famille Renard n’est plus et le monument est visiblement à l’abandon.

Le Ciné-Chaplin : le plus petit cinéma de Belgique

Il ne compte qu’une centaine de places assises. Et un écran qui est loin des standards actuels. Mais il n’est pas dénué d’un certain charme. Le Ciné-Chaplin, à Nismes, est le plus petit cinéma de Belgique.

Les fauteuils, bleus et rouges, s’alignent dans la pénombre de la salle. Le public arrive, petit à petit, et s’installe confortablement. Le Ciné-Chaplin a beau être le plus petit cinéma de Belgique, il n’en est pas moins moderne : projecteur numérique, son dolby sur-round. Comme dans un grand cinéma.

Ce qui fait la différence ? L’accueil, la convivialité.

Nismes, c’est le bout du bout de la province de Namur. Loin de tout. Ici, quand on veut aller au cinéma, il faut monter à Charleroi. Ou aller à Givet, à Charleville. Autant dire que les Nismois préfèrent de loin leur petit cinéma de quartier.

Comme Jérôme et Élisa, deux jeunes dans la vingtaine : « C’est un cinéma convivial, chaleureux, il y a moins de monde. » Et Chantal, une habituée qui serait bien leur grand-mère, vient, elle aussi, pour l’intimité, l’accueil. « Et les perles rares, des films turcs ou maghrébins, russes, espagnols ou italiens, en VO sous-titrés. Ça, j’adore et je ne trouve pas ailleurs. J’habite à Couvin mais je préfère venir ci. Ça me plaît. »

Une équipe de bénévoles

C’est Jacques Noël, administrateur de l’ASBL Grand angle, qui dirige et anime ce cinéma de village depuis plus de 20 ans : « Je suis un amoureux du cinéma et un amoureux des films. C’est une vie de passion, on est tous des passionnés, des bénévoles et on fait vivre ce cinéma au quotidien. »

Le Ciné-Chaplin vit aussi, et surtout, grâce à son public qui lui est fidèle. La programmation est plus audacieuse que dans les grands complexes, aime à préciser Jacques Noël : « On a des grosses productions, évidemment, ce qui nous permet de prendre des risques avec des films beaucoup moins grand public. On apprécie beaucoup le cinéma européen, parfois des choses plus marginales, originales. »

Il y a des projections tous les jours, jusqu’à 3 ou 4 le mercredi et les jours de week-end. Et si le Ciné-Chaplin est le plus petit cinéma de Belgique, c’est aussi un des moins chers : 6€ la place, 50€ l’abonnement pour 10 séances. Imbattable !

Au Ciné-Chaplin, les réalisateurs apprécient venir tester leurs films. Un peu comme un groupe de rock va tester son nouvel album dans une petite salle avant de se lancer dans la tournée des stades. Le jour de notre visite, au cœur de l’été 2020, on y jouait « Adorables », en présence de la réalisatrice Solange Cicurel et de la jeune comédienne Ioni Mato, originaire de Farciennes. Le public n’était pas très nombreux, Covid oblige, mais l’enthousiasme de tous fut communicatif.

Un peu comme au Plus petit théâtre du monde, à Pont-à-Celles, ici on vient pour ce qui fait l’essence même du cinéma : l’authenticité.

Le plus petit téléphérique du monde est à Namur

Le plus petit téléphérique du monde se trouve à Namur, dans la cour d’une brasserie. La longueur de son parcours ? 17 mètres !

C’est un coup de cœur. Mais aussi un coup de pub formidable. Nous sommes dans le cœur historique de Namur, place Chanoine Descamps. Là, une brasserie tourne le dos à un restaurant d’une rue parallèle. Entre les deux, une jolie cour, avec une belle véranda en fer forgé. C’est là que Claudy Genette, patron des deux établissements, a installé le plus petit téléphérique du monde.

« Par hasard, il y a une petite dizaine d’années, ma femme découvre un article qui annonce qu’une ancienne cabine du téléphérique de Namur est à vendre sur eBay, pour 600 €. »

Cette cabine date du premier téléphérique de Namur, mis en service en 1957, « la date de ma naissance », précise Claudy. Il a été l’emblème touristique de la ville jusqu’en 1997, date de son démantèlement pour des raisons de normes de sécurité. Pendant près de 40 ans, ses 63 cabines se balançaient nonchalamment le long de la Meuse, en surplomb de la route Merveilleuse. Une véritable carte postale, qui a même inspiré le dessinateur Tibet pour la couverture d’une aventure de Ric Hochet.

© Ville de Namur

© Éditions du Lombard

Claudy remporte assez facilement les enchères. Et le voilà propriétaire d’une belle cabine.

« J’ai de suite senti qu’il y avait un coup à faire : un coup publicitaire. Mon idée était de l’accrocher simplement pendant 6 mois, le temps de faire le buzz. Mais je me suis pris au jeu. Avec des amis, dont un ferronnier et un ingénieur, on a pensé à comment l’accrocher, puis comment le faire fonctionner… De fil en aiguille, on a reconstitué un mécanisme complet. Ça m’a coûté bien plus de 600 €, mais je savais que je récupérerais ma mise. »

Un pari largement réussi. Son petit téléphérique est vite redevenu une icône de la cité mosane : journaux, télé, clips musicaux, sites internet, bouquins. On le voit partout, même 10 ans après son installation. Il est aussi une attraction pour les enfants qui viennent au restaurant : s’ils sont bien sages, Claudy les emmène pour un parcours d’une quinzaine de mètres dans sa jolie cabine rouge.

Une belle histoire, le pari fou d’un doux rêveur, qui fait revivre la nostalgie du passé. Et Claudy de conclure : « Ma mère ne m’a jamais offert de train électrique. Alors je me suis offert un téléphérique. »

Le plus petit restaurant de Belgique est aussi le plus mystérieux

C’est un lieu tenu secret. Nous ne pourrons même pas vous dévoiler dans quelle ville il se trouve. C’est sans aucun doute le plus petit restaurant de Belgique. Peut-être même du monde.

Une table, deux chaises et un service rien que pour vous. Un décor de vieille maison, logique, le patron est aussi antiquaire. Voilà ce qui vous attend dans ce resto pas comme les autres et qui ne porte pas de nom.

Certes, l’envers du décor est quelque peu différent. Le chef est affairé en cuisine, pour satisfaire les clients de son restaurant principal. Parce que le plus petit restaurant du monde est en fait un concept store, attelé à un grand restaurant bien connu et qui, le soir venu, se transforme pour vous accueillir dans un décor suave et romantique. C’est le chef lui-même qui vous servira, grâce à une porte discrète qui mène directement aux cuisines.

La réservation se fait par internet. Cette exclusivité se paie, évidemment. La formule champagne-entrée-plat-dessert est à 300 € pour deux couverts, 350 € avec les vins. Quant à l’adresse, elle ne vous sera communiquée que 48 h avant le jour J.

Infos : https://please-surprise.me/

Stoumont : le plus petit musée du monde a ouvert sa porte

Le plus petit musée de Belgique, peut-être même le plus petit musée du monde, vient d’ouvrir à Rahier (Stoumont).

Installé dans une ancienne cabine électrique, il est consacré à une activité industrielle qui a animé le village pendant des décennies : l’extraction du manganèse.

À l’extérieur du petit musée, qui est libre d’accès, on peut voir des chariots de mine. Et un grand panneau didactique en 3 langues : français, anglais et wallon.

Et à l’intérieur, sur ses 5 m2, deux grandes vitrines présentent les outils qui étaient utilisés à l’époque.

Ils sont quatre, actifs au sein de l’ASBL Les Amis de l’ancien château de Rahier, à avoir mis sur pied ce petit musée. Il leur a fallu pas moins de quatre ans pour convaincre la Commune de leur louer ce petit bâtiment, de trouver des subsides pour le rénover (avec l’aide des services communaux) et d’y installer une partie de la collection de l’un d’eux.

Chacun avait une mission bien précise : Philippe Goffin, notre guide du jour, s’est occupé de coordonner les travaux ; Luc André a mis à disposition une partie de sa collection ; Philippe Camus a réalisé les deux impressionnantes maquettes de la mine et André Bodeux a œuvré aux travaux de restauration.

Pourquoi un musée du manganèse ?

Mais quelle curieuse idée de faire un musée consacré au manganèse. Et dans ce si petit bâtiment.

Philippe Goffin nous explique : « Le manganèse est un minerai qui rentre dans la composition de l’acier. Entre 1857 et 1934, ici à Rahier, on a extrait du manganèse. Il subsiste encore des galeries. Sur cette période, on a extrait 378.000 tonnes de manganèse. L’exploitation a cessé parce qu’elle n’était plus rentable. »

Cette exploitation avait permis l’essor du village. Des dizaines d’ouvriers y travaillaient, alors que Rahier comptait tout au plus 200 habitants. Au début, le manganèse était acheminé en chars à bœufs jusqu’à Aywaille. C’est seulement avec l’arrivée du chemin de fer que la mine a connu la modernité toute relative de cette fin du XIXe siècle.

« En 2017, on a monté une exposition à l’occasion des journées du patrimoine. L’idée a fait son chemin d’en faire une exposition permanente. Mais il fallait trouver un local ».

Et ce local, ils l’avaient sous les yeux, tous les jours. En plein centre du village, se trouve depuis des lustres une ancienne cabine électrique qui servait au réseau téléphonique. Désaffectée depuis bien longtemps, elle tombait inexorablement en ruine.

Avec quelques soutiens, des subsides, et via la location par la commune du petit bâtiment, les 4 amis ont monté leur musée.

« On est un petit musée mais on suscite la sympathie de tout le monde. »

Ce qu’ont voulu montrer les concepteurs, c’est la rudesse du travail. Au XIXe siècle, le manganèse était extrait à la force des bras, avec des outils relativement simples. « J’aime bien montrer ces outils-là pour que les générations actuelles se rendent compte de la pénibilité de la tâche. Il faut que l’on se rende compte que le travail était vraiment rude. »

Si le musée du manganèse de Rahier est a priori le plus petit musée du monde, pas loin, à Raeren, dans les cantons de l’est, se trouve le musée de la carotte, qui, d’après ses concepteurs, est « le plus petit musée de la carotte du monde, et jusqu’à preuve de l’existence d’un autre, également le plus grand ». Installé lui aussi dans une cabine électrique, tout en hauteur, il est sensiblement plus grand que celui de Rahier.

Vous voulez visiter ce curieux musée ? Il est libre d’accès, la porte est ouverte. « On fait confiance aux gens », conclu Philippe Goffin.

Une belle et originale évocation du passé du village.

Tournai ou Bruxelles : quelle est la plus petite maison de Belgique ?

Le titre de « plus petite maison de Belgique » se joue sans aucun doute entre Bruxelles et Tournai.

Pas facile de définir quelle est la plus petite maison de Belgique. Que prend-on en compte : la largeur de la façade ? La surface habitée totale ?

Place de Lille, à Tournai, se trouve celle qui peut être considérée comme la plus petite maison de Wallonie. Nous n’en avons, en tout cas, pas trouvé de plus petite.

Accolée à l’église Sainte-Marguerite, elle est littéralement écrasée par celle-ci. Cette maison a été bâtie en 1699, sur deux niveaux. La façade, rougeoyante, est étroite : une porte et une fenêtre tiennent sur 2,40 mètres. Le toit, un peu de guingois, lui donne un air de maison de Schtroumpfs.

Vincent Dubois y a vécu il y a quelques années, bien avant une restauration qui a, selon l’Inventaire du Patrimoine de Wallonie (SPW), un peu dénaturé le bâti. Le témoignage de Vincent regorge d’anecdotes.

« J’y ai habité au début des années 80, je commençais juste à travailler comme correspondant pour Le Courrier de l’Escaut. De mémoire, la maison comprenait alors une pièce en bas et une cour couverte dans laquelle se trouvaient à la fois la cuisine et les sanitaires. Il y avait deux chambres à l’étage, auxquelles on accédait via un escalier assez raide. »

À l’époque, déjà, la maison de droite était occupée par un bistrot. « Le patron avait placé les baffles du jukebox du côté de la pièce située à l’avant de la petite maison, si bien que celle-ci faisait office de caisse de résonnance et c’était infernal. »

De l’autre côté, l’église Sainte-Marguerite a depuis été restaurée et transformée en logements de standing. Il s’est même chuchoté à une époque que Gérard Depardieu fut intéressé par l’appartement en duplex tout en haut de l’ancien édifice religieux. Mais cette proximité avec le vieil immeuble n’était pas simple non plus : « Par grand vent, des morceaux de pierres se détachaient de l’église et tombaient sur le toit de la cour-cuisine, constitué de tôles ondulées en plastique. Malgré les conditions précaires, j’en ai gardé d’excellents souvenirs… C’était le temps de mes 20 ans et j’y ai vécu avec ma petite amie de l’époque qui fut ma première femme également… Mais, cela, c’est une autre histoire. »

Esneux, Namur

Dans d’autres villes de Wallonie, on trouve de très petites maisons. Mais pas aussi petites que celle de Tournai.

À Namur, au pied de la chaussée de Waterloo, une petite maison de rue compte elle aussi une porte et une fenêtre en façade. Mais elle est 25 centimètres plus large que celle de Tournai.

À Esneux, chemin du Fy, une maison ne comptes qu’une porte. Mais elle s’élargit à l’arrière, offrant une surface habitable plus vaste.

La plus petite maison de Bruxelles

Une autre maison porte le titre très officiel de « Plus petite maison de Bruxelles ». Elle se situe à quelques pas de la Grand-Place, rue du Marché aux Fromages. Cette maisonnette compte 4 niveaux, 59 marches. Elle totalise 70 m² derrière une façade de 2,75 mètres de large. Clairement, elle est bien plus vaste que celle de Tournai.

Elle a été vendue en 2013. Depuis, son propriétaire se bat pour pouvoir la restaurer telle qu’elle fut érigée, il y a plus de 600 ans, en préservant son authenticité. Cet ancien compagnon, tailleur de pierres, est un amoureux du patrimoine. Dès lors, il ne conçoit pas restaurer cette vénérable demeure n’importe comment.

« J’ai retrouvé de vieilles iconographies datant du XVIe, voire même du XVe siècle. Le quartier y est représenté. »

Au rez-de-chaussée, la maison est traversée par l’impasse de la Poupée. Elle permet d’accéder à une cour intérieure et d’autres habitations qui se trouvent à l’arrière. Cette impasse s’appelait auparavant « Draken gang », le couloir du dragon. En référence au dragon terrassé par saint Georges (et non par saint Michel, nous précise le propriétaire).

Comme pour Durbuy, l’appellation Plus petite maison de Bruxelles date de l’après-guerre et avait pour but d’attirer les touristes. Encore de nos jours, elle est photographiée des centaines de fois chaque semaine.

Son propriétaire espère bien pouvoir entamer prochainement les grands travaux qui permettront la restauration de sa maison. Avant de lui offrir une nouvelle vie. Pour les 600 prochaines années…

Il y a certes bien d’autres lieux en Wallonie, en Belgique, qui peuvent être considérés comme les plus petits : la plus petite école, la plus petite bibliothèque, le plus petit hôtel… Nous avons choisi de vous présenter ces quelques lieux pour vous inciter à découvrir ce patrimoine particulier. Certains peuvent être visités, d’autres restent secrets. C’est ce qui fait aussi le charme de ces petits bouts de notre histoire.