De Cockerill à New York:
"J'ai été chercher l'Amérique
et elle était à la maison"

The Undertaker, Hulk Hogan, Bobby "The Brain" Heenan... Salvatore Bellomo, Flémallois d'origine italienne, les a tous côtoyés durant des années. Et pour cause, lui aussi était catcheur aux Etats-Unis dans les années 80.

L'envie à la Foire de Liège

Une jolie petite maison dans une rue paisible de Flémalle. C'est là que Salvatore Bellomo (51 ans) a finalement déposé ses bagages après 30 années passées à parcourir le monde. Du Mexique aux îles du Pacifique en passant par la Corée du Sud et le Koweït, cet ancien catcheur professionnel en aura traversé des frontières pour gagner sa vie. Avec, dans le coeur, une place toute particulière pour les Etats-Unis, le pays qui lui aura tout donné.

"Je suis parti lutter 7 jours en Allemagne et je suis revenu 33 ans plus tard, après avoir combattu dans les plus grandes salles américaines." Confortablement assis sur sa chaise mais les pieds solidement ancrés dans le sol, Salvatore "The Wildman" Bellomo parle comme il lutte. Simplement. Efficacement. Sans trop de fioritures.

"J'ai commencé le catch au début des années 70, se souvient-il. C'est en voyant un combat à la Foire de Liège que je me suis pris de passion pour ce sport. A l'époque, je n'étais pas très bon à l'école mais physiquement, je ne me défendais pas trop mal. Et sur le ring, j'en voulais. Les promoteurs m'ont appellé une fois pour lutter à Liège. Puis à Londres et en Allemagne. Quand le moment est venu de faire des choix, j'ai lâché mon boulot à Cockerill et je me suis donné à fond pour vivre ma passion le plus longtemps possible. J'étais lancé."

Au MSG, comme Cassius Clay

Après 10 ans de catch au plus haut niveau, “Sal” s'est taillé une solide réputation dans le milieu. Son truc ? Jouer le méchant de service ! “Cela payait bien et j'avais toujours du boulot”, sourit-il. Pourtant, en 1982, sa carrière va prendre un tour inattendu.

“J'étais à Hawaï depuis quelque temps grâce au grand-père de Dwayne “The Rock” Johnson et je souhaitais me poser pour fonder une famille. Mais on m'a fait une proposition que je ne pouvais pas refuser : remplacer Bruno Sanmartino, un célèbre catcheur, pour jouer l'Italien de service dans un show au Madison Square Garden. Je ne pouvais pas laisser filer cette occasion.”

Près de 20 ans après avoir vu Cassius Clay s'y imposer à la télé, Salvatore Bellomo va réaliser le rêve d'une vie : fouler le ring de la plus mythique des salles new-yorkaises.

La suite est entrée dans l'histoire. Durant 15 ans, ce “petit” Belge, fils d'immigrés italiens, va intégrer la plus célèbre des fédérations de catch (WWE), parcourir les Etats-Unis et se produire à 26 reprises au sein du Madison Square Garden !

“Déménager en Belgique a sauvé notre couple !”

Des années 80 jusqu'au milieu des années 90, le Flémallois, adepte du “Pizza splash”, va vivre pleinement son rêve américain. De New York à la Californie en passant par la Pennsylvanie, il luttera dans presque tous les états du pays. Mieux, il y trouvera aussi l'amour.

“J'ai rencontré Sherry dans un hôtel, raconte-t-il avec émotion. J'y logeais entre deux représentations et elle était réceptionniste. Comme j'avais parfois du mal à me réveiller, je demandais qu'elle me passe un petit coup fil le matin. Et c'est comme ça que ça a commencé entre elle et moi.”

Ensemble depuis plus de 30 ans, les parents de Marco et Salvatore ont vécu aux Etats-Unis jusqu'au début des années 2000 avant de venir s'installer en Belgique. “Mon adaptation n'a pas été facile car ma famille me manquait. Mais j'ai vite compris que la vie était bien mieux ici qu'aux Etats-Unis”, résume Sherry.

“En arrivant ici, Sherry traînait de gros problèmes de cartilage aux pieds à cause de son boulot, se souvient Salvatore. Heureusement, en Belgique, elle a été soignée rapidement et à bon prix. Ce qui n'aurait pas été possible aux Etats-Unis. Sincèrement, je pense que ça a sauvé notre couple de déménager ici !”

“Sans boulot à plein temps,
tu n'as rien aux Etats-Unis”

De leur vie aux Etats-Unis, les Bellomo en gardent finalement un souvenir contrasté. Car, s'ils y préfèrent le rythme de vie, ils ont encore beaucoup de mal avec le système social qui y est en place.

“Les Américains sont très solidaires entre eux. Ils ont le coeur sur la main, surtout quand ils doivent faire face à de grosses épreuves. On connaît tous des gens qui se sont cotisés à un moment ou à un autre pour venir en aide à des gens malades par exemple. Mais la vie peut y être très cruelle aussi avec ceux qui n'ont pas les reins solides.”

Qu'il s'agisse d'un employé payé au rabais, d'une cancéreuse “virée” de son travail parce qu'elle était trop longtemps absente ou d'une veuve obligée de vendre sa maison car elle est incapable de payer ses taxes, les Bellomo ne manquent pas d'exemples. “C'est comme l'enseignement... Ici, on peut envoyer ses enfants à l'université pour quelques centaines d'euros seulement, mais là-bas, il faut payer près de 100.000 euros pour terminer ses études supérieures. Alors, qu'est-ce qui est mieux à votre avis ?”

Poser la question, c'est déjà y répondre pour les Bellomo.

Trump au Hall of Fame du catch

“Le problème des Etats-Unis, c'est que c'est un pays qui est fait pour les riches, estime le fondateur de la Fédération belge de catch. Si tu y as un problème, il vaut mieux avoir de l'argent. Sans quoi, tu n'es plus rien ! L'argent ouvre beaucoup de portes.” Et ce n'est pas Donald Trump qui dira le contraire...

De multimillionnaire à président de la plus grand puissance au monde, la réussite du candidat républicain fait sourire Salvatore Bellomo. “Et dire qu'il est au Hall of Fame de la WWE parce qu'il y a fait une apparition sur le ring... J'y ai plus ma place que lui. Mais bon, c'est comme ça. Disons qu'il avait déjà bien compris que le ring était une tribune pour lui. En fait, pour se faire élire, il n'a fait que profiter de sa franchise et de sa notoriété.”

“Au moins, Trump a compris ce que les Américains voulaient”

Mais contrairement à sa femme qui se montre très prudente à l'évocation de Donald Trump, “The Wildman” veut lui donner sa chance.

“Il est peut-être arrogant mais on ne peut pas lui retirer qu'il a le sens des affaires et qu'il a souvent le nez fin. L'idée des panneaux solaires pour former une frontière avec le Mexique ? L'idée nous paraît folle mais peut-être que c'est une bonne solution, qui sait ? Ce que je vois, c'est qu'il a compris ce qu'attendent les Américains et qu'il est très fort sur les thématiques qui les intéressent réellement comme l'emploi, la taxation et l'immigration. Déjà ça, ça mérite d'être noté. Après, on jugera plus tard.” De là à retourner vivre aux Etats-Unis, il y a un pas que Sherry et Salvatore ne franchissent pas.

“On est trop bien ici ! Les gens ne connaissent pas la chance qu'ils ont en Belgique !”

De Cockerill à New York:
"J'ai été chercher l'Amérique
et elle était à la maison"

The Undertaker, Hulk Hogan, Bobby "The Brain" Heenan... Salvatore Bellomo, Flémallois d'origine italienne, les a tous côtoyés durant des années. Et pour cause, lui aussi était catcheur aux Etats-Unis dans les années 80.

L'envie à la Foire de Liège

Une jolie petite maison dans une rue paisible de Flémalle. C'est là que Salvatore Bellomo (51 ans) a finalement déposé ses bagages après 30 années passées à parcourir le monde. Du Mexique aux îles du Pacifique en passant par la Corée du Sud et le Koweït, cet ancien catcheur professionnel en aura traversé des frontières pour gagner sa vie. Avec, dans le coeur, une place toute particulière pour les Etats-Unis, le pays qui lui aura tout donné.

"Je suis parti lutter 7 jours en Allemagne et je suis revenu 33 ans plus tard, après avoir combattu dans les plus grandes salles américaines." Confortablement assis sur sa chaise mais les pieds solidement ancrés dans le sol, Salvatore "The Wildman" Bellomo parle comme il lutte. Simplement. Efficacement. Sans trop de fioritures.

"J'ai commencé le catch au début des années 70, se souvient-il. C'est en voyant un combat à la Foire de Liège que je me suis pris de passion pour ce sport. A l'époque, je n'étais pas très bon à l'école mais physiquement, je ne me défendais pas trop mal. Et sur le ring, j'en voulais. Les promoteurs m'ont appellé une fois pour lutter à Liège. Puis à Londres et en Allemagne. Quand le moment est venu de faire des choix, j'ai lâché mon boulot à Cockerill et je me suis donné à fond pour vivre ma passion le plus longtemps possible. J'étais lancé."

Au MSG, comme Cassius Clay

Après 10 ans de catch au plus haut niveau, “Sal” s'est taillé une solide réputation dans le milieu. Son truc ? Jouer le méchant de service ! “Cela payait bien et j'avais toujours du boulot”, sourit-il. Pourtant, en 1982, sa carrière va prendre un tour inattendu.

“J'étais à Hawaï depuis quelque temps grâce au grand-père de Dwayne “The Rock” Johnson et je souhaitais me poser pour fonder une famille. Mais on m'a fait une proposition que je ne pouvais pas refuser : remplacer Bruno Sanmartino, un célèbre catcheur, pour jouer l'Italien de service dans un show au Madison Square Garden. Je ne pouvais pas laisser filer cette occasion.”

Près de 20 ans après avoir vu Cassius Clay s'y imposer à la télé, Salvatore Bellomo va réaliser le rêve d'une vie : fouler le ring de la plus mythique des salles new-yorkaises.

La suite est entrée dans l'histoire. Durant 15 ans, ce “petit” Belge, fils d'immigrés italiens, va intégrer la plus célèbre des fédérations de catch (WWE), parcourir les Etats-Unis et se produire à 26 reprises au sein du Madison Square Garden !

“Déménager en Belgique a sauvé notre couple !”

Des années 80 jusqu'au milieu des années 90, le Flémallois, adepte du “Pizza splash”, va vivre pleinement son rêve américain. De New York à la Californie en passant par la Pennsylvanie, il luttera dans presque tous les états du pays. Mieux, il y trouvera aussi l'amour.

“J'ai rencontré Sherry dans un hôtel, raconte-t-il avec émotion. J'y logeais entre deux représentations et elle était réceptionniste. Comme j'avais parfois du mal à me réveiller, je demandais qu'elle me passe un petit coup fil le matin. Et c'est comme ça que ça a commencé entre elle et moi.”

Ensemble depuis plus de 30 ans, les parents de Marco et Salvatore ont vécu aux Etats-Unis jusqu'au début des années 2000 avant de venir s'installer en Belgique. “Mon adaptation n'a pas été facile car ma famille me manquait. Mais j'ai vite compris que la vie était bien mieux ici qu'aux Etats-Unis”, résume Sherry.

“En arrivant ici, Sherry traînait de gros problèmes de cartilage aux pieds à cause de son boulot, se souvient Salvatore. Heureusement, en Belgique, elle a été soignée rapidement et à bon prix. Ce qui n'aurait pas été possible aux Etats-Unis. Sincèrement, je pense que ça a sauvé notre couple de déménager ici !”

“Sans boulot à plein temps,
tu n'as rien aux Etats-Unis”

De leur vie aux Etats-Unis, les Bellomo en gardent finalement un souvenir contrasté. Car, s'ils y préfèrent le rythme de vie, ils ont encore beaucoup de mal avec le système social qui y est en place.

“Les Américains sont très solidaires entre eux. Ils ont le coeur sur la main, surtout quand ils doivent faire face à de grosses épreuves. On connaît tous des gens qui se sont cotisés à un moment ou à un autre pour venir en aide à des gens malades par exemple. Mais la vie peut y être très cruelle aussi avec ceux qui n'ont pas les reins solides.”

Qu'il s'agisse d'un employé payé au rabais, d'une cancéreuse “virée” de son travail parce qu'elle était trop longtemps absente ou d'une veuve obligée de vendre sa maison car elle est incapable de payer ses taxes, les Bellomo ne manquent pas d'exemples. “C'est comme l'enseignement... Ici, on peut envoyer ses enfants à l'université pour quelques centaines d'euros seulement, mais là-bas, il faut payer près de 100.000 euros pour terminer ses études supérieures. Alors, qu'est-ce qui est mieux à votre avis ?”

Poser la question, c'est déjà y répondre pour les Bellomo.

Trump au Hall of Fame du catch

“Le problème des Etats-Unis, c'est que c'est un pays qui est fait pour les riches, estime le fondateur de la Fédération belge de catch. Si tu y as un problème, il vaut mieux avoir de l'argent. Sans quoi, tu n'es plus rien ! L'argent ouvre beaucoup de portes.” Et ce n'est pas Donald Trump qui dira le contraire...

De multimillionnaire à président de la plus grand puissance au monde, la réussite du candidat républicain fait sourire Salvatore Bellomo. “Et dire qu'il est au Hall of Fame de la WWE parce qu'il y a fait une apparition sur le ring... J'y ai plus ma place que lui. Mais bon, c'est comme ça. Disons qu'il avait déjà bien compris que le ring était une tribune pour lui. En fait, pour se faire élire, il n'a fait que profiter de sa franchise et de sa notoriété.”

“Au moins, Trump a compris ce que les Américains voulaient”

Mais contrairement à sa femme qui se montre très prudente à l'évocation de Donald Trump, “The Wildman” veut lui donner sa chance.

“Il est peut-être arrogant mais on ne peut pas lui retirer qu'il a le sens des affaires et qu'il a souvent le nez fin. L'idée des panneaux solaires pour former une frontière avec le Mexique ? L'idée nous paraît folle mais peut-être que c'est une bonne solution, qui sait ? Ce que je vois, c'est qu'il a compris ce qu'attendent les Américains et qu'il est très fort sur les thématiques qui les intéressent réellement comme l'emploi, la taxation et l'immigration. Déjà ça, ça mérite d'être noté. Après, on jugera plus tard.” De là à retourner vivre aux Etats-Unis, il y a un pas que Sherry et Salvatore ne franchissent pas.

“On est trop bien ici ! Les gens ne connaissent pas la chance qu'ils ont en Belgique !”


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Un webdocumentaire réalisé par

Journaliste : Alan Marchal

Photographes : Jacques Duchateau et Alan Marchal

Webmaster : Kevin Rolin

Infographiste : Geoffrey Guillaume

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A l'occasion de la Fête nationale américaine, L'Avenir est parti à la rencontre de ces Wallons qui se passionnent pour les Etats-Unis et leur culture. De la danse country au catch en passant par les "muscle cars", le pays de l'Oncle Sam fascine. Mais qu'est-ce qui pousse réellement ces Belges à s'émerveiller pour l'Amérique ? Et est-ce que l'arrivée au pouvoir de Donald Trump à modifier leur rapport à la culture U.S. ? Début de réponse en cinq portraits.

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