Prendre le temps de découvrir la Belgique à vélo, de planter sa tente chez les habitants, tout cela grâce à Slowby, un nouveau service lancé par les fondateurs de « Welcome to my garden ». Comment ça fonctionne, quels sont les premiers retours et de quel matériel avez-vous besoin ? Embarquez avec nous.

Au fil des châteaux et des pommiers en fleurs

Nous avons testé Slowby. En à peine deux jours, dépaysement garanti à côté de chez nous.

Être déjà un peu en voyage en remplissant un formulaire… Slowby commence fort. Ce tout nouveau service belge vous propose de créer un itinéraire (de 2 à 7 jours) à vélo basé sur vos centres d’intérêt (nature, photographie, bio & produit locaux, manger & boire…) en Belgique. Le must de Slowby ? Vous ne découvrez votre itinéraire quotidien que la veille au soir et vous logez à chaque fois dans le jardin d’ambassadeurs de la plateforme « Welcome to my garden ».

Lancé il y a à peine quelques semaines, ce service nous a donné envie de l’essayer. Sur base de nos centres d’intérêt, Slowby nous annonce « Châteaux et pommiers en fleurs, bienvenue dans l’Haspengouw ! »

Le Limbourg ? Nous connaissons un peu. Mais dès les premiers kilomètres, nous sommes déjà dans la découverte… et rapidement nous sommes même en retard sur notre horaire (l’idée est de dîner dans une ancienne poste de Saint-Trond).

La faute au paysage, aux multiples édifices et lieux qui donnent envie de musarder, de prendre des chemins de traverse pour revenir sur mon tracé.

Quitte à être en retard, autant s’arrêter dans ce café, au pied d’une église. La sono diffuse des airs en flamand, une baraque à frites a ouvert son haillon. Nous sommes mercredi midi dans un petit village hesbignon mais pour le même prix, on se croirait sur la digue… le monde en moins.

Arrivé à Saint-Tond, sueur froide : la batterie du téléphone lâche. Sans lui, plus de tracé, ni de contact pour la suite. Slowby recommande de se mettre en mode avion. Nous n’y avons pas pris garde, nous voilà à l’office du tourisme, rechargeant notre smartphone tout en gardant un œil sur le vélo et le paquetage. Une demi-heure plus tard, nous découvrons enfin le resto recommandé par notre carnet de bord.

Nouveau rebondissement, notre hôte du soir ne sait pas nous recevoir (un malentendu suite à notre demande d’interview). Nous nous apprêtons à rentrer à la maison, émerveillés de nos découvertes matinales, lorsque Manon, la cofondatrice de Slowby, nous annonce avoir trouvé un autre hôte et renvoie un nouveau tracé. Le tout en à peine un quart d’heure, nous sommes bluffés… Et nous le sommes encore plus lorsque nous découvrons notre nouveau parcours. Avec toujours la même envie : nous arrêter pour savourer (un conseil, partez à temps et privilégiez un nombre de kilomètres restreints pour pleinement profiter.)

Prochaine étape ? Partir en famille.

Comment s’équiper ? Location, prêt, achat de matériel

Partir en randonnée vélo avec une tente ne s’improvise pas, notamment concernant le matériel.

Faut-il opter pour le vélo électrique ? Nous avons utilisé un vélo électrique mais uniquement… parce qu’il était équipé de roues plus larges  que le nôtre (vraiment pratique) et qu’il était déjà équipé d’une sacoche. L’assistance, minimale, n’a été utilisée que dans quelques débuts de côtes. Attention que si vous prenez un vélo électrique, il faut envisager d’emporter un chargeur (ce qui nécessite de la place et un peu de poids supplémentaire).

Un sac à dos ? Évitez le sac de randonnée, privilégiez les sacoches, voire les élastiques pour maintenir les choses volumineuses sur le porte-bagages. Un petit sac à doc reste évidemment très utile.

La tente: un poste crucial. Il faut qu’elle soit légère, compacte et facile à monter. En test, nous avons eu la Samaya 2.5 Légère (1,5 kg), elle offre un bel espace pour 2 personnes, avec sac. Comptez 1 200 € la tente. Un modèle cycliste devrait débarquer dans les prochains mois, il est annoncé comme plus compact et plus léger (800 grammes).

Un support pour placer le téléphone sur le guidon est un vrai plus.

Avant d’acheter le matériel, faites un appel aux amis pour d’éventuels prêts (ça a bien fonctionné dans notre cas). Vous pouvez aussi louer du matériel, notamment chez Decathlon et AS Adventure mais réservez assez tôt.

Et sinon, Slowby a prévu une checklist.

Manon Brulard: “La destination n’est plus le but”

Manon Brulard est la cofondatrice de Slowby, elle nous raconte comment ce service si particulier est né et elle lève un coin du voile sur les coulisses.

Comment est né Slowby ?

En avril 2020, nous avons lancé « Welcome to my garden » (une plateforme qui permet de mettre en contact des personnes mettant leur jardin gratuitement à disposition avec des voyageurs pratiquant le voyage lent, à pied ou à vélo). Cela a résolu une partie du problème qui est l’absence d’endroits où bivouaquer en Belgique (NDLR : il n’y en a qu’un nombre très restreint). Mais le problème de la planification des voyages était encore bien là. Avec Slowby, on a voulu transformer un problème en quelque chose d’excitant.

Se lancer pour la première fois dans une randonnée à vélo de plusieurs jours est une montagne à franchir. On veut donner l’impulsion.

Slowby participe aussi au développement de territoires : la destination n’est plus le but, c’est le chemin qui importe. Tu peux donc partir voyager dans des régions moins touristiques.

Quel public visez-vous ?

Soit des personnes qui commencent à voyager à vélo et qui ne savent pas comment débuter. Grâce à Slowby, les voyageurs ne doivent se focaliser que sur leur matériel (NDLR : ce qui est déjà pas mal lorsqu’on n’a pas l’habitude).

Soit les gens plus expérimentés qui veulent découvrir de nouvelles choses. On est un peu comme le conservateur dans un musée qui fait découvrir ses richesses aux visiteurs.

Justement, comment parvenez-vous à faire ressortir cette richesse qui est parfois au bout du chemin ?

En s’inscrivant pour une rando, les personnes répondent à une série de questions qui nous permettent de cerner au mieux leur demande (NDLR : cela va du kilométrage aux envies de nature ou de travailler sa deuxième ou troisième langue). Sur base de leurs demandes et sur des données ouvertes, type wikipedia), nous traçons un parcours qui sera adapté pour rencontrer des points d’intérêt.

Quels sont les premiers retours ?

L’année passée, nous avons fait un appel sur les réseaux sociaux pour venir tester Slowby. Grâce à ces premiers retours, nous avons par exemple pu affiner nos questions, nous avons arrêté de faire les réservations de train car cela n’apportait pas un plus.

Slowby est officiellement lancé depuis le 10 mars et les premiers voyageurs sont partis fin mars. La saison commence vraiment en mai.

Après chaque voyage, un mail de feedback est envoyé afin d’avoir le retour des voyageurs et de continuer à améliorer notre service.

Slowby, c’est seulement à utiliser en vacances ?

Slowby permet de créer des voyages de 2 à 10 jours. Cela peut donc permettre de partir un week-end, même à partir du vendredi en fin de journée. On peut être dépaysé en très peu de temps.

Contrairement à « Welcome to my garden », Slowby est un service payant. Quels sont les prix et comment ont-ils été calculés ?

C’est 35 € par jour pour les adultes, 15 € pour les enfants (gratuit en dessous de 2 ans). Les ambassadeurs qui mettent leur jardin à disposition ne perçoivent rien mais pour chaque nuit dans un jardin, un don de 5€ (inclus dans le prix) est versé à une initiative à impact positif choisie par les ambassadeurs.

Slowby permet aussi de financier et de pérenniser « Welcome ton my garden » (NDLR : qui reste gratuit). Cela fait partie d’un écosystème.

Slowby est actuellement seulement disponible pour les cyclistes, les randonneurs pourront-ils aussi en profiter ?

Oui, ça va arriver.

 À quoi vous attendre ?

Partir en famille avec Slowby est tout à fait possible. « Avec de jeunes enfants, on conseille un 50/50 : moitié de la journée à rouler et l’autre moitié pour que les enfants se dégourdissent les jambes », explique Manon Brulard.

Lorsqu’ils imaginent des trajets pour les familles, les concepteurs de Slowby veulent que les enfants prennent autant de plaisir que les adultes : les parcours sont adaptés et passent à proximité de plaines de jeux.

Et puis Slowby, c’est une aventure hors du commun qui inspire les enfants : « Emmenez un carnet de voyage pour eux. Nous avons remarqué que les enfants adorent ça. Ils aiment dessiner leurs aventures ou collectionner de petites choses. »

Quelques exemples d’endroits qu’on découvre en faisant du slow travel lors des parcours créés par Slowby

  • À partir de Landen, en famille par exemple : le parc naturel des vallées de la Burdinale et de la Mehaigne.
  • À partir de Liège, entre ami.es par exemple : le Blotevoetenpad, un parcours à faire à pieds nus situé près de Hasselt.
  • À partir de Zottegem, en famille : la vallée de la Zwalm, dans les Ardennes flamandes, entre l’Escaut et la Dendre. Et le domaine de Ghellinck, avec plein de plaines de jeux pour enfants.

« Ça met en confiance, ça donne l’impulsion du voyage lent »

Des vacances à vélo, Delphine Braive y avait déjà goûté il y a quelques années. « Nous étions partis dans la Loire avec notre fille. J’avais planifié l’hébergement et l’itinéraire mais ça avait été un gros boulot. »

Depuis lors, la famille s’est agrandie avec une deuxième petite fille et quand l’occasion de tester Slowby est arrivée, la famille n’a pas hésité.

Au téléphone, Delphine Braive n’a aucun mal à transmettre son enthousiasme en évoquant le sujet de son voyage concocté par Slowby. « C’était l’été passé. Nous faisions partie des testeurs. Slowby permet de se mettre en confiance et donne envie de se mettre au voyage lent. Pourquoi partir loin alors qu’à côté de chez nous, il y a des trucs dingues, du dépaysement et de l’aventure. En tant que maman, je trouve que c’est plus facile de partir à vélo qu’à la mer, il y a moins de tracas. »

« On fait partie du voyage »

Habitué à avaler les kilomètres (il va d’ailleurs relier Vienne à Istanbul, soit 2 500 km, cet été), Benoît Pitsaer a testé Slowby par curiosité. Ce Bruxellois a pris le train jusqu’à Liège-Guillemins d’où il est parti avec une amie liégeoise jusqu’à Hasselt. 65 bornes à parcourir mais que le duo a voulu faire sans se presser. « Avec Slowby, on fait partie du voyage. On s’est arrêté pour prendre des photos, on a mangé entre les pommiers en fleurs… Le premier jour, on s’est arrêté pour faire un parcours de sens à pied nu et le deuxième jour, on est passé par “fietsen door het water” là où la piste cyclable traverse l’eau. »

Benoît a particulièrement apprécié se laisser guider « il n’y a plus rien à faire, si ce n’est profiter. »

Et de glisser une anecdote révélatrice : « Dans notre formulaire d’inscription, on avait écrit en clin d’œil qu’on voulait boire un Orval. Manon nous a pris au mot et a trouvé un café à Tongres où nous avons pu en boire un au soleil. »

« L’expérience de se laisser surprendre »

Lene Vranken et son amie partent régulièrement en train et à vélo. « J’ai découvert Slowby via un article dans De Standaard », raconte cette Bruxelloise qui apprécie par ailleurs « Welcome to my garden ». C’est comme ça qu’elle a pensé à tester ce service lorsqu’une semaine à vélo en Moselle est tombée à l’eau. « On connaît assez bien la Flandre, on a demandé à Slowby de nous faire découvrir de nouveaux endroits en Belgique. »

Et voici le tandem traversant la Hesbaye en direction du Hainaut. Avec un coup de cœur pour Thuin.

Un conseil pour de futurs usagers ? « Donnez bien le nombre de kilomètres quotidien maximum que vous souhaitez parcourir, j’avais oublié… Et nous en avons eu 80 les premiers jours », rigole Lene. Une autre attention, pour les hôtes : « Pensez à prendre un petit cadeau. »

Dans le jardin de la famille Polomé

Monter sa tente dans le jardin d’inconnus, c’est aussi ça, Slowby. La mienne était dressée dans celui d’une famille qui va faire le tour du monde… à vélo.

Dans le jardin, les enfants courent d’un coin à l’autre. Laurent termine de se tondre les cheveux et la barbe tandis qu’Audrey dépose un verre d’eau glacée sur la table de jardin. Cette famille nombreuse est mon hôte d’un soir. Lorsque la plateforme “Welcome to my garden” a lancé un appel pour avoir des ambassadeurs, Audrey a cliqué, un peu par curiosité. C’est comme ça que ces Berloziens accueillent leur premier hôte de “Slowby”. Mais accueillir une tente dans leur jardin n’a rien de surprenant pour eux. Chaque vacance, depuis leur inscription à “Welcome to my garden”, des voyageurs profitent de leur accueil. Ils ont même accueilli une famille suisse partie faire un tour du monde.

Les déplacements à vélo et le logement sous tente, les Polomé connaissent bien. Après un tour du Limbourg puis un tour de Wallonie, cette famille nombreuse (4 enfants) s’apprête d’ailleurs à partir un an sur les routes. Un tour du monde qui les mènera jusqu’en Australie (pour les suivre, ils ont créé le compte instagram @lespoloavelo.

« Accueillir des gens dans notre jardin, c’est un donné pour un rendu. On vise le partage, il y a un esprit réseau », raconte Audrey.

Dans le jardin, le coin brasero de la famille est mis à disposition des voyageurs. Un endroit cosy avec vue sur le poulailler, la piscine et le coucher de soleil. Audrey et Laurent donnent des conseils et mettent aussi à disposition une carte de la région avec les magasins et les centres d’intérêt.

Audrey a même déjà été conduire les bagages d’une famille de randonneurs jusqu’à leur prochaine étape. Et toujours avec son grand sourire.