L’eau qui soigne 

Traitement médical à part entière, le thermalisme consiste à utiliser  de l’eau minérale naturelle pour soigner une série de maux comme  les rhumatismes et les problèmes musculaires. Mais pas uniquement. 

Alors que la plupart des gens envisagent les cures thermales dans une optique de bien-être et de relaxation, leurs vertus thérapeutiques sont connues et reconnues. 

Il existe des cures visant à lutter contre l’arthrose, les maladies de la peau, les brûlures, les pathologies ORL, les maladies neurologiques, l’insuffisance veineuse chronique, les douleurs pelviennes et bien d’autres maux encore. Les indications sont donc nombreuses et chaque station thermale a sa spécificité. « Les vertus et les propriétés des eaux sont différentes en fonction de la localisation du centre de soin », confirme Séverine Philippin, directrice générale des Thermes de Spa. 

Fin du thermalisme médical

Le thermalisme médical est un outil de soin thérapeutique qui se base sur l’eau de source minérale souterraine naturelle, et non pas sur n’importe quelle eau du robinet. « Aujourd’hui, le mot “thermes” est extrêmement galvaudé, car tous les centres qui l’utilisent n’emploient pas de l’eau minérale naturelle. En Belgique, le thermalisme médical (ou social, NDLR) n’existe malheureusement plus. » 

Autrefois reconnu officiellement, le thermalisme a commencé à décliner lorsque l’Inami a mis en place des restrictions budgétaires et supprimé le remboursement des cures thermales, à la fin des années 80. « À l’époque, ces cures duraient plusieurs semaines et étaient remboursées en grande partie, en plus du logement. Mais maintenant, cela coûterait tellement cher aux patients qu’ils ne pourraient plus se le permettre », explique un médecin qui a préféré garder l’anonymat. 

Moins de soins de tradition

« C’est vraiment dommage car grâce à nos cures, on a soigné des centaines de milliers de personnes qui venaient sur prescription médicale. Quand ils sortaient d’ici, ils étaient réellement soulagés, souligne la directrice générale des Thermes de Spa. À l’heure actuelle, nous proposons toujours ces soins de tradition, comme les bains de tourbe et les bains carbo-gazeux, mais c’est minoritaire. » 

Ces centres de soin ont dû changer de visage au cours du temps. À Spa comme à Chaudfontaine, c’est désormais le thermalisme de bien-être qui prédomine, regrettent les professionnels du secteur. 

Pour une reconnaissance officielle 

Existant depuis le 1er décembre 1953, la Fédération thermale de Belgique regroupe les forces vives des villes thermales de Chaudfontaine et de Spa. Au départ, il y avait également Ostende, que Léopold II appelait « cité thermale ». 

Une des nombreuses missions de cette organisation est d’obtenir la reconnaissance officielle du thermalisme en Belgique. Son histoire, dans notre pays, remonte à 1959, date à laquelle le ministre de la Santé reconnaît le thermalisme. Parallèlement, des journées thermales voient le jour. C’est véritablement l’âge d’or de cette pratique, jusqu’au début des années 90, où il est décidé qu’il ne sera plus remboursé. Depuis, cet outil aux vertus thérapeutiques est quasiment tombé dans l’oubli.

Trois approches différentes 

Les stations thermales belges ont évolué pour se conformer aux exigences  de notre temps. Mais il ne faut pas confondre thermalisme et thalassothérapie. 

Thalassothérapie

Il s’agit d’une technique de soin qui combine l’utilisation d’eau de mer, du climat marin, d’algues et de boues marines. L’établissement qui propose la thalassothérapie est ainsi implanté sur un site marin. Il en existe dans de nombreux pays comme la France, la Crète, le Maroc, la Tunisie, l’Espagne, le Portugal, etc. 

Thermalisme

Mot employé pour la première fois en 1845, le thermalisme repose sur diverses techniques (bains, douches, hydrothérapie, inhalations, massages sous eau, etc.), qui ont toutes un point commun : le recours à l’eau minérale naturelle dans un but thérapeutique. En France, ces soins sont remboursés par l’assurance maladie. 

Balnéothérapie

Souvent appelés « spas », ces centres de remise en forme se situent à la mer, à la campagne, à la montagne ou en ville. On y trouve des bains à remous (jacuzzis), des bains à base d’huiles essentielles, de plantes, de produits marins (sels, algues), des saunas, des hammams, des piscines et des soins esthétiques. 

L’eau qui fait du bien 

Si le hammam et le sauna ne guérissent pas le corps,  ils apportent détente et bien-être physiologique et psychologique. 

Issu d’une tradition millénaire, le sauna nous vient de Finlande où il est érigé en véritable institution, depuis la nuit des temps. Il y a déjà plus de 2 000 ans, les habitants de ce pays construisaient des saunas avant même de bâtir leurs maisons. À cette époque, il s’agissait de huttes faites de branchages qui étaient utilisées pour soigner les personnes malades. Aujourd’hui, la pratique s’est largement généralisée et on trouve des saunas un peu partout. 

Vapeur sèche

Les bienfaits de cette tradition d’Europe du nord sont nombreux. En général bien toléré, le sauna apporte détente et bien-être, renforce les défenses naturelles, permet de lutter contre le stress et les infections, mais il aurait aussi une action tonifiante sur la peau. Ce bain de vapeur sèche dynamiserait par ailleurs le système circulatoire. Dans la cabine, les vaisseaux sanguins se dilatent et le rythme cardiaque augmente. Les pores de la peau se dilatent aussi, et le corps va sécréter des endorphines favorisant la relaxation. 

Une pratique orientale

Son cousin oriental, le hammam, a lui aussi le vent en poupe. Et pour cause : il apporterait également de multiples bienfaits au corps et à l’esprit. Tout comme le sauna, il va dilater les pores de la peau, faire transpirer et donc participer à l’élimination des toxines de l’organisme. La différence réside dans le fait qu’ici, le bain de vapeur est humide. Le hammam est saturé à 100 % d’humidité et ses vapeurs permettent de détendre les muscles et de favoriser le sommeil. Il est indiqué pour renouveler les cellules de l’épiderme et convient à tous types de peau, mais surtout aux peaux sèches. Dans la culture orientale, le hammam est un lieu de socialisation, de relaxation et de purification. 

Il est conseillé, dans les deux cas, de prendre une douche froide afin d’activer la circulation du sang. D’autre part, l’avis d’un médecin sur un cas particulier est recommandé pour s’assurer qu’une pratique régulière est sans danger. 

Un bain volcanique

L’usage de l’eau pour soigner ou se faire du bien n’est pas nouveau et ne se cantonne pas à l’Europe et au Moyen-Orient. Ainsi, au Japon, le onsen fait pleinement partie de la culture nationale. Ce bain dont l’eau chaude est issue de sources volcaniques est parfois situé à l’extérieur, en pleine nature. La température oscille entre 40 et 50 °C, et comme le hammam ou le sauna, cette pratique ancestrale utilisée par les moines peut avoir un effet positif sur les soucis digestifs, les rhumatismes et autres tensions dans le corps. Cela dépendra notamment de la présence de certains minéraux (soufre, chlorure de sodium, acide carbonique, fer) dans l’eau. À noter que le port du maillot y est interdit et qu’il faut se savonner rigoureusement avant d’y mettre un orteil. 

À côté du traditionnel onsen, il y a également les bains publics de quartier, appelés « sento ». Si le premier est rempli d’eau de source volcanique, les seconds le sont avec de l’eau chaude du robinet. Ce sont des lieux de détente où les gens se rencontrent, en famille ou entre amis. Au Japon, il y aurait ainsi plus de 27 000 sources visitées par environ 132 millions de personnes. 

Spa à domicile

La tentation est grande de se créer un espace de bien-être et de détente directement à la maison, pour profiter des bienfaits de ces infrastructures tout au long de l’année. Étant donné que le sauna et le hammam ont globalement les mêmes effets, il suffira de choisir en fonction de ses préférences pour l’un ou l’autre type de chaleur. Avant toute chose, il faudra absolument installer un bon système de ventilation dans la pièce, que ce soit dans la salle de bains ou dans une pièce spécialement conçue pour cela. Le but étant de permettre à l’air de se renouveler et d’éviter les problèmes d’humidité causés par la vapeur d’eau. Autre possibilité : installer le sauna ou le hammam à l’extérieur, mais en faisant bien attention à le protéger des intempéries. 

Dossier paru dans le Deuzio du 17 octobre 2020
Journaliste : Sans-Sang Wu
Développeur : Joachim Krieger
Photos : EdA / Belga / Adobe Stock