DIRECTRICE ET INSTIT´
Françoise, le cœur qui fait battre
l’école du village

DIRECTRICE ET INSTIT´
Françoise, le cœur qui fait battre
l’école du village

Journaliste: Cristel JOIRIS
Photos: EdA – Jacques DUCHATEAU
Coordination: Arnaud WÉRY
Développeur: Cédric DUSSART

Située dans la commune de Beauvechain, la petite école maternelle Saint-Charles compte 50 bambins âgés de 2,5 à 6 ans. Potager, coin nature, séances de cuisine et de yoga… ici, l’apprentissage repose sur l’expérimentation. Derrière ce havre de paix, se cache une toute petite équipe, emmenée par Françoise Plouvier, 59 ans. Depuis 32 ans, elle se démène corps et âme pour maintenir l’école à flot et offrir du bien-être aux enfants.

Nichée au cœur du village de Nodebais, à proximité d’un étang où vivotent quelques canards, la petite école maternelle Saint-Charles s’étend sur un modeste bâtiment de 65 m2. À l’extérieur : une petite cour, un préau, un jardin et un potager. Un cadre idyllique pour faire ses premiers pas sur le chemin de la scolarité.

Les bâtiments communaux de l’école Saint-Charles abritaient encore une école primaire quand Françoise Plouvier y a fait ses premiers pas, il y a 35 ans. « Avant, l’école maternelle était hébergée dans un bâtiment privé d’une famille du village. Quand l’école primaire a fermé ses portes, nous sommes venus nous y installer. L’école comptait initialement une classe de maternelle. Avant de passer à trois en 2005 », précise la directrice.

Depuis 32 ans, cette habitante d’Ohey (entre Andenne et Ciney) parcourt chaque jour 106 kilomètres aller-retour (deux heures de route) pour mettre son énergie à disposition des bambins, apporter sa bonne humeur et son efficacité à cette école qu’elle a en grande partie menée à ce qu’elle est aujourd’hui.

Je m’y suis tant investie parce que cette école a un cachet, une âme. Autour d’elle, s’est construit tout un réseau de complicité, de solidarité, de coopération avec les parents, avec les gens du village. Des relations d’une richesse énorme.

Jongler avec plusieurs métiers

Françoise Plouvier enseigne à l’école, en troisième maternelle en plus d’être directrice et d’assurer l’administration, l’intendance, le contact avec les parents, les réunions avec les partenaires, la mise en oeuvre du plan de pilotage… Une double casquette qui ne semble jamais trop lourde à porter pour cette passionnée de 59 ans. « Même s’il y a beaucoup de choses épuisantes à gérer, la partie relationnelle avec l’équipe, les parents et les enfants compensent tout ça. Je dois assurer les deux rôles car les subsides que nous recevons nous permettent seulement d’engager trois enseignantes (quota légal à partir de 46 enfants inscrits). Par ailleurs, vu la modeste taille de nos bâtiments qui ne peuvent abriter que trois classes, nous ne souhaitons pas dépasser le seuil des 50 enfants. C’est très important pour leur confort. »

Jongler avec plusieurs métiers

Françoise Plouvier enseigne à l’école, en troisième maternelle en plus d’être directrice et d’assurer l’administration, l’intendance, le contact avec les parents, les réunions avec les partenaires, la mise en oeuvre du plan de pilotage…

Une double casquette qui ne semble jamais trop lourde à porter pour cette passionnée de 59 ans. « Même s’il y a beaucoup de choses épuisantes à gérer, la partie relationnelle avec l’équipe, les parents et les enfants compensent tout ça. Je dois assurer les deux rôles car les subsides que nous recevons nous permettent seulement d’engager trois enseignantes (quota légal à partir de 46 enfants inscrits). Par ailleurs, vu la modeste taille de nos bâtiments qui ne peuvent abriter que trois classes, nous ne souhaitons pas dépasser le seuil des 50 enfants. C’est très important pour leur confort. »

Cet équilibre situé entre 46 et 50 enfants est parfois bien difficile à trouver. « Cela peut s’avérer être un vrai casse-tête effectivement car nous accueillons également des enfants en cours d’année scolaire, à Noël, à Carnaval ou à Pâques. Il nous est arrivé de devoir refuser des enfants certaines années mais aussi parfois de devoir battre le rappel pour atteindre le chiffre de 46 et pérenniser nos trois classes. Ce chiffre étant idéal pour amener différents points de vue, différentes couleurs à notre projet éducatif. »

Ce petit grain de folie

Il y a deux ans, atteinte d’un cancer du sein, Françoise Plouvier a tenu à poursuivre partiellement sa mission de directrice, à distance mais aussi en classe dès qu’elle le pouvait. « C’était important de rester présente. Ca permet de ne pas penser qu’à soi et de garder le contact avec les enfants », estime-t-elle. «Toujours avec le même engouement, la même générosité, le même sourire », témoignent de nombreux parents.

Nul doute que ces petites têtes blondes lui ont permis de trouver la force nécessaire pour se relever. Elle est aujourd’hui en rémission… deux ans avant sa pension qu’elle n’attend pas spécialement avec impatience. « Mon travail actuel est de transmettre des valeurs que je souhaite voir rester les fondements de l’école : principalement dans le respect de l’autre, le regard positif sur l’enfant et la bienveillance. »

Et puis surtout « en gardant ce grain de folie car s’il y a quelque chose qui peut caractériser notre école, c’est bien ça. »

À la rencontre du monde par la curiosité et la découverte

Si de l’extérieur,la petite école maternelle Saint-Charles n’a rien de différent qu’une autre école de village, c’est en poussant les grilles de la cour de récréation pour aller à la rencontre de sa directrice que l’on palpe mieux l’originalité de son projet pédagogique.

« À la source de l’accueil des enfants, il y a l’écoute de leur bien-être, explique Françoise Plouvier. L’école est un nid dans lequel chacun va trouver sa juste place, entouré d’adultes bienveillants qui lui apportent sécurité et chaleur. Dans les racines de notre pédagogie est inscrit le respect, sans jugement, sans violence. Nous invitons les enfants à sortir de leurs habitudes et à partir à la rencontre du monde par la curiosité et la découverte. »

Trois enseignantes, une puéricultrice et des bénévoles

Au programme de la semaine: des ateliers yoga, musique, cuisine, des bricolages et de l’art mais aussi des balades pour découvrir ce que peut offrir le monde extérieur, des séances d’apprentissage au bois, au coin nature ou au potager. « Notre pédagogie s’est construite petit à petit avec les enseignants et cette envie d’être une école ouverte sur l’environnement, qui laisse la place à la créativité, à la fantaisie. Où les apprentissages découlent de toutes les découvertes spontanées que font les enfants, souligne Françoise Plouvier. Nous avons également des après-midi jeux de société, des rencontres avec les aînés du village pour initier à l’entraide ou encore des classes vertes dès l’âge de deux ans et demi… »

Pour mener à bien ce projet pédagogique ambitieux, la directrice travaille avec deux enseignantes, « sans compter les trois bénévoles, très attachées à notre école, et qui apportent énormément, ajoute-t-elle. Nous avons aussi l’aide précieuse d’une puéricultrice depuis que le pacte d’excellence a été instauré ».

Autre particularité de l’école, né de l’énergie de sa directrice et de ses enseignantes : le Pestacoulos. Un spectacle musical qui met en scène les enfants et… les parents. « C’est le moment de l’année où chacun peut montrer ses talents. Nous avons de nombreux artistes parmi les parents : acteurs, musiciens, chanteurs, couturiers…c’est un vrai régal d’être sur les planches ce jour-là ! »